Andorre mise sur l'”or blanc” pour booster son économie

© andorraworld/instagram

Loin des grands domaines alpins, Andorre a investi avec succès dans les sports d’hiver, devenus un pilier essentiel de son économie, pour attirer en masse des skieurs de toute l’Europe au coeur du plus grand domaine des Pyrénées.

La petite principauté fait en général plus souvent parler d’elle hors de ses frontières pour ses commerces d’alcool et de cigarettes détaxées ou son passé de paradis fiscal – elle a figuré sur la liste grise de l’OCDE jusqu’en 2010.

Mais après des investissements importants, le micro-Etat se trouve désormais en bonne place sur la carte mondiale du ski. Au point d’être l’hôte en 2019 des “finales” de la Coupe du monde de ski alpin, une grande première dans les Pyrénées.

A la sortie de la télécabine de Soldeu, sous un grand soleil, c’est un peu la tour de Babel, et pour cause: avec moins de 80.000 habitants pour 2,5 millions de journées-skieurs par an (dont plus de 1,7 million pour le domaine de Grandvalira dont fait partie Soldeu), le marché international représente par définition la quasi-totalité du marché andorran.

Les Espagnols se taillent la part du lion, représentant à eux seuls 51,4% des journées-skieurs à Grandvalira, selon les chiffres de la saison dernière, devant les Français (13,1%), les Britanniques (11,5%) ou les Russes (5,2%).

Snowboard sous le bras, Anastasia Akimova découvre les pistes andorranes pour la première fois. Plus habituée aux stations alpines de France ou d’Autriche, cette Moscovite assure pourtant à l’AFP que la principauté “est au même niveau que les autres stations d’Europe” mais “en moins cher”.

“Le domaine skiable est énorme”, abonde David Ribot, un chauffeur de bus français venu de Toulouse. “On skie aussi à Peyragudes (dans les Pyrénées françaises) mais ici, on ne fait jamais la même piste en une journée.”

Qu’est-ce qu’il restait ? La neige’

Avec 210 kilomètres de pistes, Grandvalira est le plus grand domaine des Pyrénées, devant Baqueira (environ 150 km), le plus vaste des Pyrénées espagnoles, ou le Grand Tourmalet (100 km), le plus grand des Pyrénées françaises.

Né en 2003 de la fusion des stations de Soldeu-El Tarter et Pas de la Case-Grau Roig, il est le résultat d’une prise de conscience du petit pays de l’importance de l'”or blanc” pour son avenir économique.

Andorre mise sur l'
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“Jusqu’à la fin des années 80, la base de l’économie de l’Andorre, c’était le commerce surtout des produits que les Espagnols ne trouvaient pas chez eux. Mais une fois qu’ils y ont eu accès, l’économie andorrane s’est réduite. Qu’est-ce qu’il restait ? La neige”, résume le Français Henri “Enric” Barbier, directeur d’exploitation de la station de Soldeu.

Implication du gouvernement, accès facilité aux capitaux grâce à l’opulence du secteur bancaire local… la stratégie est gagnante: Grandvalira a investi 130 millions d’euros depuis sa création, le gouvernement injecte lui 4 millions par an en communication et depuis 2013, le nombre de touristes a progressé en moyenne de 6% par an l’hiver.

“L’Andorre a fait beaucoup d’efforts pour que le ski soit l’un de ses points forts. Nous avons investi beaucoup ces dernières années pour faire connaître notre produit, nous communiquons dans toute l’Europe, en France, en Espagne mais aussi au Royaume-Uni, en Allemagne, et de plus en plus en Russie”, explique à l’AFP le ministre andorran du Tourisme Francesc Camp.

“Et la stratégie mise en place paie. Le tourisme, c’est 25% du PIB andorran, le secteur le plus important devant la finance”, et ce tourisme est réalisé aux deux tiers l’hiver, souligne-t-il.

Les Français encore à conquérir

Une stratégie qui ne laisse pas indifférent en France. “L’Andorre a connu un développement fulgurant”, souligne Guillaume Roger, directeur opérationnel de N’py, une société regroupant huit stations pyrénéennes françaises dont Peyragudes ou le Grand Tourmalet.

“Ça crée de l’émulation, ça permet de faire parler des Pyrénées, parent pauvre du ski, mais c’est aussi de la concurrence car ils ont titillé le marché français, notamment sur le bassin toulousain”.

Et cela n’est pas prêt de s’arrêter. “On n’a jamais été très bon sur la France, notre marge de progression est importante”, juge Henri Barbier, le directeur d’exploitation de Soldeu.

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