Belgocontrol: une bénéfice “virtuel” de 15 millions d’euros

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L’entreprise publique autonome Belgocontrol, qui assure le contrôle aérien, affiche une perte de 13 millions d’euros en 2012. Mais estime subir une charge injustifiée de 28 millions d’euros, principalement sous la forme de prestations gratuites pour les aéroports régionaux. Le cabinet de Melchior Wathelet estime qu’il incombera au futur management de l’entreprise de régler le problème.

Belgocontrol serait-il le parent pauvre du transport aérien en Belgique ? L’entreprise publique vient d’annoncer ses résultats financiers pour 2012. Elle affiche un chiffre d’affaires de 193,12 millions d’euros, en hausse de presque 3%. Mais continue à creuser les pertes, avec 13,057 millions d’euros de pertes, en retrait par rapport à celle de l’an dernier (15,3 millions). Des pertes dues aux aéroports régionaux Cette perte paraît singulière : Belgocontrol est un monopole qui bénéficie d’une manne automatique, le flux des avions qui survolent le pays, dont les recettes de contrôle “en route” représentent environ 80% du chiffre d’affaires. L’entreprise estime subir les effets de prestations gratuites ou de tarifs bloqués imposés par les pouvoirs publics. Au total, ce manque à gagner s’élève à 28,3 millions d’euros.

La principale source de perte touche aux aéroports régionaux. Belgocontrol doit fournir gratuitement le personnel et le matériel qui était mis en place à la création de l’entreprise publique en 1989, ce qui représente une charge de 17,4 millions d’euros (1). Les charges facturées aux compagnies desservant Bruxelles avait été gelées vers 2000, lorsque la Sabena menaçait de tomber en faillite.

Belgocontrole estime qu’il n’a pas pu récupérer ses coûts dans les tarifs, ce qui représenterait un manque à gagner de 7,8 millions d’euros. S’ajoute en sus des avions qui sont exemptés de paiement (avions de l’Etat, vols militaires, humanitaires), soit 3,1 millions d’euros non perçus. Si l’on enlève toutes ces prestations non facturées, Belgocontrol dégagerait un bénéfice “virtuel” de 15 millions d’euros (13 millions d’euros de pertes comptables plus le manque à gagner de 28,3 millions d’euros).

“Nous ne demandons pas des subsides, mais la possibilité de facturer nos services” Jusqu’en 2009, Belgocontrol pouvait absorber cette charge en l’imputant aux frais des vols en route, mais les compagnies aériennes survolant la Belgique ont demandé que cette subvention croisée soit stoppée. La Commission européenne leur a donné raison. Elle est de plus en plus attentive à ce qu’un monopole, comme celui du contrôle aérien, tarifie un “juste prix”, basé sur le coût effectif des prestations.

Belgocontrol ne peut modifier les tarifs comptés aux compagnies desservant Zaventem, cela relève du gouvernement. Quant aux prestations au bénéfice des aéroports régionaux, elles sont réglées par un accord de coopération entre le gouvernement et les régions. “Nous ne pouvons pas le modifier, c’est une question qui relève des pouvoirs publics” commente Jean-Claude Tintin, administrateur délégué de Belgocontrol. “Nous ne demandons pas des subsides, mais la possibilité de facturer nos services” ajoute Charles-Louis d’Arenberg, président du conseil d’administration de Belgocontrol. Tous deux ont envoyé des courriers à leur ministre de tutelle, Melchior Wathelet, pour demander une solution.

Un dossier qui concernera un nouveau management Le ministre Melchior Wathelet a répondu, voici une semaine, à travers une interview à Bel RTL, que les aéroports devaient payer plus. Son cabinet précise que le dossier relèvera du nouveau management de Belgocontrol. La direction de Belgocontrol fait partie de l’ensemble des postes que le gouvernement doit pourvoir dans les semaines à venir, avec ceux du groupe SNCB. “Il appartiendra au nouveau management de négocier avec les aéroports régionaux et Zaventem” indique Isabelle Casteleyn, porte-parole de Melchior Wathelet. Ce nouveau management, qui sera soit de nouvelles personnes, soit l’attribution d’un nouveau mandat au management actuel, sera aussi chargé d’examiner le fonctionnement de Belgocontrol. La faillite est impossible, mais…

Pour les dirigeants de Belgocontrol, il ne faut plus attendre trop longtemps. Les pertes cumulées ont mangé les réserves inscrites au bilan (55 millions d’euros), et vont toucher le capital (145 millions d’euros). “Début 2014, nous n’aurons plus d’argent dans les caisses” prévient Jean-Claude Tintin. La faillite est toutefois impossible, “puisqu’il s’agit d’une entreprise qui fournit un service public” continue-t-il.

Robert van Apeldoorn

(1) Belgocontrol dépêche du personnel, entretient et renouvelle le matériel présent en 1989 dans les aéroports régionaux (Anvers, Ostende, Charleroi, Liège essentiellement). Les prestations et le matériel supplémentaires imposés par l’accroissement du trafic à Charleroi et à Liège sont, eux, payés par les Régions.

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