Brussels Airlines sera une filiale de Lufthansa à 100% dès 2017

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C’est fait: la Lufthansa a formellement pris la décision d’exercer son option d’achat sur la totalité de Brussels Airlines. L’opération sera réalisée début 2017. Elle passe outre l’opposition d’une série d’actionnaires belges déçus du prix d’achat très réduit. Une négociation sera toutefois menée d’ici la fin de l’année sur le prix. Brussels Airlines gardera son nom, mais quel avenir attend la compagnie belge ?

La Lufthansa a finalement décidé de compléter l’opération d’acquisition entamée en 2009, lorsqu’elle avait pris 45% de SN Airholding, maison-mère de Brussels Airlines. Son conseil de surveillance a approuvé l’exercice de l’option d’achat sur le solde des parts, 55%: Brussels Airlines va devenir une filiale. Cette annonce est le prélude d’une période de sensibles turbulences.

1. A quel prix la Lufthansa va-t-elle racheter les 55% restants ? Plusieurs actionnaires belges estiment le prix d’achat trop bas. Il s’élève à 2,5 millions d’euros, en tenant compte d’un prêt consenti par le groupe allemand (45 millions). Selon notre confrère Le Soir, une lettre a été envoyée par treize “petits” actionnaires, dont Engie, Rossel, Belfius ou BNP Paribas Fortis, pour contester le calcul du montant et demander des assurances sur l’ancrage belge de la compagnie. Le conseil de surveillance du groupe allemand a approuvé l’exercice de l’option tout en prévoyant une négociation avec les actionnaires récalcitrants. Il souhaite éviter des recours en justice. Outre Lufthansa, Brussels Airlines compte des dizaines d’actionnaires qui ont accepté en 2009 de vendre leurs titres dans le cadre d’une option d’achat détenue par Lufthansa.

2. Que deviendra Brussels Airlines ? C’est la question la plus importante, sans doute, et où les réponses sont encore très vagues. Le groupe allemand a naguère racheté Swiss et Austrian, en conservant l’identité des compagnies suisse et autrichienne. Pour Brussels Airlines elle souhaite la rapprocher de son pôle low cost en formation, Eurowings. Elle serait aussi en négociation pour reprendre tout ou une partie d’Air Berlin, la compagnie allemande low cost, qui connaît des difficultés. Avec l’idée de créer le plus vite possible une alternative aux compagnies low cost Ryanair ou easyJet, avec des bases multiples en Europe, dont une à Bruxelles. Un communiqué de Brussels Airlines indique que la marque ne changera pas et que des négociations sur l’intégration se tiendront en octobre. Il précise qu’un centre de décision sera maintenu en Belgique.

Peu d’alternatives

La marge de manoeuvre de Brussels Airlines est toutefois assez faible. La compagnie a connu des années de pertes depuis 2008 et n’est revenue aux bénéfices qu’en 2015 (34,7 millions d’euros en consolidé). Les fonds propres consolidés sont encore légèrement négatifs (-15 millions d’euros) car aucun actionnaire n’a renfloué le capital malgré les pertes cumulées. Le CEO Bernard Gustin est parvenu à revenir à la rentabilité grâce à un programme de productivité et de croissance, malgré l’arrivée de Ryanair à Zaventem en 2014. Cette expérience est intéressante pour Lufthansa, qui ne subit pas encore une aussi grande pression de Ryanair en Allemagne. La part de marché de la compagnie irlandaise est de 28% en Belgique, et de seulement 6% en Allemagne (déclarations de Ryanair). Les attentats de mars ont toutefois affaibli la position de Brussels Airlines et freiné l’amélioration de sa position financière.

“Une tragédie”, selon Michael O’Leary

De passage à Bruxelles, Michael O’Leary, CEO de Ryanair, a estimé que le rachat de Brussels Airlines était une bonne chose pour sa compagnie, mais dans son lyrisme coutumier, une “tragédie” pour la compagnie belge, “qui va y perdre son identité”. “Ce n’est pas bon pour Brussels Airlines, car elle sera intégrée dans Eurowings ou un truc du genre”, a-t-il expliqué. “Le développement de Zaventem ne sera pas à l’ordre du jour, car ce sera aux dépens de Francfort (un hub de Lufthansa NDLR). Ce sera une bonne opportunité pour nous.”

Brussels Airlines a été créée en 2002 après la faillite de la Sabena. Étienne Davignon, qui est encore son président, et Maurice Lippens avaient réuni des dizaines d’actionnaires pour refonder une compagnie belge, appelée d’abord SN Brussels Airlines. En 2008, un accord a été signé avec Lufthansa en vue d’une absorption complète par étapes, qui a pris plus de temps que prévu.

En 2015, la compagnie a transporté 7 millions de passagers, réalisé un chiffre d’affaires de 1,27 milliard d’euros, occupait 3.369 personnes et volait avec 47 avions.

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