“Bekaert ne paie pas un euro d’impôt !”

© Image Globe/David Stockman

La décision de Bekaert de supprimer 600 emplois continue de faire des remous. Il faut dire que le géant de l’industrie avait signé une déclaration écrite pour le maintien du personnel voici moins d’un an… et n’aurait pas payé le moindre impôt durant au moins cinq ans. Explications.

Dans les implantations belges de Bekaert, 600 emplois passent à la trappe, dont 380 dans le département “fil à scier” à Aalter. “Pourtant, en mars 2011, la direction avait garanti la sécurité d’emploi jusqu’au 30 juin 2014, dans une CCT avec le personnel”, rappelle le PTB sur son site Internet.

En mai dernier, Bert De Graeve, CEO de Bekaert, n’excluait d’ailleurs pas que le spécialiste des produits tréfilés puisse quitter un jour la Belgique, laissait-il entendre dans une interview accordée à nos confrères néerlandophones de Knack.

Si les usines d’Aalter et Zwevegem “devaient ne plus être viables, la question se poserait de savoir si nous devons encore faire de la recherche et développement en Belgique, précisait-il alors. Et si nous ne pouvons plus faire de recherche ici, par exemple en raison d’un manque de bons ingénieurs, ces deux usines seraient en danger. Notre siège principal est à Courtrai mais, au fond, on peut rapidement déménager vers Genève, Shanghai ou New York.” Il n’excluait pas que le groupe puisse un jour quitter totalement notre pays…

Tollé immédiat des syndicats, et réunion de ceux-ci avec le patron de Bekaert. Un entretien qui aboutit à une déclaration écrite pour le maintien du personnel, concluait John Debrouwere, secrétaire provincial de la FGTB-Métal pour la Flandre-Occidentale. Avec le résultat que l’on sait…

Bekaert : les intérêts notionnels lui valent une exemption d’impôts de 39 millions d’euros

Il y a pire. Une nouvelle étude du service d’études du PTB révèle qu’en 2010, le centre de coordination de Bekaert a bénéficié, grâce aux intérêts notionnels, d’une exemption d’impôts d’au moins 39 millions d’euros. “Cela suffit amplement pour garder ces 600 travailleurs“, résume Raoul Hedebouw, porte-parole du parti de gauche, sur le site Internet du PTB.

La SA Bekaert paie d’ailleurs encore moins que moins d’impôts, ressort-il de l’étude du PTB. “Nous avons calculé que, ces cinq dernières années, les implantations belges de Bekaert n’ont pas payé un seul centime d’impôts, assène Raoul Hedebouw. Combien de temps pouvons-nous encore tolérer que des multinationales qui réalisent d’énormes profits au plan mondial payent en Belgique zéro euro d’impôts, et simultanément mettent des centaines de travailleurs à la porte ?”

Les licenciements chez Bekaert ne servent qu’à maintenir le niveau de rendement pour les actionnaires, estime encore le Parti du travail : “Les travailleurs sont licenciés à cause de l’insécurité croissante mais, pour les actionnaires, le temps reste au – très – beau fixe conclut Raoul Hedebouw. Depuis 2006, Bekaert a doublé leurs dividendes et promet pour l’avenir aux actionnaires des dividendes stables et croissants. Pour Bekaert, ce sont les actionnaires qui comptent, pas les gens. Nous voulons une loi qui interdise les licenciements dans les entreprises qui font des bénéfices comme Bekaert.”

1. La SA Bekaert ne paie pas d’impôt depuis cinq ans

Ces cinq dernières années (de 2006 à 2010, les chiffres de 2011 n’étant pas encore connus), la multinationale Bekaert a réalisé au total 124 millions d’euros de bénéfice, indique le PTB. Sur cette somme, Bekaert a payé, surtout via l’échappatoire fiscale des “rentrées définitivement imposées” (RDI), 0,0 euro d’impôt.

2. Bekaert reçoit 39 millions d’euros de déduction des intérêts notionnels

Le centre de coordination de Bekaert paie… 0,0 euro d’impôt, grâce à la déduction des intérêts notionnels. Dans le Top 1.000 des entreprises qui, en 2010, ont évité le plus les impôts, le centre de coordination de Bekaert se situe en 485e place, pointe le PTB : “Il reçoit une déduction des intérêts notionnels de 39.244.410 euros, alors que ses bénéfices s’élèvent à 18 millions d’euros. En d’autres termes, le centre de coordination de Bekaert paie 0,0 euro d’impôt et reçoit du fisc belge un cadeau de 21 millions d’euros pour l’année suivante !”

Ces seuls 39 millions d’euros de déduction des intérêts notionnels suffisent largement à sauver les 600 emplois de chez Bekaert. “Pour cela, il faut 21 millions d’euros par an (calculé sur un coût en salaire brut de 3.000 euros/mois).”

3. Les dividendes chez Bekaert ont doublé en cinq ans

Les dividendes des actionnaires de Bekaert ont doublé, dénonce encore le Parti du travail. Le dividende net que le groupe Bekaert verse à ses actionnaires est passé de 0,63 euro par action en 2006 à 1,25 euro par action en 2010. Dans son rapport annuel de 2010, le groupe promet à ses actionnaires “un dividende stable et croissant”, avec comme but ultime un “taux de paiement de 40 % du bénéfice”.

Bekaert ne fait, en outre, “absolument pas mauvaise figure sur le plan international”, estime le PTB, qui pointe une marge de bénéfice brut supérieure à 19 % au premier semestre de 2011, “soit nettement au-dessus de l’objectif de 15 % que se proposait Bekaert même”.

4. Les Velge-Bekaert, 6e famille la plus riche de Belgique

La famille Velge-Bekaert se situe, selon les derniers chiffres de Ludwig Verduyn, à la 6e place de la liste des familles les plus riches de Belgique, précise le PTB en guise de conclusion. “La fortune familiale s’élève à 1,769 milliard d’euros. Par rapport à 2000, c’est une augmentation de 256 %.

“Une taxe des millionnaires sur la fortune des Bekaert rapporterait 53 millions d’euros, et la seule taxe de crise suffirait à maintenir au travail tous les travailleurs de Bekaert”, chiffre le parti de gauche, qui pointe encore la rémunération de Bert De Graeve. Le CEO de Bekaert “touche chaque année un salaire faramineux de 1,3 million d’euros. Le président du conseil d’administration, le baron Buysse, gagne 500.000 euros par an.”

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Bekaert : “Nous payons chaque année 128 millions d’impôts et cotisations !”

Bekaert déclare payer chaque année 128 millions d’euros d’impôts, cotisations sociales, précomptes sur dividendes et autres taxes en Belgique, a précisé vendredi Katelijn Bohez, porte-parole de l’entreprise, en réaction aux propos du PTB.

Au niveau du groupe, Bekaert a payé 139 millions d’euros, en 2011, d’impôts sur bénéfice dans plusieurs pays. “Si nous n’avons rien payé en Belgique, c’est parce que nous n’y avons pas réalisé de bénéfice”, précise Katelijn Bohez.

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