A380: les forces et faiblesses du géant des airs d’Airbus
L’A380, dont la dernière commande d’Emirates pérennise le programme, est un vaisseau amiral qui a permis à Airbus d’asseoir sa stature de géant de l’aéronautique, sans toutefois se transformer en succès commercial.
Entré en service en 2007, l’A380 voyait son programme menacé par l’absence de ventes, avec un carnet désespérément bloqué à 317 commandes depuis deux ans.
L’avionneur européen, qui évaluait le marché des très gros porteurs à 1.200 unités sur 20 ans au moment du lancement, a été contraint de ralentir la cadence de production de l’appareil afin de prolonger son cycle de production.
Il est ainsi passé à une production d’un exemplaire par mois en 2018 contre 27 au total en 2015. Et Fabrice Brégier, le numéro deux d’Airbus, a indiqué que ce rythme pouvait baisser “jusqu’à six avions par an”.
L’annonce d’une commande de 36 appareils supplémentaires par la compagnie du Golfe, de très loin la première cliente du Super Jumbo, tombe donc à pic et permet à Airbus de pérenniser le programme en attendant de décrocher d’autres commandes à l’avenir, notamment en Chine.
Emirates a commandé 178 Super Jumbo à ce jour, dont 101 sont entrés en service.
Airbus pense en particulier à la Chine, qui devrait détrôner les Etats-Unis en 2022 comme le plus grand marché mondial du transport aérien.
Mais la taille de l’avion, qui a transporté 190 millions de passagers depuis son entrée en service, est également son talon d’Achille car elle rend frileuses les potentielles compagnies clientes, alors que le prix d’acquisition d’un A380 est de 445,6 millions de dollars.
D’autant qu’elles ont comme alternative au quadri-réacteur les long-courriers de moindre capacité, comme le 777 de Boeing voire l’A350 d’Airbus, des bi-réacteurs en matériaux composites moins gourmands en carburant.
Car si l’A380 est imbattable en termes de coût par siège, encore faut-il que l’appareil soit à pleine capacité, ce qui est loin d’être évident aujourd’hui sur de nombreuses liaisons en dépit de la congestion d’aéroports internationaux comme Londres ou Los Angeles.
Plus grand qu’un Boeing 747, l’A380 peut emporter 575 passagers voire 850 avec une capacité maximum grâce aux 550 m2 de sa cabine, et 320.000 litres de carburant, soit jusqu’à 578 tonnes au décollage au total. Son rayon d’action peut atteindre 15.200 km.
Compte-tenu de la croissance du trafic aérien, qui double tous les 15 ans, le pari d’Airbus est que l’A380 finira par s’imposer… à condition qu’on lui en donne le temps.
Aujourd’hui, l’A380 a déjà dépassé le 747 en termes d’appareils en service dans le monde. Le Jumbo Jet, qui a lui aussi façonné Boeing, a été vendu à plus de 1.500 exemplaires sur près de 50 ans.
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