Avec la levée des sanctions, l’Iran s’attend à une ruée des investisseurs

Téhéran © istock

L’Iran, vaste pays de 78 millions d’habitants riche en pétrole et en gaz, s’attend à une ruée des investisseurs étrangers dès la levée des sanctions internationales prévue dans l’accord nucléaire conclu mardi avec les grandes puissances.

Le vice-chancelier et ministre de l’Economie allemand, Sigmar Gabriel, se rendra dès dimanche en Iran où il séjournera jusqu’à mardi prochain “avec une petite délégation composée de représentants des secteurs allemands de l’économie et de la science”, ont indiqué mercredi ses services. Son ministère avait réaffirmé plus tôt que l’économie allemande avait “un grand intérêt à une normalisation des relations” entre les deux pays.

Le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius a de son côté annoncé à une date non fixée sa venue en Iran où les entreprises françaises, en particulier dans le secteur automobile, sont déjà bien implantées, mais ont souffert des sanctions internationales imposées depuis 2006.

La ministre italienne du Développement économique, Federica Guidi, a également annoncé qu’elle était prête à partir pour Téhéran à la tête d’une mission commerciale qui sera mise sur pieds “dans les prochaines semaines”.

L’accord conclu à Vienne prévoit à moyen terme la levée progressive et réversible des sanctions en échange de l’engagement de Téhéran de limiter ses ambitions nucléaires.

“Les entreprises sur le point de bénéficier le plus immédiatement” de la levée des sanctions “sont celles qui sont déjà présentes en Iran”, selon Ramin Rahii, directeur à Téhéran de Turquoise Partners qui conseille les investisseurs étrangers. Parmi elles figurent de grands groupes comme Danone, Airbus, LVMH et PSA.

Le constructeur automobile français PSA Peugeot Citroën, qui avait quitté son deuxième marché en volume en 2012, a mené des “discussions intenses” avec son partenaire Irankhodro pour créer une nouvelle co-entreprise.

En Allemagne, la perspective d’une levée des sanctions a été saluée par la puissante fédération de l’industrie BDI, qui juge “réaliste” un volume d’exportations allemandes vers l’Iran à moyen terme de plus de 10 milliards d’euros, contre 2,4 milliards d’euros en 2014, notamment grâce au besoin de modernisation de son industrie, surtout de l’industrie pétrolière.

De “nouvelles chances” se présentent notamment pour les secteurs des machines-outils, de l’automobile et de la chimie, selon BDI. La fédération allemande des machines-outils VDMA a chiffré à 8 milliards d’euros le potentiel du marché iranien dans ce secteur.

Mme Guidi a rappelé que “l’Italie était le premier partenaire économique et commercial de l’Iran avant les sanctions”, souhaitant que son pays retrouve cette place.

Les exportations italiennes avant les sanctions s’élevaient à 1,15 milliard d’euros, selon la SACE (services d’assurance du commerce extérieur). Elles pourraient atteindre 4 milliards en 2018. Le secteur des machines-outils représentait plus de la moitié des exportations avant 2011 (57,9% du total), suivi par les produits chimiques (8,4%) et métallurgiques (7,7%).

Le secteur pétrolier iranien, vieillissant et sous-développé depuis dix ans, a lui aussi un besoin urgent d’investissements.

L’Iran, qui possède les quatrièmes réserves mondiales de pétrole, a vu sa production chuter à moins de 3 millions de baril par jour (mbj) depuis 2012, et ses exportations diminuer de moitié, environ 1,3 mbj actuellement contre 2,5 mbj en 2011.

L’Iran possède également les premières réserves mondiales de gaz dont il a été l’an dernier le 4ème producteur mondial.

“Notre priorité est de développer nos champs de pétrole et de gaz en utilisant les potentiels nationaux et étrangers”, a déclaré le ministre iranien du pétrole, Bijan Zanganeh. Il a également indiqué que son pays voulait “accélérer” le développement de l’industrie pétrochimique.

Mais les gros investisseurs attendent en priorité que l’Iran soit reconnecté au réseau international de transactions bancaires SWIFT, qui empêche la plupart des entreprises présentes en Iran de transférer directement des fonds de ou vers ce pays.

“Cependant”, selon une note d’un cabinet juridique de la City à Londres, “la grande question est de savoir si le système bancaire occidental va autoriser ses clients à traiter avec l’Iran”. “Si ce n’est pas le cas, alors le monde international des affaires pourra légalement commercer” avec ce pays, “mais il aura les mains liées, car ses banques refuseront de l’autoriser à être payé”.

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