Comment l’UEFA désire créer un marché pour le football féminin

© UEFA

Ce n’est pas un hasard si les débats sur l’harmonisation des primes pour les joueuses ou les joueurs des équipes nationales de football se déroulent maintenant. Peter Willems, de l’UEFA, a récemment expliqué comment l’organisation faîtière des fédérations européennes de football veut promouvoir le football féminin.

Les bonnes performances des Red Flames au championnat de football européen cette année (remporté finalement par les Pays-Bas, le pays hôte) ont focalisé l’attention accordée au football féminin dans notre pays.

La joueuse vedette Tessa Wullaert se demandait la semaine dernière si la fédération belge de football, l’URBSFA, devait donner les mêmes primes aux joueuses qu’aux Diables Rouges. C’était une passe de la balle afin de suivre l’exemple norvégien. En effet, la ligue norvégienne de football a récemment fait savoir qu’elle allait uniformiser les primes pour les hommes et les femmes, après que les hommes aient accepté quelque diminution de leurs primes.

Together We Play Strong

L’URBSFA n’a pas saisi le ballon envoyé par Tessa Wullaert… Dans les réactions à cette déclaration, l’argument souvent utilisé est la différence encore bien trop importante en termes de valeur économique entre le football féminin et le football masculin.

Or depuis le 1er juin, l’UEFA, qui englobe 55 fédérations de football européennes, essaie de créer un marché plus important pour le football féminin.

Lors de la soirée de gala, au cours de laquelle les nouveaux Marketers de l’Année ont été annoncés, Peter Willems, responsable des activités de marketing et de sponsoring de l’UEFA , nous a entrouvert les coulisses de la campagne ‘Together #WePlayStrong’ lancée le 1er juin 2017 à l’occasion de la finale de l’UEFA Women’s Champions League.

Réduire le taux d’abandon

Depuis peu, un nouveau projet pour booster le football féminin a vu le jour à l’UEFA, qui veut faire du ballon rond, le sport féminin le plus populaire d’Europe à l’horizon 2020.

L’UEFA a d’abord analysé de manière précise quel est le problème d’image dont souffre le football féminin. “Il y a un problème d’abandon : beaucoup trop de jeunes filles arrêtent le football”, explique Peter Willems. “Ensuite, la visibilité du sport n’est pas suffisamment grande et il ne circule pas suffisamment d’argent dans le football féminin.”

Pourtant, il y a suffisamment de potentiel. Les femmes représentent en effet la moitié de la population mondiale, le football féminin se développe positivement dans différents pays et ce sport peut surfer sur la vague de l’égalité des genres.

Sport branché

Dans la phase suivante, l’UEFA a fait une étude quantitative. L’organisation s’est entretenue avec d’autres fédérations sportives et avec des joueuses de football connues – en Belgique avec Imke Courtois – afin de comprendre pourquoi autant footballeuses décident subitement de ranger leurs crampons au placard. Cette étude, menée notamment par l’Université de Birmingham, a livré trois conclusions importantes.

En premier lieu, il s’avère que lorsque la personnalité des enfants commence à fortement changer vers douze ans, les filles sont plus susceptibles que les garçons de perdre confiance en elle. Elles compensent cela en s’intéressant plutôt à la musique qu’au football, connoté bien moins branché.

La deuxième constatation est que les garçons rêvent de devenir le nouveau Messi ou Ronaldo, alors que pour les filles, l’amitié et passer du temps ensemble sont plus importants. La troisième prise de conscience est que les sports d’équipe comme le football ont une influence positive pour augmenter la confiance en soi des garçons.

Ces conclusions sont facilement identifiables dans les spots télévisés que l’UEFA a ensuite développé – la vidéo ci-dessous en est un exemple :

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L’objectif est clairement d’attirer et de garder davantage de filles de 13 à 17 ans sur les terrains de foot, et de promouvoir le football féminin pour en faire un sport branché. Ensuite, la campagne, qui reçoit le soutien d’Aleksander Ceferin, président de l’UEFA, a l’ambition de faire des consoeurs de Messi et de Ronaldo les nouveaux héros sportifs.

Partage des expériences

La campagne publicitaire n’est pas limitée à des spots télévisés, elle est déclinée également dans les médias sociaux, via des applications musicales populaires auprès des jeunes et sur le site web www.weplaystrong.org , qui donne des conseils et qui leur permet d’échanger leurs expériences. Des stars du football comme Eden Hazard, mais aussi des pop stars, soutiennent la campagne.

Cela va sans nul doute encore durer des années avant que des joueuses de football reçoivent des salaires se rapprochant, ne fut-ce qu’un peu, de ceux de leurs collègues masculins, mais par cette campagne, l’UEFA a donné le coup d’envoi de la création d’un marché pour le football féminin.

C’est maintenant aux fédérations, comme l’URBSFA, d’attraper le ballon au vol. Il est à noter que la Commission européenne s’est jointe à la campagne et a libéré un budget pour aider les fédérations de football à faire progresser le football féminin.

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