E-commerce: 36.197 emplois menacés en Belgique

© Thinkstock

Le commerce en ligne décolle, enfin, en Belgique. Mais ce sont les sites étrangers qui en profitent. Les webshops belges ne sont pas assez compétitifs. D’ici 2018, a calculé Comeos, ce sont 36.197 emplois (directs et indirects) qui risquent ainsi de disparaître si aucune mesure n’est prise.

Le commerce électronique représente aujourd’hui 5,6 % du chiffre d’affaires total du commerce de détail en Belgique. D’ici 2018, a calculé Comeos (la fédération du commerce et des services de Belgique), cette part avoisinera les 10% ou les quelques 10 milliards d’euros. Soit le niveau actuel de la Grande-Bretagne.

“Mais, avertit Dominique Michel, l’administrateur délégué de Comeos en s’appuyant sur une étude qu’elle vient de réaliser, 68,6 % (contre 33 % déjà aujourd’hui) de ces 9,83 milliards, soit 6,74 milliards, seront réalisés dans des magasins en ligne à l’étranger. Ce qui se traduira, en termes d’emplois, par 22.739 jobs dans le commerce (Ndlr, le secteur occupe actuellement 400.000 personnes) et 13.458 postes de travail indirects (dans des secteurs du transport et de la livraison, entre autres).” Ce sont donc au total 36.197 emplois qui risquent de disparaître d’ici quatre ans si aucune mesure n’est prise pour améliorer la compétitivité de l’e-commerce belge, pronostique le responsable Comeos

De nombreux handicaps structurels

Pour la première fois, la fédération a dressé l’inventaire de tous les facteurs qui compromettent le développement et l’avenir de nos 40.000 webshops. Parmi ceux-ci, encore et toujours, le coût salarial trop élevé : “il est de 20 % supérieur à celui de nos pays voisins”, indique Dominique Michel. De plus, le taux de TVA applicable au commerce électronique dépasse de 6% celui appliqué au Luxembourg. Dans le cas du commerce en ligne, ces problèmes sont amplifiés et de nouveaux viennent s’y ajouter : la concurrence ne fonctionnant pas correctement au niveau de la livraison des colis, le consommateur paie des factures beaucoup plus élevées. L’interdiction du travail de nuit rend en outre les livraisons rapides quasiment impossibles. “Vous recevez un colis d’Anvers plus rapidement et à meilleur compte si vous vous le faites livrer en passant par Amsterdam plutôt que directement.” Enfin, la Belgique serait en outre soumise à plus d’obligations que les concurrents étrangers, notamment autour de la sécurité des produits. Un exemple : la mention obligatoire de la valeur SAR (dangerosité pour la santé) pour les GSM. Seuls les commerçants belges y sont tenus.

Afin d’éviter un manque à gagner pour l’économie belge et des milliers de pertes d’emploi, Comeos appelle les responsables politiques à prendre des mesures pour permettre aux opérateurs belges de lutter à armes égales avec les champions étrangers tels que Amazon ou Zalando qui cassent les prix. “Il faut par ailleurs, ajoute la fédération, convaincre les acteurs mondiaux du commerce en ligne de ne pas installer leur quartier général au Luxembourg et de ne pas construire leur centre de distribution dans le nord de la France.”

Hasard du calendrier. Dans un communiqué faisant état d’une croissance de 37 % des transactions en ligne pendant la période de Noël en Europe, le spécialiste des paiements en ligne Ogone confirme cette tendance des consommateurs belges à acheter sur des sites étrangers. “28% des transactions e-commerce belges générées durant la période des fêtes proviennent de ventes réalisées dans d’autres marchés, principalement en France. Et les Pays-Bas ont réalisé la majorité de leurs transactions transfrontalières (14%) avec des consommateurs basés en Belgique.”

Sandrine Vandendooren

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content