AB InBev en discussions pour une reprise de SABMiller

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AB InBev discute actuellement avec les banques à propos du financement d’une reprise de SABMiller, a indiqué lundi Dow Jones, à l’appui de sources anonymes. L’offre s’élèverait à 75 milliards de livres, soit quelque 94,2 milliards d’euros.

Le brasseur néerlandais Heineken a annoncé, lundi, avoir repoussé une offre de rachat de son concurrent britannique SABMiller, la famille fondatrice ayant opté pour l’indépendance de la société plutôt que la vente de ses actifs. Selon des sources de marché, SABMiller a fait cette offre, dont le montant n’a pas été précisé et qui n’était pas sollicitée, dans le but de se mettre à l’abri du numéro un de la bière, le belge AB InBev, les marchés ayant spéculé ces dernières semaines sur un intérêt de ce dernier sur le groupe d’origine sud-africaine.

Selon le Wall Street Journal, AB InBev est en train de négocier avec des banques dans l’espoir de rassembler des fonds pour procéder à cette acquisition, qui pourrait s’élever à 75 milliards de livres. Aucune approche formelle de SABMiller n’aurait encore été effectuée, AB Inbev attendant d’avoir réuni les fonds.

Ceci fait suite à un communiqué publié dans la nuit par Heineken, réagissant, fait rare, à des rumeurs de presse. Heineken y indique avoir consulté son principal actionnaire, la famille Heineken. Celle-ci a décidé que cette offre était “irréalisable”: “la famille Heineken a informé SABMiller, Heineken et Heineken Holding N.V. de son intention de protéger l’héritage et l’identité de Heineken en tant que compagnie indépendante”.

La famille Heineken, héritière des fondateurs au XIXe de la société néerlandaise, possède une part majoritaire d’Heineken Holding, qui possède à son tour une part majoritaire du groupe Heineken. La famille étant majoritaire au capital, “sans leur autorisation, il ne peut rien se passer”, a affirmé à la radio néerlandaise BNR Corné van Zeijl, analyste du fond néerlandais de gestion d’actifs Actiam.

Heineken est le troisième brasseur mondial et est estimé à 35 milliards d’euros, tandis que SABMiller est le deuxième groupe du secteur, avec une valeur d’environ 70 milliards d’euros. Le numéro un mondial, le groupe d’origine belge InBev, est évalué à 140 milliards d’euros, selon le quotidien néerlandais Financieele Dagblad (FD).

“Les grands groupes de bière ont ces dernières années acquis beaucoup de sociétés”, ajoute M. van Zeijl: “la raison pour laquelle SABMiller veut acheter Heineken est probablement le fait qu’AB InBev voulait acquérir SABMiller”. Amin Alkhatib, analyste dans le domaine des boissons alcoolisées chez Euromonitor International, assure que l’offre de SABMiller était “une surprise” même si son rejet était prévisible : “cet acte de défense de SABMiller est en réaction aux rumeurs d’OPA par AB InBev, qui accumule pour l’instant du capital en préparation à la plus grande acquisition jamais effectuée sur le marché de la bière”.

Selon le FD, InBev a acquis pour 100 milliards de dollars de marques au cours des dix dernières années, notamment les bières Corona et Budweiser. Avec le rachat d’Heineken, SABMiller augmenterait son chiffre d’affaires de 20 milliards d’euros ainsi que sa présence sur les marchés des économies émergentes, comme l’Afrique ou l’Asie, souligne le FD.

“Même si ce n’est pas pour se protéger d’InBev, une telle offre a du sens au niveau du marché pour baisser les coûts et augmenter les marges, par exemple”, explique Joost van Dijck, un autre analyste de la banque d’affaires Theodoor Gilissen.

L’action du brasseur SABMiller bondissait de 11,32% à 3.796 pence lundi vers 11H30 GMT à la Bourse de Londres alors que le groupe s’est refusé à tout commentaire. A la Bourse d’Amsterdam, Heineken prenait au même moment, 2,52% à 60,93 euros. SABMiller commercialise des bières dans le monde entier sous des marques locales et contrôle notamment les marques Peroni et Miller.

Heineken, outre la bière éponyme, commercialise également les marques Amstel et Dos Equis. AB InBev vend pour sa part entre autres la bière Stella Artois, aux côtés de la Corona et de la Budweiser.

Belga

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