Albert Frère, de retour à ses anciennes amours wallonnes ?

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Le groupe fait son entrée dans le capital de la Sonaca et manifeste un intérêt pour l’aéroport de Charleroi.

Coup sur coup, le groupe Frère- Bourgeois, d’Albert Frère, est annoncé dans le capital de la Sonaca (Gosselies), actuellement largement contrôlé par la Région wallonne (97%), et aussi dans la société exploitant l’aéroport de Charleroi, BSCA. La situation semble plus claire pour la Sonaca. La Région wallonne avait cherché naguère un acquéreur pour cet équipementier aéronautique, dont Airbus est un gros client. En négociant avec Ergon Capital, un fonds du groupe Frère, la Région peut rassurer les syndicats sur le maintien du siège et de la production en Wallonie, car la majorité restera publique.

Si elle se réalise, l’opération s’organise juste après que la Sonaca ait pris une nouvelle dimension en rachetant la société américaine LMI, qui fournit Boeing. Le groupe Sonaca disposera alors d’une clientèle plus diversifiée. Selon notre confrère de L’Echo, la Région pourrait obtenir environ 75 millions d’euros pour une participation de 30 %.

Pour BSCA, les choses sont moins claires. Le groupe Frère a été approché pour racheter la participation de 26,7 % détenue par l’italien Save et le Holding Communal, à travers la société Belgian Airport. Mais Save n’a jamais parlé de vendre ses parts. Il s’agit donc surtout de conversations avec divers investisseurs potentiels (quatre au total), au cas où. Le groupe Frère connaît bien l’aéroport. Une de ses filiales, International Duty Free, y exploite deux magasins. Il avait été candidat à la privatisation de l’aéroport en 2009, mais le gouvernement lui avait préféré le dossier de Save.

Une participation temporaire

S’agit-il d’un retour d’Albert Frère ? L’ancien roi de la sidérurgie wallonne avait préféré investir surtout hors de Belgique, avec Total, Suez ou Pernord Ricard. Disons d’abord qu’Albert Frère lui-même n’est plus aux commandes. Il a maintenant 91 ans et a laissé les manettes à d’autres managers. Chez GBL, actionnaire d’Ergon Capital, les dirigeants sont Ian Gallienne, beau-fils d’Albert Frère, et Gérard Lamarche. Ergon Capital est un fonds investissant des montants de 20 à 70 millions d’euros (dixit le site web) pendant quelques années, avant de revendre avec plus-value. Il se présente comme un financier intervenant pour accélérer le développement de sociétés. Cela signifie que la Région devra réfléchir à l’évolution future du capital de la Sonaca d’ici quelques années, pour prévoir la vente de la participation que pourrait maintenant acquérir Ergon Capital. Les participations cédées par le fonds sont restées de un à sept ans dans le portefeuille.

Même si ces deux opérations se réalisent, elles ne représenteront pas un véritable retour du groupe Frère-Bourgeois. Les deux investissements, ensemble, ne représentent guère qu’au maximum une centaine de millions d’euros. De petits tickets à comparer avec les participations minoritaires dans Pernod Ricard (7,5%) ou Adidas (7,5%), que GBL valorise, au 30 juin, à respectivement 2,33 et 2,6 milliards d’euros.

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