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“Aujourd’hui, toutes les sociétés sont susceptibles d’être ‘Uberisées'”

La société Uber qui concurrence les taxis du monde entier est évaluée aujourd’hui à 50 milliards de dollars, alors qu’elle ne possède aucun taxi! Pas mal pour une société qui n’existait pas il y a 5 ans… Amid Faljaoui, notre chroniqueur économique nous en dit plus sur ces start-ups qui changent le monde.

C’est un nouveau record: Uber, le service américain de réservation de voitures avec chauffeur, a bouclé un nouveau tour de table auprès de ses investisseurs et qui lui a rapporté près d’un milliard de dollars. En tenant compte de cette opération, la société Uber est donc valorisée aujourd’hui à plus de 50 milliards de dollars, selon le Wall Street Journal. C’est pas mal pour une société qui concurrence les taxis du monde entier et n’est propriétaire d’aucun taxis! Et c’est cela le génie de la nouvelle révolution numérique: tous les secteurs traditionnels se retrouvent concurrencés par de nouvelles sociétés qui n’ont généralement pas un seul actif tangible.

Si Uber ne possède aucun taxi, la société Booking.com pèse par exemple plus lourd en Bourse que le groupe Accor qui regroupe des marques aussi connues que Ibis, Mercure, Novotel ou Sofitel. Pourtant, Booking n’a aucun chambre alors que Accor est propriétaire d’un immense parc immobilier et de milliers de chambres. Oui c’est vrai: la valorisation d’Uber à 50 milliards de dollars démontre que le monde change à très vive allure.

Pas un seul secteur ne sera épargné par la révolution numérique. Même les notaires devront faire attention: en France, par exemple, ils se sont déjà inquiétés avec Testamento qui permet légalement à tout un chacun d’établir on line son testament pour nettement moins cher que chez le notaire traditionnel.

Maurice Levy, le patron de Publicis, le deuxième groupe mondial de publicité a même inventé une nouvelle expression qui a fait le tour du monde entier: il pense que toutes les sociétés sont susceptibles d’être Uberisées. Autrement dit, de se réveiller un beau matin, et de découvrir qu’une application inventée par une start-up a détruit votre business.

Ce qui inquiète aujourd’hui la plupart des conseils d’administration, c’est la capacité de ces nouvelles sociétés à devenir, en quelques mois ou en quelques années à peine, des concurrents capables de bouleverser totalement un marché, quel que soit le secteur. C’est le cas d’Amazon pour le e-commerce, c’est le cas de Google avec la presse écrite, mais c’est le cas dans tous les secteurs: pensez à toutes ces sociétés inconnues, il y a peu de temps encore, et qui s’appellent Airbnb, Booking, Netflix, Instagram, Twitter, etc.

La question, c’est que faut-il faire? Les hommes politiques sont désemparés face à ce phénomène: lutter contre ces évolutions serait désastreux politiquement, car les consommateurs s’y retrouvent en gain de pouvoir d’achat – et en période de crise, ce n’est pas négligeable. Reste évidemment à se poser la question des entreprises qui sont ou seront Uberisées, faut-il les protéger pour leur éviter la faillite? C’est un débat en soi, mais comment ces entreprises pourront-elles survivre dans une économie globalisée, si elles ne savent pas s’adapter aux évolutions de la demande de leurs consommateurs?

N’oublions pas que si Uber a réussi son entrée sur le marché des taxis, c’est aussi parce qu’elle a offert une expérience utilisateur de qualité, alors que ces concurrents – c’est-à-dire les taxis traditionnels – considéraient souvent qu’on pouvait rogner sur l’expérience du client afin d’améliorer leurs marges! Le débat ne fait que commencer…

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