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E viva Europa !

“Force est de reconnaître que la situation est aujourd’hui meilleure en Europe qu’on ne l’imaginait voilà quelques mois. Et, à l’inverse, qu’elle est moins bonne que prévu aux Etats-Unis.” C’est un banquier américain qui signait cet aveu la semaine dernière. C’est dire qu’on ne peut qualifier ce jugement d’euro-optimisme partisan et béat.

“Force est de reconnaître que la situation est aujourd’hui meilleure en Europe qu’on ne l’imaginait voilà quelques mois. Et, à l’inverse, qu’elle est moins bonne que prévu aux Etats-Unis.” C’est un banquier américain qui signait cet aveu la semaine dernière. C’est dire qu’on ne peut qualifier ce jugement d’euro-optimisme partisan et béat. Evoquée ici-même voici 15 jours, la confiance européenne ne cesse de se renforcer et prend les allures les plus diverses. Y compris sur le plan anecdotique, quand Jean-Claude Trichet, le président de la BCE, termine sa conférence de presse en observant qu’on ne lui a posé aucune question sur la Grèce…

Le regain de forme de l’Europe vaut en termes absolus comme en termes relatifs. En termes absolus, ce sont des indicateurs économiques souvent bons ces dernières semaines, au point d’être régulièrement meilleurs qu’attendu. Tous les membres de l’Union ne peuvent, à l’instar de l’Allemagne, se targuer de commandes industrielles en hausse d’un quart (!) par rapport à l’an dernier, mais beaucoup affichent un tonus sur lequel personne n’aurait misé un eurocent voici un trimestre. Même la consommation privée, talon d’Achille historique du Vieux Continent, s’est montrée un peu plus gaillarde que prévu en juin. De son côté, l’indice de confiance des investisseurs Sentix, publié lundi, s’est envolé au point de retrouver son niveau de la fin 2007. Dans un tout autre ordre d’idées, l’évolution de la masse monétaire M3 est redevenue positive en juin dans la zone euro. Elle avait viré au rouge en novembre 2009, après deux ans de décélération.

C’est toutefois en termes relatifs que la vigueur récente de l’Europe frappe le plus, comme observé par le banquier new-yorkais. Car les indicateurs américains sont, à l’inverse, souvent inférieurs aux attentes depuis la fin du printemps. Et cela n’a pas changé avec ceux publiés ces derniers jours. On attendait une hausse modeste des revenus des ménages et de la consommation en juin ? Raté : tous deux furent étales. Un petit rebond des ventes de logements existants semblait logique pour le même mois, après l’effondrement constaté en mai ? Pas de chance : elles ont encore fléchi. On espérait que les créations d’emplois du secteur privé compenseraient plus ou moins le dégraissage du secteur public ? Que nenni : elles furent très inférieures aux attentes, tant en juin qu’en juillet, de sorte que l’emploi total a encore reculé sévèrement !

Que la croissance économique européenne ne soit pas époustouflante pour autant est une évidence. Encore que, sur ce plan, l’Europe semble en train de prendre l’avantage. Le premier trimestre fut indigent, avec 0,2 % à peine ici contre 0,9 % environ là-bas (soit 3,7 % en termes annualisés, suivant la méthodologie américaine). Les Etats-Unis sont revenus à quelque 0,6 % au deuxième trimestre (2,4 % annualisés) et, pour l’Union européenne, on attend 0 ,7 %, soit un fifrelin de mieux. On sera fixé demain vendredi.

Il serait évidemment présomptueux de chanter victoire en extrapolant cette évolution aux trimestres et années à venir. Tout en saluant la performance actuelle de l’Europe, les économistes de la banque Morgan Stanley s’empressent ainsi d’ajouter qu’ils ne croient pas à un phénomène récurrent. Qu’à cela ne tienne : les Etats-Unis présentent une croissance démographique élevée, de l’ordre de 1 % par an, soit trois à quatre fois celle de l’Europe. En termes de prospérité par habitant, cette dernière peut donc se permettre une croissance économique trois fois inférieure sans pour autant concéder de retard. C’est un élément capital qu’on ne peut perdre de vue sous peine de se morfondre bien à tort !

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