Belgacom : des cadres mieux payés que leur patron ?

© Image Globe/Dirk Waem

La réforme de Paul Magnette s’attaque au salaire des CEO, des membres du comité de direction et du conseil d’administration des entreprises publiques. En revanche, motus sur le salaire des hauts cadres, parfois grassement payés. Un dossier explosif en perspective.

Lisez aussi le dossier de couverture consacré au salaire (indécent ?) des grands patrons, dans le magazine Trends-Tendances daté du 24 mai 2012.

Les patrons des entreprises publiques devront bientôt faire ceinture. Si la réforme déposée au kern ce matin par le ministre Magnette est adoptée, leur salaire de base passera à 200.000 euros brut. La partie variable et les avantages divers pourront le porter à maximum 290.000 euros brut, sur base annuelle.

Une fameuse rétrogradation pour le patron de Belgacom, par exemple, qui a touché en 2011 la bagatelle de 2.244.080 euros brut. Ceci dit, la réforme ne s’appliquera qu’au prochain patron de Belgacom. Didier Bellens peut donc dormir sur ses deux oreilles jusqu’à la fin de son mandat en 2015.

Les futurs membres du comité de direction des entreprises publiques seront eux aussi mis à la diète : ils se verront appliquer le même barème. Pour reprendre l’exemple de Belgacom, les membres du comité de direction se sont partagés 6.122.795 euros en 2011. Soit en moyenne près de 875.000 euros par personne.

Les membres du conseil d’administration sont également visés. Le projet de Paul Magnette prévoit de demander au comité de rémunération de faire des propositions à l’assemblée générale en vue de réduire le salaire des administrateurs.

Entreprises publiques : 200.000 euros brut pour certains hauts cadres

Le projet déposé sur la table du kern est, en revanche, totalement muet au sujet des autres fonctions dirigeantes existant dans les entreprises publiques. Que ce soit du côté de Bpost ou de Belgacom, de nombreux profils ont été recrutés dans le privé. Et l’on n’attire pas ce genre de profil avec des cacahuètes.

Belgacom compte une bonne centaine de “TGR”, vice-présidents ne faisant pas partie du comité de direction, directeurs et “sous-directeurs”, qui bénéficient de salaires relativement élevés. D’après nos informations, ces salaires tournent en moyenne autour de 200.000 euros brut. “Certains TGR touchent un salaire de base supérieur à 200.000 euros brut”, confirme Michel Coucke, fondateur et partner chez Lancor, société de chasseurs de têtes spécialisée dans les secteurs télécoms, IT et média.

Ces TGR bénéficieraient donc en moyenne d’un salaire de base équivalent au maximum autorisé par la réforme de Paul Magnette en faveur de leurs supérieurs, le CEO et les membres du comité de direction. La pilule aura du mal à passer chez les dirigeants qui verront leurs subordonnés gagner la même chose voire plus qu’eux… D’autant que, juste en-dessous des TGR, d’autres fonctions intermédiaires sont elles aussi bien rémunérées. “Chez Belgacom, les cadres intermédiaires, les M1 et V1, touchent en moyenne 130.000 euros brut, hors avantages et bonus, qui peuvent aller jusqu’à 27 % du salaire”, indique Luc Gouppy, permanent CSC chez Belgacom.

Du côté du cabinet du ministre Paul Magnette, on confesse ne pas avoir pris de disposition particulière quant aux salaires des hauts cadres dans les entreprises publiques. “De facto, si les rémunérations de l’administrateur délégué, des membres du comité de direction et des administrateurs diminuent, les salaires des hauts cadres au sein des entreprises publiques devraient aussi diminuer, avance la porte-parole du ministre. C’est dans la logique des choses.”

Vraiment ? On souhaite bonne chance au DRH de Belgacom et des autres entreprises publiques.

Gilles Quoistiaux

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