Bientôt la fin pour l’A380?

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Airbus a pour la première fois évoqué lundi un possible arrêt de l’A380, son programme emblématique boudé par les clients depuis deux ans et suspendu aux commandes de son principal donneur d’ordres Emirates ou à l’ouverture de nouveaux marchés.

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“Très honnêtement, si nous n’arrivons pas à un accord avec Emirates, il n’y aura pas d’autre choix que d’arrêter le programme”, a répondu John Leahy, le directeur commercial du groupe, interrogé sur l’avenir du gros porteur, au cours de la présentation du bilan commercial 2017 du groupe.

Le géant des airs, qui est le plus gros avion commercial au monde avec une capacité maximum de 853 sièges, a fêté en 2017 les 10 ans de son premier vol commercial mais il peine aujourd’hui à trouver de nouveaux clients.

En attendant que le marché des super gros-porteurs redémarre, l’avionneur a engagé une course contre la montre pour maintenir le programme en vie en réduisant sa cadence de production depuis 2016.

En novembre, le constructeur espérait engranger une commande d’Emirates lors du salon aéronautique de Dubaï. Mais la compagnie, qui a pris livraison en 2017 de son 100e A380, a finalement annoncé une commande pour 40 Boeing 787-10.

Une déconvenue qui a douché les espoirs de l’avionneur.

“Nous sommes toujours en discussion avec Emirates mais honnêtement ils sont probablement les seuls à être en mesure pour le moment sur le marché de prendre un minimum de six (avions) par an sur une période huit à dix ans”, a-t-il ajouté, se disant toutefois “confiant” dans le fait qu’un accord puisse être trouvé sur une commande par la compagnie du Golfe.

Le numéro 2 du groupe Fabrice Brégier s’est voulu plus optimiste en privilégiant -en attendant de passer le creux de la vague- un ralentissement de la cadence de production avec un exemplaire par mois en 2018, contre 27 produits pour l’année 2015, et en confirmant que le constructeur pouvait abaisser sa production “jusqu’à 6 avions par an”.

“S’il n’y a pas de commandes, à un moment donné, on ne produira plus les avions”, a expliqué M. Brégier à l’AFP.

Maintenir le programme en vie

“Le fait qu’on soit capables de réduire le niveau de production à 8 par an puis 6 par an est positif, c’est-à-dire qu’on a besoin de moins de commandes pour maintenir en vie ce superbe programme, ce superbe avion, qui est quand même plébiscité par l’ensemble des passagers”, a-t-il ajouté.

Ce ralentissement de la cadence devrait permettre de “développer des partenariats, par exemple avec la Chine, et de répondre aux besoins du marché lorsque le marché sera beaucoup plus dynamique sur ce segment”, selon lui.

La Chine devrait détrôner les Etats-Unis en 2022 comme le plus grand marché mondial du transport aérien, selon l’Association internationale des transporteurs aériens.

Elle est considérée comme un marché clé par Airbus qui voit dans cet immense pays une cible de choix pour l’A380, adapté aux marchés de masse et aux aéroports congestionnés. Pour l’heure, seuls cinq appareils ont intégré les flottes chinoises.

Au total, le programme A380, entré en service en 2007, a coûté entre 18 et 20 milliards d’euros.

A fin décembre, Airbus avait enregistré 317 commandes nettes de 18 clients pour son super jumbo et 222 avaient été livrés.

Pour sortir l’avion de l’ornière, le constructeur avait annoncé en juin, au salon de l’aéronautique du Bourget, un A380 amélioré, “l’A380 Plus” pour optimiser sa rentabilité. Sans succès.

La dernière commande remonte à janvier 2016: trois exemplaires pour la compagnie japonaise ANA, après près de trois ans de creux ayant suivi une méga commande d’Emirates en 2013 pour 50 avions.

La rentabilité de l’A380, qui atteint 437 millions de dollars au prix catalogue, est un de ses talons d’Achille, l’avion devant voler à pleine capacité pour permettre aux compagnies de gagner de l’argent.

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