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Emprunts : le monde est coupé en deux

Même pour les financiers les plus blasés, le monde apparait aujourd’hui comme complètement fou. Ce qui se passe en ce moment est tout simplement incroyable.

Prenez Mario Draghi, le président de la banque centrale européenne, il a dû s’exprimer la semaine dernière devant la commission européenne et il n’a pas mâché ses mots. Généralement, à ce genre de poste, on reste diplomate même quand on est énervé. Il a pourtant ouvertement et même brutalement demandé aux dirigeants politiques européens de dire ce qu’ils voulaient à la fin. “Veulent-ils oui ou non sauvegarder l’euro ?” Si c’est oui, alors, ils doivent prendre des mesures fortes, aller vers plus d’Europe et arrêter de prendre des mesures à la petite semaine.

Mario Draghi, le président de la banque centrale européenne, a également montré son exaspération face à tous ces gouvernements de la zone euro qui systématiquement amenuisent les problèmes de leurs banques. C’est ce qui s’est passé avec Dexia a-t-il rappelé, et c’est ce qui s’est à nouveau passé avec la banque espagnole Bankia. A chaque fois, les gouvernements disent que ce n’est pas trop grave, et puis quelques jours plus tard, on découvre le pot aux roses et ce sont les marchés financiers qui se vengent parce qu’on ne leur a pas dit la vérité.

Il semble que son message ait été entendu, puisqu’un grand plan d’envergure serait en préparation pour la fin du mois de juin, mais en attendant la fin du mois de juin, on peut dire que le monde est aujourd’hui coupé en deux, entre d’une part, les pays à risque qui n’arrivent plus à emprunter ou alors à des taux punitifs et puis, de l’autre côté, les pays refuges qui sont submergés de capitaux à la recherche d’un refuge.

Je vous donne quelques exemples : L’Allemagne emprunte à 10 ans à du 1.26%, c’est du jamais vu. Les Etats-Unis à 1.60% environ, c’est le taux le plus bas depuis 1946 ! Et notre bonne vieille Belgique emprunte à 2,70 %, ce qui est excellent. Je vous rappelle qu’en novembre dernier quand nous n’avions pas de gouvernement, nous devions donner plus du double pour nous financer.

Et donc, le paradoxe de toute cette histoire, c’est que plus la crise de la zone euro perdure, plus certains pays comme l’Allemagne peuvent emprunter quasi pour rien. Les charges d’intérêt sur la dette publique allemande diminuent quasi automatiquement. Mais le plus fou, c’est de voir les Etats-Unis qui sont nettement plus endettés que les autres pays, servir de valeur refuge, alors que les chiffres du chômage se sont mis à augmenter et que visiblement toutes les mesures prises depuis 3 ans n’ont servi à rien. Je plains les futurs historiens qui devront trouver une logique à ce souk planétaire.

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