Brique, tennis… Comment Laurent Minguet (EVS) diversifie ses investissements

Laurent MinguetSi les jeunes ménages peuvent compter sur les bonnes idées de l'entrepreneur liégeois pour devenir propriétaires d'une maison à moindre frais, certains peuvent compter sur son aide pour bâtir une carrière de sportif professionnel. © BELGAIMAGE

A côté de ses multiples initiatives dans les énergies renouvelables, le créateur d’EVS, et ancien Manager de l’Année, s’est également reconverti dans la construction de logements écologiques et soutient financièrement deux jeunes joueurs de tennis belges.

On le sait, depuis plusieurs années déjà, Laurent Minguet s’intéresse de près à tout ce qui touche au développement durable. Figure emblématique de l’entreprise audiovisuelle EVS qu’il a quittée en 2010, l’entrepreneur liégeois est à travers sa société Invest Minguet Gestion (IMG) principalement actif dans le secteur des énergies renouvelables. L’homme d’affaires a notamment bâti un éco-hôtel au Sénégal et il s’est lancé dans la construction de dirigeables-drones, transporteurs de fret gonflés à l’hydrogène, sous le nom Flywin. Séduit par l'” électro-mobilité “, Laurent Minguet a également racheté voici deux ans la société Green Propulsion spécialisée dans le développement de moteurs hybrides. Une société avec laquelle il rêve d’ailleurs de relancer Imperia, célèbre marque automobile fondée à Liège en 1904, laquelle avait disparu en 1958 avant de renaître 50 ans plus tard avec un projet de roadster à moteur hybride, mais qui n’a finalement construit que deux prototypes. Enfin, le créateur d’EVS et ancien manager de l’Année de Trends-Tendances soutient divers projets de construction ou de service de voitures électriques en Belgique, comme par exemple Tesla Experience.

Promoteur immobilier

Ce qu’on sait moins par contre, c’est que, depuis qu’il a quitté EVS pour investir dans ces divers projets ” verts “, Laurent Minguet s’est également reconverti dans l’immobilier. Plus précisément, dans la construction de logements basse énergie en province de Liège. Et cela, d’abord au travers d’Horizon et maintenant via une autre de ses sociétés, Mimob. Employant une dizaine de personnes (dont quatre architectes), cette dernière représente aujourd’hui pour Laurent Minguet une activité à laquelle il consacre une bonne partie de son temps, environ 20 %, ” soit autant que pour les énergies renouvelables “, dit-il. ” Il ne s’agit pas d’une participation où j’attends le résultat de fin d’année mais où je suis dans l’opérationnel “, nous confie l’homme d’affaires.

Avec Mimob, l’objectif de Laurent Minguet consiste à proposer une formule de logements bon marché. ” Bien souvent, les jeunes n’ont pas d’argent pour acheter une maison et sont obligés de louer durant plusieurs années, explique le serial entrepreneur. Raison pour laquelle j’ai imaginé une formule d’acquisition foncière différée permettant à un acheteur qui ne dispose pas de suffisamment de fonds propres de malgré tout pouvoir acheter sa propre habitation. ”

Maisons Mimob dans le quartier de la Chartreuse à LiègeL'objectif de Laurent Minguet consiste ici à proposer une formule de logements bon marché.
Maisons Mimob dans le quartier de la Chartreuse à LiègeL’objectif de Laurent Minguet consiste ici à proposer une formule de logements bon marché.© PG

Acquisition foncière différée

Le système imaginé par Laurent Minguet est le suivant : vendre des maisons ” clé sur porte ” tout en restant propriétaire du terrain, qui est donné en location à l’acheteur via un bail emphytéotique à un taux de 0,3 % par mois. Particularité supplémentaire : le contrat de bail entre Mimob et l’acheteur prévoit une option d’achat du terrain à tout moment, à la valeur indexée et sans indemnité. ” Il peut le faire en cas d’héritage, de gain au Lotto ou, plus généralement, après quelques années de remboursement à la banque car celle-ci aura été suffisamment remboursée en capital et acceptera un refinancement pour l’acquisition du terrain, imagine Laurent Minguet. Et dans le cas malheureux où l’acheteur ne rembourse pas la banque, c’est Mimob qui rembourse et redevient pleinement propriétaire du bien, lequel est ensuite remis sur le marché. Avec comme différence que l’acheteur n’aura pas perdu grand-chose par rapport à une location puisqu’il n’aura pas dû amener une mise de départ, laquelle s’élève souvent à plusieurs dizaines de milliers d’euros “, ajoute-t-il.

Avec Mimob, un acheteur qui ne dispose pas de suffisamment de fonds propres peut malgré tout acheter sa maison.

Bref, Mimob construit des maisons sur fonds propres avant de les vendre tout en restant propriétaire du sol. Objectif ? Diminuer les frais d’acquisition et présenter un meilleur dossier à la banque. Donc décrocher un taux d’intérêt intéressant et pouvoir ainsi acheter une maison sans mise de départ. Cela aussi grâce au fait que Mimob, qui se porte garante de l’emprunt, est plus crédible que la plupart des candidats acquéreurs.

Une maison pour 750 euros par mois

Pour rendre la formule plus accessible encore, Mimob travaille avec des prêts hypothécaires dont la durée de remboursement s’étale sur 25 ans, histoire de diminuer le montant de la mensualité. A cet effet, elle a conclu un partenariat avec l’agence Carlisi (Axa), à Liège.

