Chaos Monkey, le témoignage à l’acide sur les côtés obscurs de Facebook

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Outre-Atlantique, Chaos Monkeys: Obscene Fortune and Random Failure in Silicon Valley, est le best-seller business du moment. Dans ce livre, un ancien cadre révèle les côtés obscurs du géant du Web, égratignant au passage tout le secteur de la tech aux USA.

Antonio García Martínez est diplômé de physique et a fait ses classes chez Goldman Sachs. En 2008, touché par la crise, il s’envole pour San Franciso où il travaille chez Facebook pendant deux ans en tant que product manager. Il y est responsable du ciblage des publicités avant d’être licencié. Il fait ensuite fortune en revendant en 2011 sa start-up de publicité numérique AdGrock à Twitter.

Dans son témoignage à l’acide Chaos Monkeys – titre référence à l’outil développé par Netflix pour tester les erreurs dans ses systèmes – il raconte, sans concessions et avec une rancoeur palpable, son expérience au sein du géant du web au moment où la société prépare son entrée en Bourse: mode de recrutement, de management, de négociation…

Et il ne mâche pas ses mots, il dit y avoir côtoyé de nombreux “sociopathes” : des gens au charme superficiel, qui aiment les conduites à risque et considèrent les autres “comme des objets”. Mais il ne s’en cache pas lui-même, il a le même profil que ses ex-collègues, qu’il qualifie d'”ennemis” en dédicace: narcissique, arrogant et revanchard.

L’auteur dévoile l’hypocrisie, l’égocentrisme, la cupidité et l’irresponsabilité des acteurs de la tech américaine. Milieu superficiel, bien que fantasmé par de nombreux geeks alors que les investigations sur ses travers sont en fait très rares. “Les gens ont trop à perdre. Ils auraient trop peur de rater la possibilité d’être le prochain employé numéro 70 dans le prochain Pinterest”, lâche-t-il.

Comme l’analyse Corine Lesnes, correspondante à San Francisco, pour l’ex-ingénieur, les “singes du chaos” sont ceux qui travaillent au nouvel avenir radieux numérique sans se soucier des conséquences pour ceux qui opèrent encore dans le monde ancien. L’auteur tente ainsi à démontrer que les génies de la techno n’ont définitivement pas vocation à inventer un monde meilleur.

“Si nous ne créons pas ce qui tue Facebook, quelqu’un le fera”

Tout au long de son livre-vérité, Antonio García Martínez balade le lecteur dans les antres de l’entreprise la plus connue de la Silicon Valley, de la salle de réunion, baptisée “Only good news” (“Que des bonnes nouvelles”) de la numéro 2, Sheryl Sandberg, en passant par l'”Aquarium”, le bureau aux grandes baies vitrées où Mark Zuckerberg, le “Grand Timonier”, “tient sa cour” en toute transparence.

Pour faire humer l’ambiance qui règne dans ses couloirs, il y dévoile aussi les slogans percutants placardés sur les murs parmi les portraits stylisés de “Zuck” : “Proceed and be bold”(“Avancez hardiment”) ou encore, le puissant “Carthago delenda est” (“Il faut détruire Carthage”) quand le rival direct, “Google-Carthage”, s’est mis en tête de lancer son propre réseau social Google+.

Et comme preuve de la forte paranoïa qui règne au sein du secteur, les nouveaux employés reçoivent tous un “Petit Livre rouge”, avec le mot d’ordre: “Si nous ne créons pas ce qui tue Facebook, quelqu’un le fera.” Tout est dit.

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