Bekaert : l’adieu à la Belgique ?

Bekaert, dont plus d’un travailleur sur trois est chinois, n’exclut pas de quitter définitivement la Belgique. Un pays où, dit-il, “il semble que personne ne veuille encore d’industrie”.

Bert De Graeve, CEO du groupe Bekaert, n’exclut pas que le spécialiste des produits tréfilés puisse quitter un jour la Belgique, a-t-il laissé entendre dans une interview à paraître mercredi dans l’hebdomadaire Knack.

Le patron y souligne que son entreprise est en partie chinoise. En témoigne le fait que 11.000 travailleurs, sur un total de 28.000, sont chinois. Un nombre appelé à croître à court terme jusqu’à 15.000.

Selon Bert De Graeve, une production industrielle n’est en outre plus viable en Belgique : “Ici, il semble que personne ne veuille encore d’industrie, il y a toujours quelque chose qui ne va pas. Si nous ne faisons pas trop de bruit, alors nous amenons trop de poids lourds. De plus, il y a une pénurie de main-d’oeuvre qualifiée et nous devons faire face à des prix de l’énergie élevés.”

Bekaert est actif dans notre pays en matière de recherche et développement et le groupe dispose encore d’usines à Aalter et Zwevegem. “Si ces usines devaient ne plus être viables, la question se poserait de savoir si nous devons encore faire de la recherche et développement en Belgique. Et si nous ne pouvons plus faire de recherche ici, par exemple en raison d’un manque de bons ingénieurs, ces deux usines seraient en danger. Notre siège principal est à Courtrai mais, au fond, on peut rapidement déménager vers Genève, Shanghai ou New York.” Il n’exclut d’ailleurs pas que le groupe puisse un jour quitter totalement notre pays.

Bekaert : la FGTB-Métal exige une rencontre avec De Graeve après ses déclarations

La FGTB-Métal exige une entrevue avec Bert De Graeve après que le CEO de Bekaert eut affirmé ne pas exclure de quitter un jour la Belgique. Le syndicat socialiste n’est pas tendre envers les propos tenus par le patron, estimant qu’ils sont “légers”, “offensants” et qu’ils témoignent d’une “irresponsabilité criminelle”.

Avec de tels propos, Bert De Graeve fait passer le message à d’éventuels investisseurs d’oublier la Flandre, prévient le syndicat. Le personnel des sites de Bekaert à Aalter et Zwevegem est inquiet, assure Georges De Batselier, vice-président de la FGTB-Métal. Les syndicats vont dès lors demander une entrevue avec Bert De Graeve afin de connaître ses intentions.

Bekaert envisage de quitter la Belgique ? La FEB comprend le “cri de détresse”

La Fédération des entreprises de Belgique dit comprendre les propos tenus dans Knack par le patron de Bekaert. L’industrie doit trop souvent faire face au phénomène “Nimby” (not in my back yard, position qui consiste à ne pas tolérer de nuisances dans son environnement proche), considère Rudi Thomaes, administrateur délégué de la fédération patronale.

“C’est à nouveau un cri d’alarme que nous devons prendre au sérieux, estime Rudi Thomaes. Les politiques regardent très facilement les retombées électorales d’une décision. Ils optent souvent pour une décision qui n’est pas favorable à l’industrie alors qu’ils devraient regarder sur le long terme et opter plutôt pour la prospérité qu’apporte l’industrie.” L’administrateur délégué de la FEB évoque les nombreux problèmes que connaît l’industrie en matière de permis : “Les permis et la rapidité avec laquelle ils sont délivrés sont essentiels pour l’industrie.”

Trends.be, avec Belga

Résultats : Bekaert poursuit sur sa lancée de 2010

Bekaert a réalisé un chiffre d’affaires consolidé de 918 millions d’euros et un chiffre d’affaires global de 1,23 milliard d’euros au premier trimestre, soit une augmentation de respectivement 32,3 % et 29,4 % par rapport au trois premiers mois de 2010.

“Une forte demande dans tous les secteurs et un mix de produits favorable ont stimulé une croissance organique du chiffre d’affaires consolidé de 28,3 %, précise le groupe dans un communiqué. Le mouvement net des acquisitions et cessions s’élève à 0,7 %, tandis que les effets favorables des fluctuations des taux de change ont ajouté 3,3 %.”

Bekaert s’attend à des perspectives de croissance “plus modérées et irrégulières en raison des mesures de limitation de l’inflation dans plusieurs pays ainsi que des effets de l’augmentation des capacités de la concurrence, notamment en Chine”. Bekaert indique cependant rester confiant sur le maintien d’une forte performance sur le premier semestre de 2011.

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