Brussels Airport : “Il faut arrêter la politique du flou artistique”

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L’économiste Geert Noels tire la sonnette d’alarme. Selon lui, l’aéroport de Bruxelles-National souffre de la concurrence grandissante des pays voisins et il est urgent de réagir. Sa solution : un rachat, même partiel, par la Flandre.

L’aéroport de Bruxelles-National a battu son record de fréquentation avec plus de 5 millions de passagers uniquement pour le premier trimestre de cette année et, pourtant, vous n’êtes guère optimiste pour son avenir…

Je suis de près le secteur aérien et mon souci principal, c’est que Brussels Airport est en train de perdre des parts de marché par rapport aux aéroports voisins. Certains d’entre eux, comme Schiphol aux Pays-Bas, développent même une stratégie active pour récupérer des clients belges. La compagnie KLM pratique, par exemple, des tarifs plus bas pour les Belges que pour les Néerlandais. Mon constat est donc le suivant : alors que des aéroports voisins comme Schiphol sont considérés comme des pôles de croissance, Zaventem est considéré comme un nid à problèmes, principalement à cause des nuisances sonores. Personne n’aime cet aéroport qui, je le rappelle, est détenu à 25 % par l’Etat belge et à 75 % par des fonds australien et canadien. Or, il faut un soutien politique pour les permis, les décisions, la promotion, etc. Ma solution, c’est que la Flandre rachète Brussels Airport, du moins en partie, pour soutenir ce projet et pour permettre à Zaventem de rester dans le top européen. Autrement, c’est comme pour la Champions League : quand vous la quittez, c’est difficile d’y revenir…

Brussels Airport :
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Est-ce financièrement possible pour la Flandre ? Quelle est aujourd’hui la valeur de l’aéroport de Bruxelles-National ?

D’après son rapport annuel, Brussels Airport dégage un Ebita de près de 300 millions d’euros. Si on applique le ratio classique, on peut dire que sa valeur est de maximum 3 milliards. Mais selon moi, cette valeur est en baisse à cause des aéroports voisins précisément. Si on développe une réglementation plus restrictive autour de Zaventem, cette valeur va continuer à baisser. Certaines rumeurs laissent entendre que les actionnaires étrangers prépareraient leur sortie. C’est peut-être le moment de trouver un deal. Il y a plusieurs scénarios envisageables : certains fonds de pension, des banques, etc. La Flandre peut jouer un nouveau rôle.

Mais ne va-t-on pas accélérer un peu plus l’éclatement de la Belgique fédérale avec au sud l’aéroport de Charleroi et Zaventem au nord, qui risqueraient de se faire davantage concurrence ?

En Suisse, les aéroports de Genève et Zurich sont en concurrence et cela fonctionne très bien. La concurrence ouverte peut aussi être stimulante. Le coeur du débat est là : il faut arrêter la politique du flou artistique concernant les aéroports en Belgique. Il faut prendre des décisions, définir un cadre, fixer des objectifs. Aujourd’hui, nous sommes perdants et les gagnants sont les aéroports voisins qui continuent à prendre des parts de marché. Si le fédéral ne veut pas s’investir davantage dans le dossier, la Flandre a alors un rôle à jouer. Non seulement pour l’avenir de Brussels Airport, mais aussi pour garantir l’emploi.

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