“Apporter une réelle dimension internationale à Delhaize”

Claude Boffa, Professeur et Directeur Académique de l’Executive Programme in Retail and Distribution Management (Solvay), est nettement moins sceptique que les analystes financiers sur le choix de Frans Muller comme nouveau CEO de Delhaize. Son arrivée, selon lui pourrait donner une dimension réellement internationale au groupe belge de distribution.

TRENDS-TENDANCES.L’annonce du choix de Frans Muller, l’ancien CEO de Metro Cash & Carry a déçu les analystes financiers qui estiment que ce dernier n’a pas le profil : il ne connaît pas le marché américain et n’a jamais dirigé une chaîne de supermarchés…

CLAUDE BOFFA. Je ne suis pas de cet avis. Je ne vois rien de négatif dans ce choix. Sans connaître Frans Muller, je trouve que ce dernier a un profil intéressant pour le groupe Delhaize. Il a travaillé quinze ans dans le groupe allemand Metro qui est le groupe de distribution le plus international après Ikea. Il n’est peut-être pas spécialisé dans les supermarchés (Ndlr, Metro est spécialisé dans le commerce de gros aux professionnels, les grandes surfaces dans le non-alimentaire), et n’a pas d’expérience du marché américain mais pourquoi faudrait-il avoir un CEO qui connaisse tout et qui soit la réplique de son prédécesseur ? Ce que les actionnaires attendent du nouveau CEO c’est qu’il ait de l’ambition. C’est ce qui manque un peu au groupe, qui a gardé encore un cadre un peu trop casanier et paternaliste.

TRENDS-TENDANCES. Quel sera le principal défi du nouveau CEO de Delhaize ?

CLAUDE BOFFA. Apporter une réelle internationalisation à l’entreprise, qui se situe actuellement au-delà de la 20ème place dans le classement mondial. Frans Muller est un Néerlandais et les Néerlandais se sont toujours révélés être de meilleurs exportateurs que les Belges. Pierre-Olivier Beckers a fait croître Delhaize d’une entreprise familiale qui avait quelques intérêts à l’étranger en un groupe de distribution internationale. En choisissant un profil international comme celui de Frans Muller, on a l’impression que le groupe veut se donner les moyens de passer à une dimension internationale supérieure.

TRENDS-TENDANCES. Cela ne risque-t-il pas de déplacer le centre de décisions du groupe vers les Etats-Unis (Ndlr, le nouveau CEO sera aussi responsable de la filiale américaine qui génère les deux tiers des revenus du groupe) ?

CLAUDE BOFFA. Il y aura peut-être des choses qui vont nous déplaire, à nous petits Belges…

Propos recueillis par Sandrine Vandendooren

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