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Burn-out: donnons la priorité aux congés de longue durée !

La prévention ressemble à une hola dans un stade de football. Elle ne devient belle que si toutes les parties impliquées jouent le jeu. C’est aussi le cas en matière de congés de longue durée, il faut que les employeurs, les individus et les politiques se montrent ouverts à une approche nouvelle et différente de la prévention de la maladie et du burn-out.

Selon des chiffres publiés récemment par l’Inami, en dix ans, les congés de maladie de longue durée ont augmenté de 70%. Une enquête antérieure, menée par le Service public fédéral Emploi et par le service de prévention et de protection au travail (IDEWE), a permis de montrer qu’un quart des absences au travail sont dues à des problèmes de burn-out. En moyenne, 19.000 Belges actifs sont confrontés à un burn-out. La cause la plus souvent citée (30 % des cas) est l’équilibre entre vie professionnelle et vie familiale.

Ces chiffres provoquent de temps à autre une certaine inquiétude chez les responsables politiques mais, pour l’heure, sans dépasser le stade des initiatives précaires censées encourager le bien-être et la santé au travail. La Flandre a récemment lancé son plan d’action Sport op het Werk (Sport au travail, NDLR), ce qui est peut-être placer la barre haute, surtout pour les personnes qui n’ont pas l’habitude d’une pratique sportive. Des initiatives ont également été prises concernant l’interdiction des boissons rafraîchissantes. Et enfin, on a importé le programme One Mile A Day d’Écosse. Autant d’initiatives utiles, sans aucun doute, mais lancées hors de toute vision ou de cadre stratégique. Elles ne suffiront malheureusement pas à défaire le monstre de l’absentéisme ni la multiplication des burn-out.

Ce qu’il nous faudrait, c’est une ola mexicaine qui attire l’attention sur la prévention depuis les quatre coins de la Belgique. Et c’est précisément là que le bât blesse. Employeurs, individus, responsables politiques, tous doivent se lever pour une approche nouvelle, différente de celle à laquelle nous sommes habitués, et apporter leur contribution pour parvenir à une approche coordonnée. Et ce n’est pas encore le cas.

Productivité

Les entreprises peuvent lancer cette vague. Ne restez pas inactives, mettez en place vos programmes d’auto-prévention. Il existe aujourd’hui suffisamment de travaux de recherches qui démontrent que les organisations qui lancent des initiatives obtiennent des résultats concrets. Une enquête japonaise [1] a, par exemple, mis en évidence que les environnements de travail qui encouragent un style de vie actif parviennent à faire bouger leurs employés. Les initiatives de promotion de la santé ne sont pas seulement bénéfiques pour la santé des travailleurs, mais aussi pour leur productivité. Quand l’équilibre est bon, l’absentéisme diminue, les coûts liés à la maladie aussi et les relations avec et entre les travailleurs s’améliorent.

Ne le nions pas : pour une organisation, prévention rime avec avantages financiers.

Il ressort d’une enquête du consultant britannique Willis Towers Watson que les employeurs qui prévoient des programmes pour la santé de leurs travailleurs obtiennent 20 % de recettes en plus par travailleur, ils bénéficient d’une augmentation de leur valeur de marché de 16,1 % et profitent d’un surcroît de rendement de 57 %.

Je l’ai constaté moi-même dans les différentes organisations avec lesquelles nous avons collaboré : en moyenne, après seulement 13 semaines, les personnes participant à un programme WeightWatchers@work perdent 1,66 point sur l’indice de masse corporelle. Cette évolution se produit parce que les travailleurs apportent des petits changements positifs à leur quotidien en matière d’alimentation, de mouvement et de style de vie. Il ne faut pas forcément faire du sport à outrance, il suffit de prendre plus souvent l’escalier, de préférer le vélo à la voiture ou de profiter de la pause de midi pour marcher un peu.

Facilité d’accès

Qui doit faire vivre la ola ? C’est la tâche des travailleurs. L’enquête japonaise à laquelle je faisais référence insiste sur l’importance de la bonne attitude à adopter par l’individu. Autrement dit, le travailleur a lui aussi des clés en main. Il doit être disposé à changer certains aspects de sa vie. Aux travailleurs de prendre au rebond les initiatives de leur employeur et de donner à la ola l’énergie dont elle a besoin pour continuer sa course.

Et les autorités ? À elles de créer le contexte dans lequel la ola peut continuer à tourner, de veiller à ce que chacun comprenne parfaitement ce que l’on entend par “prévention”. Elles ne doivent pas non plus craindre de fonctionner avec des labels de qualité pour exiger le meilleur de tous les joueurs qui évoluent sur le terrain. Enfin, elles doivent faire en sorte que les initiatives soient facilement accessibles, pour que tout le monde se sente touché et participe, sans aucune hésitation.

La ola à la mexicaine ne s’obtient pas du jour au lendemain. En revanche, si tous les facteurs sont en place, il ne faut pas beaucoup de temps pour mettre en branle un puissant mouvement. Puisse chacun prendre ses responsabilités. Là réside l’unique moyen de faire reculer les chiffres douloureux sur les congés de longue durée et les burn-out et de s’engager pour une Belgique en bonne santé, active, où chacun se sent bien.

Olivier De Greve, CEO de Weight Watchers Benelux

[1] Kazuhiro Watanabe, MA, Yasumasa Otsuka, PhD, Akihito Shimazu, PhD, and Norito Kawakami, MD, (2016).

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