Christina Foerster (CEO Brussels Airlines) : “Non, c’est oui. Du moins au bout du compte”

Christina Foerster © DR

La semaine dernière, les pilotes de Brussels Airlines ont cessé le travail. La CEO allemande, Christina Foerster, s’est entretenue avec le piquet de grève, mais elle sait aussi imposer son point de vue.

Communicative et très ouverte, elle aime côtoyer les autres afin de connaître leurs préoccupations. “Christina Foerster a bien compris que Brussels Airlines vit une période très troublée. Je n’ai jamais vu chez les pilotes une telle volonté de faire grève”, estime un syndicaliste de la CSC. “Elle en tient compte. À l’issue des négociations, elle a affirmé très clairement : “I understand your message.”

Christina Foerster est à la tête de Brussels Airlines depuis le mois d’avril. L’Allemande a succédé au Belge Bernard Gustin qui a été poussé vers la sortie par la maison mère Lufthansa. Mais elle est présente à la B-House, le siège de la compagnie aérienne à Zaventem, depuis plus longtemps.

Elle est montée à bord en octobre 2016, forte d’une liste interminable de compétences : innovation, marketing, gestion des recettes, politique des prix, gestion de produits, vente et activité de fret. “Je suis très impliquée dans l’opérationnel. Cela me permet de voir directement les résultats concrets”, a-t-elle déclaré à l’automne 2016 au Trends néerlandophone.

Malgré son ouverture d’esprit et sa communication directe, Christina Foerster est décrite comme une dure à cuire, et une calculatrice froide et analytique. Une main de fer dans un gant de velours. L’une de ses expressions fétiches ? “Non, c’est oui. Du moins au bout du compte.”

Ce qu’elle a vu au sein de Brussels Airlines ne lui a pas plu. La compagnie aérienne réalise de faibles bénéfices au sein du groupe Lufthansa. Les vols déficitaires de Brussels Airlines en Europe sont une cause d’irritation pour Christina Foerster. La compagnie attire ainsi des Suédois vers l’Espagne via une escale à Zaventem à des tarifs particulièrement bas. Ce non-sens doit cesser, a-t-elle déclaré à sa première conférence de presse à la mi-avril, lors de laquelle elle s’est adressée aux médias avec une certaine appréhension.

“Dans le top 100 de Lufthansa, Christina Foerster figure certainement parmi les cinquante meilleurs”

Dans l’attente du plan

Des propos sans fard de ce type rendent les travailleurs nerveux. Le plan stratégique de Lufthansa pour sa filiale belge se fait attendre depuis plusieurs mois. D’abord promis pour mars, il l’est maintenant pour juin. “N’est-elle que la femme de paille de Lufthansa ?”, grommelle un syndicaliste. “Ou veut-elle réellement défendre et renforcer la position de Brussels Airlines ?”

Même Etienne Davignon, le coprésident toujours prudent du conseil d’administration, s’impatiente. “Fin juin, nous voulons voir un plan d’entreprise pour Brussels Airlines. Zaventem deviendra le centre de compétences pour les vols longs-courriers au sein d’Eurowings, la filiale low cost de Lufthansa. C’est donc à partir de Zaventem que la stratégie long-courrier sera déterminée. Du personnel de Brussels Airlines vole également sur de longues distances au départ d’autres aéroports.”

Cela suppose une part importante de planification de flotte. Christina Foerster a de l’expérience en la matière. Elle arrive chez Lufthansa en 2002. En 2011, elle endosse la responsabilité de la stratégie de flotte du groupe. Lufthansa avait alors fait l’acquisition de 160 avions neufs. C’est Christina Foerster qui a déterminé où les avions allaient être exploités et quelles destinations étaient censées engendrer le meilleur chiffre d’affaires.

“Je la trouve très compétente. Dans le top 100 de Lufthansa, Christina Foerster figure certainement parmi les cinquante meilleurs”, estime le comte Étienne Davignon. “Elle collabore merveilleusement bien avec les autres. Toujours disposée à écouter, elle connaît ses dossiers. Elle sait conserver son calme, même dans les réunions marathons avec les pilotes la semaine dernière.”

Des plages froides

Christina Foerster a beau être allemande, elle a surtout vécu à l’étranger. Elle passe une partie de sa jeunesse aux Caraïbes. “J’étais fascinée par le monde hôtelier sur l’île. Mon travail actuel m’y fait souvent penser. Pour nos hôtes qui souhaitent voyager, le service est essentiel. Les clients doivent pouvoir se déplacer en toute quiétude.”

Plus tard, elle obtient un diplôme en gestion hôtelière aux États-Unis et un MBA à la prestigieuse Wharton School. Jeune femme, elle vit également en Australie et en Thaïlande. “J’aime la chaleur”, a-t-elle affirmé lors de sa première conférence de presse. “Les plages belges sont trop froides pour moi.”

Elle recherche également la chaleur au sens propre auprès de ses collaborateurs. Elle n’a pas de bureau. Elle travaille au beau milieu du personnel, tantôt à la division marketing, tantôt au département commercial ou à la planification du réseau. Pour une CEO belge, c’est plutôt inhabituel. Sa manière à elle de rester au fait. Pour que ce non finisse par se transformer en un oui.

Traduction : virginie·dupont·sprl

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