“Arrêtons de faire peur aux entrepreneurs !”

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Pour Sabine Laruelle, ministre MR des Classes moyennes et des PME, il n’y aura pas de relance si l’on ne redonne pas confiance au monde de l’entreprise : “Celui qui a un jour hypothéqué sa maison pour créer son job mérite autre chose qu’une stigmatisation sans nom !”

Lisez l’intégralité de cette interview dans le magazine Trends-Tendances daté du 29 mars 2012.

Cela fait presque 10 ans que Sabine Laruelle est ministre fédérale en charge des Classes moyennes et des PME. C’est dire si la ministre MR connaît bien les problèmes des indépendants et des entrepreneurs. Et pourtant, le gouvernement Di Rupo – dont elle fait partie – n’a pas ménagé les classes moyennes dans le cadre de son programme d’austérité budgétaire. Pire : certains membres du gouvernement ont donné l’impression que tous les indépendants, les PME ou ceux qui avaient mis en place une société de management étaient des fraudeurs.

“Il faut redonner confiance aux entrepreneurs. Arrêtons de faire peur au monde de l’entreprise. Nous avons besoin de lui pour relancer la machine économique”, tranche Sabine Laruelle, qui travaille à un nouveau “plan PME” qu’elle présentera au gouvernement cet été. Celui-ci s’inscrira dans la continuité du plan qu’elle avait lancé en 2008 et se traduira par une nouvelle série de mesures concrètes visant à simplifier la vie des petites entreprises, leur faciliter l’embauche et l’accès au financement, réduire leurs charges administratives et améliorer le statut social des indépendants.

Certaines mesures fiscales (avantages en nature rabotés, passage en société plus difficile, augmentation du précompte mobilier, etc.) frappent les classes moyennes. Votre sentiment en tant que ministre de tutelle ?

Nous sommes dans une situation budgétairement délicate. Et la meilleure façon d’aider les Belges, qu’ils soient indépendants, salariés ou fonctionnaires, est de revenir à l’équilibre budgétaire. Il y a effectivement des mesures qui touchent les Belges qui travaillent mais nous avons réussi à adoucir certaines d’entre elles, comme le régime fiscal des voitures de société.

Le problème est que le gouvernement s’est mis en place le 6 décembre et qu’il fallait prendre un certain nombre de décisions avant la fin de l’année, avec application au 1er janvier. Je comprends donc bien que les indépendants aient été pris de court. Le gouvernement devra à l’avenir être beaucoup plus clair et prévenir davantage.

En revanche, j’accepte moins les discours de matamore tenus par certains membres du gouvernement. Ceux-ci ont donné le sentiment que tous les indépendants, les PME et ceux qui avaient mis en place une société de management étaient des fraudeurs. Bien sûr qu’il faut lutter contre la fraude mais arrêtons de faire croire que tous ceux qui entreprennent sont des fraudeurs. Celui qui a un jour hypothéqué sa maison pour créer son job mérite autre chose qu’une stigmatisation sans nom. Je connais aussi des chômeurs qui fraudent.

Y a-t-il eu des mises au point au sein du gouvernement pour changer de discours ?

On n’en a pas eu besoin. Les révélations sur les sociétés de management de Johan Vande Lanotte ont remis un peu l’église au milieu du village. De même que le recours aux intérêts notionnels du président de la FGTB, Rudy De Leeuw. Mais il n’y a pas que le discours. Il faut aussi redonner confiance aux entrepreneurs par des actes. C’est pour cette raison que je travaille à un nouveau “plan PME”.

En février, on a dénombré 42 % de starters en moins alors qu’en Belgique, l’esprit d’entreprise est déjà moins développé que dans le reste de l’Europe. Selon l’Unizo, 25 % de ses membres réfléchissent à se délocaliser. Il y a donc urgence. Il n’y a aura pas de relance si le monde de l’entreprise continue à avoir peur et se demande à quelle sauce il va être mangé.

Propos recueillis par Sandrine Vandendooren

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