Aramco confirme son arrivée en bourse dès 2018, mais des doutes persistent

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Le géant pétrolier saoudien Aramco a confirmé lundi son projet d’introduction en Bourse au deuxième semestre de 2018, mais des analystes doutent de la faisabilité de cette gigantesque opération et évoquent d’autres solutions.

Présentée comme la plus grosse introduction en Bourse du monde, la vente de 5% d’Aramco constitue la pierre angulaire d’un ambitieux plan de réforme initié par le prince héritier Mohammed ben Salmane pour réduire la dépendance de l’économie saoudienne au pétrole.

Elle devrait générer d’importants revenus –jusqu’à 100 milliards de dollars (85 milliards d’euros)– pour le royaume. Une aubaine pour ce pays du Golfe qui a enregistré d’énormes déficits budgétaires et vu ses réserves financières fondre depuis la chute à la mi-2014 du prix de l’or noir.

Le privatisation partielle d’Aramco avait été annoncée en grande pompe l’année dernière lorsque le prince Mohammed avait présenté son plan “Vision 2030” pour transformer l’économie saoudienne.

“Nous avons toujours dit que nous allions procéder à cette introduction en 2018, et plus précisément dans la seconde moitié de 2018”, a déclaré le PDG d’Aramco Amin Nasser dans une interview diffusée lundi par la chaîne de télévision CNBC, démentant des informations sur un possible report de cette ouverture de capital.

“L’offre publique de vente est sur la bonne voie. Le lieu de l’introduction sera discuté et annoncé en temps voulu”, a précisé M. Nasser, démentant toute négociation avec des investisseurs chinois ou d’autres pour vendre directement des parts d’Aramco.

Mais des analystes estiment qu’une vente directe permettrait à l’Arabie saoudite de lever immédiatement de l’argent frais et de disposer d’une plus grande marge de manoeuvre.

“Le placement direct d’une petite partie d’Aramco résoudrait bien des maux de tête au milieu des efforts actuels pour lister la société sur des plateformes mondiales”, a déclaré à l’AFP Karen Young de l’Arab Gulf States Institute de Washington.

“Le prix peut être négocié directement et aider à (…) soulager une certaine pression budgétaire à court terme. Un placement direct peut également être rapidement clôturé”, a ajouté Mme Young.

“Un vente directe (…) augmenterait la probabilité de retarder l’introduction en Bourse au-delà de 2018”, a estimé pour sa part le cabinet d’analyse Eurasia Group.

Cela offrirait à Ryad de la souplesse pour introduire Aramco sur une place internationale lorsque les prix du pétrole grimperaient, augmentant ainsi ses chances d’en tirer un meilleur prix, selon ce cabinet.

Transparence

Contrairement à l’introduction en Bourse, une vente directe épargnerait aux dirigeants saoudiens l’épreuve d’une évaluation indépendante des avoirs d’Aramco, considérée comme le joyau de la couronne de l’économie saoudienne.

Les investisseurs se demandent depuis longtemps si Aramco vaut bien 2.000 milliards de dollars, comme le soutient la direction saoudienne.

“L’Arabie Saoudite n’a pas besoin d’un scandale en ce moment” autour d’Aramco, a souligné Mme Young.

Pour que l’introduction en Bourse soit un succès, les réserves pétrolières d’Aramco devraient être vérifiées de manière indépendante et ses finances examinées de façon fiable: une transparence à laquelle l’entreprise n’est pas habituée.

“L’Arabie saoudite devra divulguer un grand nombre de chiffres qu’elle a traditionnellement considérés comme secrets d’État”, relève Hossein Askari, professeur à l’Université George Washington.

Il s’interroge sur l’opportunité d’introduire Aramco en Bourse, alors que le premier exportateur mondial de brut peut facilement emprunter sur le marché local et à l’international.

Mais y renoncer complètement pourrait être considéré comme un revers pour le plan de réformes du prince Mohammed.

“Aramco a de nombreuses options”, a souligné à l’AFP Ellen Wald de l’Arabia Foundation à Washington et auteure du livre “Saudi Inc”.

Il peut y avoir, selon elle, une introduction internationale en Bourse, une autre limitée au marché saoudien avec la possibilité d’introductions ultérieures sur le marché international, ou des ventes directes privées, combinées avec l’une des autres options.

Mais, ajoute-t-elle, “sur le plan politique, il pourrait être difficile de renoncer à une introduction en Bourse à ce stade”.

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