Amazon: ils veulent tous effacer le sourire de Jeff Bezos

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Amazon, le géant américain de l’e-commerce énerve, agace, dérange… et pourtant la société garde la sympathie de ses clients.

Amazon est partout et vend tout : tablettes, décodeurs télé, smartphones, nouveaux services “cloud” de vidéo et de musique en ligne. Sans oublier les livres, les vêtements, mais aussi l’alimentation. Un succès et une présence qui ne sont pas sans déranger un grand nombre d’acteurs du terrain, pour ne pas dire presque tout le monde. Le monde financier A force d’investir massivement et tous azimuts, Amazon a présenté la semaine passée un déficit net de près de 100 millions d’euros pour le deuxième trimestre 2014 et des perspectives de perte opérationnelle de l’ordre d’un demi-milliard de dollars pour le troisième trimestre.

Un déficit abyssal, mais pas inquiétant selon les experts, car ces investissements vont permettre au géant du Net de conquérir de nouveaux marchés et ainsi d’afficher une croissance de 23% de son chiffre d’affaires, à plus de 19 milliards de dollars.

La politique d’Amazon, politique qu’elle affiche depuis son lancement en 1994, est de sacrifier sa rentabilité au profit de son développement.
Le problème, c’est qu’Amazon a maintenant 20 ans et que ses actionnaires veulent un retour sur investissement sous forme de hausse du titre ou de versements de dividendes. Et Wall Street n’hésite pas à sanctionner ce comportement de jeune start-up capricieuse.

Quant aux salariés de la société américaine, cela fait longtemps qu’ils sont brouillés avec elle, tout comme les syndicats qui les représentent. Les causes de ce désamour ? Des pratiques managériales flirtant quelque peu avec les limites et une pression constante sur les salaires.

Sans oublier que, des deux côtés de l’Atlantique, Amazon est dans le collimateur du fisc depuis quelque temps, pour cause d’optimalisation fiscale et d’impôts peu représentatifs du chiffre d’affaires réalisé.

Libraires, éditions et autres écrivains La crise étant passée par là, le marché du livre est en baisse. Les “petites” librairies rament et même les “grandes surfaces” du livre font la grimace.

Seule Amazon résiste et accroit même sa position sur ce marché qui n’est plus, depuis longtemps, son coeur de métier… De quoi dégouter le libraire installé au coin de la rue.

Les éditeurs, même si ils sont présents sur le site et qu’ils y réalisent une partie de leur chiffre d’affaires, ne sont pas non plus ses plus grands supporters. Pour Julien Cantoni, directeur financier adjoint d’une grande maison d’édition parisienne, “il y a une idéologie derrière la stratégie d’Amazon: celle de la désintermédiation totale, qui consiste à placer le commerce au-dessus des savoir-faire.”

C’est aussi cela qui inquiète le milieu de l’édition, au même titre que les libraires et certains auteurs, Douglas Preston, Stephen King, John Grisham ou encore Paul Auster pour ne citer qu’eux.

Reste la grande distribution… Et puis Amazon, c’était au départ, des livres et de l’électronique, force est de constater que le géant du net s’est fortement diversifié ces deux dernières décennies. Amazon lorgne maintenant du côté de l’alimentation pour venir compléter son offre déjà très large. Une ambition qui ne va sûrement pas plaire à la grande distribution…

D’autant qu’Amazon a une arme de taille pour s’imposer dans ce secteur : l’Amazon Dash. Il s’agit d’un petit appareil, de la taille d’une télécommande, qui vous permet de scanner, chez vous, les codes-barres de vos produits favoris. Des codes-barres qui grâce à votre réseau WiFi sont acheminés jusqu’à l’application Amazon qui passe automatiquement votre commande. Difficile pour la grande distribution de faire le poids : monde et files des courses faites le week-end contre commande passée depuis son fauteuil. Le combat est inégal.

Paradoxalement, alors que le grand public, c’est-à-dire les consommateurs, adore détester une marque bien déterminée (tout en continuant de consommer les produits de la marque en question), Amazon garde une côte de sympathie relativement élevée auprès de ses clients.

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