AB InBev déménage partiellement en Suisse

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AB InBev déménage la direction de sa division mondiale des achats en Suisse, dans le canton de Zoug. En Belgique, le brasseur est en litige avec l’inspection des impôts concernant ces activités.

Le canton suisse de Zoug est quelquefois décrit comme le canton le plus favorable fiscalement du monde. SABMiller, le numéro deux mondial dont AB InBev a bouclé le rachat en 2016, y a localisé le service des achats mondiaux dès 2010.

AB InBev abrite ce service à Louvain depuis 2010. Le département “Global Procurement Office” y compte septante collaborateurs et achète, dans le monde entier, bouteilles, canettes, malt et houblon notamment. La division est dirigée par Tony Milikin. L’Américain est membre du comité de direction international sous le CEO Carlos Brito. Milikin déménagera au cours des prochains mois, avec ses cadres supérieurs, vers les bureaux de SABMiller en Suisse, dans le canton de Zoug donc.

La localisation, à terme, du service des achats mondiaux n’est toutefois pas encore décidée. Normalement, la décision devait être prise cette année, mais cela ne sera probablement pas le cas. “Nous continuerons à étudier la localisation la plus appropriée pour notre division des achats mondiaux dès qu’il y aura plus de clarté concernant le climat des affaires internationales”, ressort-il dans un document interne.

Problèmes avec le fisc

Le fait que le top de la division déménage en Suisse pourrait être un mauvais signal pour l’organisation mondiale des achats à Louvain. Ce département est partiellement regroupé dans la société Ampar, et cette dernière a des problèmes avec le fisc belge qui lui réclame plus de 30 millions d’euros d’impôt supplémentaires. La filiale d’AB InBev a obtenu en 2012 un ruling fiscal pour les ‘bénéfices excédentaires’ (excess profit ruling), les bénéfices internationaux pour lesquels la filiale belge ne doit pas payer d’impôt. Pour l’année comptable 2015, Ampar a payé 2,9 millions d’euros d’impôt sur un bénéfice net avant impôt de 73 millions d’euros. Donc à peu près 4%, largement en dessous du taux de 33,99% en vigueur pour l’impôt des sociétés. L’Inspection spéciale des impôts conteste le ruling et exige donc des impôts supplémentaires. En novembre 2014, le CEO Carlos Brito exprimait son mécontentement à ce sujet lors d’une interview avec les médias belges. Il exigeait que les autorités belges fixent des règles fiscales claires. Si les règles changent continuellement, cela conduirait à une réduction de la voilure des activités en Belgique.

La Commission Européenne estime elle aussi que le régime belge des excess profit rulings est opaque, et elle a entamé une enquête début 2015. Cette étude est contestée par l’État belge, soutenu en cela par AB InBev.

Le siège principal reste à Louvain

Un déménagement des achats internationaux ne signifie pas que le brasseur hisse le pavillon suisse. Le siège social international du groupe reste à Louvain. Cela a été confirmé l’été dernier. Parmi les 750 employés à Louvain, plus de 200 sont actifs dans des fonctions internationales comme les finances, les branches techniques, les achats, les exportations, la R&D et les affaires juridiques. Plus de 500 collaborateurs sont actifs dans le département Europe, et bien sûr aussi en Belgique. Un deuxième siège est implanté à New York, où travaillent 160 personnes.

Le siège social d’AB InBev réside également en Belgique, à la Grand-Place 1 de Bruxelles.

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