Alliance PSA-GM : les 5 raisons de s’en méfier

Depuis des années, la Bourse n’attendait que ça. A présent que que PSA s’est trouvé un allié en General Motors, personne, pourtant, ne semble s’en enthousiasmer… Voici pourquoi.

Tout le monde espérait que PSA finisse par franchir le pas, qu’il sorte de l’isolement dans lequel il s’était enfermé. Mais maintenant que le groupe s’est trouvé un allié en General Motors, il se fait torpiller en Bourse. Ce jeudi, le titre a clôturé en chute de 3,86% dans un marché en hausse de 1,37%. Explications.

Augmentation de capital

C’est sans doute ce qui explique avant tout la déception des investisseurs. PSA a annoncé que pour s’allier avec l’américain General Motors, il procéderait à une augmentation de capital de 1 milliard d’euros. Ce qui est une mauvaise nouvelles pour deux raisons : déjà parce que c’est le signe que PSA a besoin de cash pour affronter l’avenir et poursuivre ses investissements, notamment en Inde, mais aussi parce que l’augmentation de capital va entraîner un important effet dilutif pour les actionnaires, à une période ou le prix de l’action est déjà bas.

Alliance inégale

Difficile de voir cette alliance d’un oeil extrêmement bienveillant quand on sait que seul GM va monter au capital de son partenaire. PSA en effet n’a pas eu les moyens d’acheter ne serait-ce qu’une toute petite parcelle de son concurrent. Alors certes, les droits de la famille Peugeot seront préservés, comme ils le souhaitaient, mais il est difficile de ne pas comparer cette alliance au rachat des 20% de Fiat par GM en 2000 au moment où le groupe italien était au plus mal. Et encore, même à cette époque l’italien avait réussi à rafler quelques actions du géant américain !

Problèmes de doublons et de surcapacités en Europe

Cette alliance va-t-elle quand même aider PSA à sortir de l’ornière? Cela n’est pas sûr. Car si industriellement, le partage des coûts par des plateformes communes et la mise en commun des achats et de la R&D, a du sens, les deux groupes présentent les mêmes faiblesses en Europe. Ils font tous deux face à un énorme problème de surcapacité de production – Philippe Varin l’évalue à 20% pour son groupe – qu’il va falloir gérer au plus vite. Et ce n’est pas l’alliance qui va les y aider, comme le confirme une note de Fitch ce jeudi. “Nous avons des surcapacités en Europe qui sont claires pour tout le monde mais auxquelles doit s’atteler chaque partenaire” indépendamment, a d’ailleurs admis mercredi soir Philippe Varin, suivi de près par son partenaire américain Dan Akerson, le PDG de GM, selon qui l’alliance “ne remplace pas les mesures en cours pour restaurer la rentabilité de nos opérations européennes respectives”. A eux deux, PSA et Opel, qui appartient à GM, possèdent vingt usines d’assemblage sur le continent. Selon les analystes, les deux groupes devraient fermer au moins quatre sites en Europe, pour redevenir profitables, ce qui sera politiquement très difficile à faire passer…

Des conséquences sociales qu’il va falloir gérer

A peine l’annonce d’une alliance entre PSA et GM était-elle officialisée que les syndicats des deux groupes ont commencé à dégainer des communiqués. “Face à ce grand monopoly, les salariés s’interrogent sur les conséquences sociales d’un rapprochement entre PSA et GM et notamment avec sa branche européenne, Opel, qui produit des véhicules sur les mêmes gammes que PSA”, écrivait mercredi soir la CGT dans un communiqué. Une inquiétude partagée par Opel. Le comité d’entreprises européen voit “des risques, notamment du fait du degré croissant de complexité des multiples coopérations déjà en cours chez PSA”. Chez PSA, les sites les plus menacés sont ceux d’Aulnay, mais aussi celui de Madrid en Espagne qui connaît actuellement un chômage important. Côté Opel, des informations de presse avaient fait état début février d’une possible fermeture du site de Bochum en Allemagne et Ellesmere Port au Royaume-Uni.

Abaissement de la note par Moody’s

C’est l’autre mauvaise nouvelle de la journée. Moody’s a relégué jeudi PSA dans la catégorie des investisseurs spéculatifs, en dégradant d’un cran la note à long terme du constructeur (qui passe de “Baa3” à “Ba1″). Selon, Moody’s cette dégradation n’a rien à voir avec l’annonce de l’alliance. Toutefois, elle n’a pas influencé en bien le diagnostic des experts de Moody’s. L’agence de notation met surtout en avant les mauvais résultats de PSA en 2011, qui ont chuté de moitié l’an dernier à 588 millions d’euros. S’agissant de l’alliance, Moody’s estime qu’elle va ” entraîner des économies de coûts ” mais que “les dépenses immédiates vont influencer négativement les résultats de PSA sur le court terme”. De fait, l’alliance mettra du temps à porter ses fruits : les premiers véhicules issus d’une plateforme commune devraient être commercialisés à partir de 2016. Et c’est seulement au bout de cinq ans que les deux groupes espèrent dégager des synergies, de l’ordre de 2 milliards de dollars par an.

L’Expansion.com

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