Les six impairs à éviter aux Etats-Unis

L’affaire DSK a été le détonateur. Il existe un code masculin-féminin très strict à respecter au bureau et dans les affaires… surtout aux Etats-Unis. Décryptage, d’une même voix, par deux experts de la culture américaine : Pascal Baudry et Nathalie Monsaint-Baudry.

” Aux Etats-Unis, on est comptable (accountable) de ses actions. Il faut sans cesse avoir à l’esprit les suites juridiques potentielles de ce qu’on entreprend. Là-bas, dans la vie professionnelle, tout est asexué. ” Voici six pièges classiques à déjouer.

1- Faire des allusions maladroites ou ambigües
” Lorsqu’on fait une plaisanterie, mieux vaut le souligner par la formule “Just kidding” (“je blague !”), afin d’évacuer toute ambiguité. Il s’agit de ne pas mettre l’autre en situation d’interpréter des propos sur un autre registre, notamment sexuel. La culture américaine est une culture de l’explicite. Attention alors aux confusions de langage. Ecrire to propose a rendez-vous au lieu de to make an appointement serait désastreux. Chez nous, la connotation est romantique, outre-Atlantique elle est sexuelle. Je pense à un dirigeant français expatrié qui a repris un bar très en vue sur la côte Ouest. Il a dit un jour à l’une de ses collaboratrices en cuisine “Come on, Sweety”, soit “Viens poulette”. Eh bien, il a récolté un procès pour harcèlement. ”

2- Se retrouver seul avec une personne de l’autre sexe
” Aux Etats-Unis, il y a deux règles incontournables : un homme ne doit pas rester seul avec une femme dans l’ascenseur ; les portes des bureaux doivent rester toujours ouvertes. Au restaurant, il en est une autre capitale : la femme ne se fait pas offrir son repas par l’homme. Sinon cela signifie qu’elle est prête à aller plus loin. Ou alors, si elle accepte, elle s’explique : “Aujourd’hui, c’est votre tour, la prochaine fois, ce sera le mien !” ”

3- Parler avec son corps
” Mieux vaut minimiser le langage corporel. Evitez de communiquer avec les mains, d’appuyer vos gestes. Au restaurant, par exemple, l’étiquette veut qu’on garde les mains sur les genoux. On montre ainsi qu’on ne fait rien de mal. Il faut garder une bonne distance avec l’autre : de 50 centimètres à 1 mètre – plus qu’en France – car ensuite on entre dans sa bulle d’intimité. Attention aussi à ne pas montrer trop ses émotions. On n’embrasse pas son conjoint en public. En affaires, on n’explose pas de joie lorsqu’on a gagné. En revanche, on peut sourire pour désarmer l’autre. Cela est même conseillé dans une négociation ou face aux clients. ”

4- Regarder les femmes ” La notion de drague appuyée sans consentement n’existe pas. Tout en préservant une distance marquée, il faut regarder le visage d’une femme globalement mais surtout pas son décolleté.
Pour éviter toute provocation, le code vestimentaire pour les femmes au bureau est très strict. Pas question d’exposer des parties de leur corps. Les chemisiers sont boutonnés jusqu’au cou, le soutien-gorge ne se voit pas par transparence, les jambes sont gainées de collants même sous le soleil de Californie et les chaussures sont fermées. Hors du bureau, en revanche, elles s’habillent comme elles veulent. Plus généralement, il fait éviter de faire un compliment personnel trop appuyé. ”

5- Porter un parfum capiteux
” Le terme fait florès dans les bureaux. BO, pour body odeur. L’odeur corporelle naturelle, la transpiration ou la mauvaise haleine ont tout de suite une connotation : “sale”, “souillé”, “sexuel”. Mais si l’on s’asperge de parfum, on va mettre l’autre dans une situation d’inconfort.
En France, on aime les parfums musqués, aux Etats-Unis, on préfère ce qui purifie, la lavande par exemple. Qu’on soit un homme ou une femme, quand on se parfume trop, on stimule les phéromones de l’autre. C’est l’exciter. Sans compter que cela peut entraîner des allergies, des maux de tête. On est, là encore, face à un risque juridique. ”

6- Masculiniser son langage dans ses écrits et à l’oral ” Dans la langue française, on use du “il” naturellement, car le masculin l’emporte grammaticalement sur le féminin. Mais employer le he de façon régulière auprès d’un(e) Américain(e) sera repéré par votre interlocuteur comme une pensée sexiste, voire comme du harcèlement. Dans un mail ou une missive, mieux vaut signer Ms. car signer Mrs (“Madame”) ou Miss (“Mademoiselle”) est considéré comme une emprise de l’homme sur la femme. Là-bas, la langue se neutralise. On dit Chairpersonn et non plus Chairman (“Président”). ”

(Source : L’Entreprise)

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