Ahold Delhaize en pleine forme ? Oui, mais…

Le sort d'Albert Heijn en Belgique fait l'objet de nombreuses hypothèses. © BELGAIMAGE
Jérémie Lempereur Journaliste Trends-Tendances - retail, distribution, luxe

Un an après la fusion entre le groupe au lion et le distributeur néerlandais Ahold, le distributeur réalise ses premières synergies. Il vient d’annoncer de bons chiffres, qui doivent cependant être relativisés.

Sortez le champagne… ou pas ! Les dirigeants du groupe de distribution néerlando-belge Ahold Delhaize avaient le sourire la semaine dernière lors de la présentation des résultats du deuxième trimestre de l’année. Ils ont souligné la forte croissance des ventes en comparaison avec la même période un an plus tôt. Celles-ci sont en effet passées de 9,6 milliards d’euros à 16,1 milliards, tandis que le bénéfice net a fait un bond de 68 %.

Pourtant, dès l’annonce de ces bons résultats, l’action Ahold Delhaize a reculé de 3,16 %, à 17,15 euros. C’est qu’une analyse plus approfondie des chiffres amène à relativiser les performances du groupe de Zaandam (Pays-Bas). De fait, quand on tient compte des ajustements liés à la fusion et que l’on observe le chiffre d’affaires dit ” pro forma “, on remarque que la croissance des ventes n’est en réalité ” que ” de 3 %. Idem aux Etats-Unis, le marché phare du groupe, vu qu’il y réalise plus de la moitié de son chiffre d’affaires. La progression des ventes de 2,5 %, à 5,9 milliards, est entièrement due aux effets de change favorables. En excluant cet ” effet devises “, le chiffre d’affaires outre-Atlantique est resté stable. ” Le paysage concurrentiel est en train de changer aux Etats-Unis, explique Alan Vandenberghe, analyse chez KBC Securities. Il y a l’arrivée de Lidl, le rachat par Amazon de la chaîne bio Whole Foods Market, et puis un contexte de déflation qui ne facilite pas les choses. Malgré tout, le groupe s’en sort plutôt bien. Les résultats sont au-dessus des attentes des analystes. On constate quand même une augmentation de la rentabilité, avec une amélioration de la marge opérationnelle (+0,3 point en un an, à 3,9%) grâce aux synergies. ”

Encore un Albert Heijn à céder

Des synergies, justement, le groupe se réjouit d’en avoir dégagé à hauteur de 117 millions d’euros au premier semestre. Alors que son objectif initial était d’arriver à 500 millions d’euros de synergies en 2019, le distributeur prévoit aujourd’hui des économies pour un montant de 750 millions. La fusion se passe donc mieux que prévu, mais elle se révélera aussi plus coûteuse avec des coûts d’intégration passant de 350 à 380 millions d’euros. ” En même temps, le groupe annonce 250 millions de synergies supplémentaires, relève Alan Vandenberghe. Ce seront des économies qui vont être réinvesties directement dans les prix alors que les 500 millions sont des synergies dures qui profiteront au résultat net de l’entreprise. ”

Chez KBC Securities, on pointe par ailleurs le cas particulier de la Belgique où la situation reste compliquée pour Ahold Delhaize. ” Alors que les franchisés performent bien, l’entreprise a un peu de mal à faire passer l’exécution de sa stratégie et la nouvelle dynamique commerciale dans ses magasins intégrés “, assure notre interlocuteur. Et puis il y a surtout qu’aucune synergie ne peut être enclenchée chez nous tant que le groupe n’est pas parvenu à vendre tous les magasins que l’Autorité belge de la concurrence lui a enjoint de céder pour éviter tout problème de position dominante. Or, il reste à ce jour un Albert Heijn (la marque d’Ahold) à céder à Anvers.

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