Après l’espoir, l’amertume d’ouvriers qui ont voté Trump

Donald Trump © Reuters

Peu après son élection, Donald Trump avait entamé dans une usine de l’Indiana sa triomphale “tournée de la victoire”. Mais ce déplacement et la promesse de sauver un millier d’emplois chez Carrier ont aujourd’hui un goût amer pour Duane Oreskovic qui vient d’être licencié.

Ouvrier sur une chaîne d’assemblage du fabricant de climatiseurs, il croyait en M. Trump qui avait obtenu d’éviter une délocalisation au Mexique à la faveur d’incitations fiscales.

“Lorsque le président Trump est venu ici et a promis de sauver mon emploi, je l’ai cru et beaucoup d’autres personnes” l’ont cru, lance-t-il.

“J’avais tort, nous avions tous tort”, regrette Duane Oreskovic lors d’une réunion dans un bar-restaurant face à l’usine, organisée par le mouvement “Good Jobs Nation” proche du sénateur Bernie Sanders, à l’opposé de Donald Trump sur l’échiquier politique.

Au cours de la première année de sa présidence, plus de 500 licenciements ont eu lieu dans l’usine que M. Trump avait érigée en symbole.

Et si environ 800 emplois sur la chaîne d’assemblage ont bien été sauvés par les incitations fiscales représentant sept millions de dollars, les ouvriers attendaient plus, explique M. Oreskovic à l’AFP, assurant qu’il ne redonnerait pas sa voix à Donald Trump.

Les déceptions ont donné une aura nouvelle à Chuck Jones, un représentant syndical qui s’était attiré à l’époque les foudres du président sur Twitter en mettant en doute la faisabilité du sauvetage.

“Donald Trump est un menteur et un idiot”, grondait-il durant la réunion. “C’est tout simplement un escroc.”

“J’ai parlé à des gens qui ont dû retirer leurs enfants de l’université”, a-t-il assuré. “Bientôt, certains vont voir leurs maisons saisies (…) à ce moment-là, beaucoup sombrent dans la dépendance aux drogues ou l’alcoolisme”, avance celui qui s’est porté candidat à une élection locale.

‘Donnez-lui une chance’

En se déplaçant chez Carrier dans l’Indiana, Donald Trump avait voulu mettre en avant ses électeurs des Etats industriels de la “Rust Belt”, touchés par les fermetures d’usines et les licenciements, et dont les voix ont été déterminantes dans sa victoire.

Mais un an plus tard, un sondage de l’université Ball State réalisé en novembre montre que seuls 41% des électeurs de l’Indiana, terre républicaine dont est originaire le vice-président Mike Pence, approuvent le bilan de M. Trump sur l’emploi.

“Des promesses ont pu être faites et pas tenues”, avance comme explication Chad Kinsella, professeur de sciences politiques à Ball State. “Cela aura une répercussion politique”, ajoute-t-il.

Pour autant, à l’approche des élections de mi-mandat en 2018, rien ne montre que les soutiens de M. Trump l’abandonnent en masse, explique le politologue de l’université de Virginie, Larry Sabato.

“Les gens peuvent être patients. Ils ne pensent pas forcément qu’un candidat va changer le monde du jour au lendemain. Et beaucoup tiennent le Congrès pour responsable” plutôt que Donald Trump, explique-t-il.

Chez Carrier, “certains de nos membres continuent de soutenir le président”, explique en effet à l’AFP Robert James, président du syndicat United Steelworkers Local 1999.

“Certaines personnes aujourd’hui, ce qu’elles vous disent c’est +donnez-lui une chance+”, poursuit le syndicaliste.

L’excellente santé de l’économie américaine joue en faveur du président avec 196.000 nouveaux emplois dans le secteur manufacturier en 2017. Beaucoup de ces emplois sont cependant des postes très qualifiés.

Le président du parti républicain dans l’Indiana, Kyle Hupfer, y voit bien un argument en faveur du président qui est “très populaire ici”, affirme-t-il.

Selon lui, les raisons pour lesquelles l’Indiana a voté en faveur de Donald Trump n’ont pas changé: “La conviction que le pays doit être réformé, la conviction que les valeurs conservatrices doivent l’emporter”.

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