Par ailleurs, toujours pour minimiser le prix d’acquisition, ” Mimob construit de petites maisons fonctionnelles sur de petits terrains “, ajoute Laurent Minguet. Espaces communs, citernes d’eau de pluie, etc. Le coût de la construction est également réduit en utilisant des techniques comme la structure en ossature bois ou une structure acier via le recyclage de containers enrobés ensuite de crépi . Qui dit habitat réduit dit aussi des frais de chauffage moins élevés. D’autant que, l’écologie étant la passion de l’entrepreneur, il s’agit d’une chaudière à pellets, à la fois écologique… et économique. ” D’autres techniques sont également utilisées, comme le micro réseau de chaleur où quelques maisons de la promotion partagent une chaufferie commune gérée automatiquement “, ajoute Laurent Minguet.

Résultat des courses : une des offres les plus intéressantes du moment est une maison structure acier située dans le quartier calme de La Chartreuse à Liège et composée de deux chambres (avec dressing), d’une cuisine équipée et d’un petit jardin (de 139 m2) qu’il est possible d’acquérir à partir de 900 euros par mois : 750 euros de remboursement à la banque et 150 euros de loyer pour le terrain. Et si vous pouvez apporter 50.000 euros de fonds propres, le coût total retombe à 750 euros par mois (pendant 25 ans). Avec bien sûr une option d’achat sur le terrain.

Julien Cagnina. Le jeune joueur a bénéficié de la formule imaginée par le
Julien Cagnina. Le jeune joueur a bénéficié de la formule imaginée par le “sport angel” Laurent Minguet.© BELGAIMAGE

“Sport angel”

Si les jeunes ménages peuvent compter sur les bonnes idées de l’entrepreneur liégeois pour devenir propriétaires d’une maison à moindre frais, certains peuvent compter sur son aide pour bâtir une carrière de sportif professionnel. En effet, Laurent Minguet soutient financièrement Ysaline Bonaventure et Julien Cagnina, deux joueurs de tennis professionnels. Deux noms qui ne vous disent sans doute pas grand-chose. Et pour cause : Ysaline Bonaventure et Julien Cagnina ne sont pas des stars de la raquette comme Justine Henin ou David Goffin. Du moins pas encore. Ils appartiennent (toujours) à la catégorie de ce que l’on appelle les anonymes du circuit, évoluant entre la 100e et 500e place mondiale dans des compétitions de seconde zone nettement moins bien dotées en prize money que les grands tournois. Or, ” voyager aux quatre coins du monde pour participer aux tournois coûte cher, explique Laurent Minguet. Le coût annuel de ces déplacements – avion, taxi, hôtel – peut facilement atteindre 60.000 euros par an. A cela, il faut encore ajouter les entraînements, l’encadrement médical, etc. Bref, à ce niveau-là, les gains annuels ne sont pas suffisants couvrir les dépenses et la famille n’a pas souvent les moyens d’assurer de tels frais. ” Quant au sponsoring, ce n’est pas une solution adaptée. ” Cela n’a aucun intérêt, poursuit Laurent Minguet. Un joueur qui n’est pas dans le top 100 ne passe pas à la télé. Il n’y a aucune visibilité pour le sponsor. ”

Ysaline Bonaventure. La jeune joueuse a bénéficié de la formule imaginée par le
Ysaline Bonaventure. La jeune joueuse a bénéficié de la formule imaginée par le ” sport angel ” Laurent Minguet.© BELGAIMAGE

Tenniswoman en société

Ici aussi, Laurent Minguet a imaginé une formule originale permettant de nouer les deux bouts : troquer le statut d’indépendant en personne physique pour passer en société (en l’occurrence en créant deux SPRL : Bonysa et Julien Tennis). Avantage pour le joueur qui passe ainsi par une structure sociétaire ? ” On peut lui accorder une ligne de crédit, dans le cas d’Ysaline Bonaventure de 150.000 euros, qui permet de faire face aux dépenses pendant quatre ou cinq ans, explique-t-il. Cela permet à la joueuse, ou au joueur, de se concentrer sur son sport, sans devoir courir après les subsides et les sponsors. Mais aussi de ne pas trop se tracasser en cas de contre-performance ou en cas de blessure qui empêche de jouer pendant plusieurs mois. Etre employé de la société présente également l’avantage pour le joueur de bénéficier d’une couverture sociale (outre un salaire fixe payé par la société, Ndlr). ” Et si tout se passe bien, c’est-à-dire si le joueur ou la joueuse évolue bien et intègre le top 100, ” ses gains augmentent alors plus vite que ses dépenses, ce qui permet de rembourser progressivement le crédit “, complète Laurent Minguet qui précise qu’en cas d’abandon de carrière, la société est alors liquidée, le crédit devenant déductible pour le sport angel.

Bref, Ysaline Bonaventure et Julien Cagnina remporteront-il un jour Roland Garros ? Après deux ans de galère, Julien Cagnina, qui s’entraîne désormais en Provence où il bénéficie en plus d’un logement de Mimob, fait désormais partie du top 250 et a pu savourer dernièrement sa première sélection en Coupe Davis lors du match de la Belgique contre la Hongrie. Quant à Ysaline Bonaventure, après quelques pépins de santé, elle a atteint la semaine dernière les quarts de finale du tournoi WTA de Budapest (doté de 250.000 dollars), gagnant 21 places au classement mondial pour désormais figurer au 133e rang. Comme quoi sport, écologie et business peuvent faire bon ménage.

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