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Dexia : comment en est-on arrivé là ?

Dexia est victime de la cupidité bancaire, de la folie des grandeurs et d’une mauvaise gestion politique !

Depuis quelques jours, beaucoup de choses ont déjà été dites ou écrites sur Dexia. Mais sait-on comment on en est arrivé à cette faillite organisée d’un ancien fleuron bancaire ? Les causes tiennent en quelques mots : cupidité bancaire, folie des grandeurs et mauvaise gestion politique !

La cupidité bancaire ? C’est simple. Dexia avait hérité des activités du Crédit Communal qui, comme son nom l’indique, consistait à faire crédit aux communes belges et aux collectivités locales en France. Que voulez-vous, c’était un métier certes rentable, mais avec de faibles marges. Or, au début des années 2000, la mode pour les banques était de cracher des rendements à deux chiffres. La direction de Dexia de l’époque a succombé à l’effet de mode : elle a voulu faire de Dexia une banque universelle, une banque qui faisait de tout, y compris vendre des produits sophistiqués… qui se sont révélés “dangereux” pour ses clients collectivités locales.

La folie des grandeurs ? Lorsque la direction de Dexia s’est lancée, durant les années 2000, dans une frénésie d’acquisition pour atteindre la fameuse “taille critique”. On se demande d’ailleurs combien de jobs ont été perdus à cause de cette prétendue “taille critique”… A l’époque, Dexia rachetait tout ce qui était à vendre. En octobre 2000, le patron pensait que sa banque pèserait bientôt 20 milliards de capitalisation boursière. L’action Dexia valait alors 150 euros et les analystes, qui sont aussi des pousse-au-crime, voyaient le cours de l’action Dexia grimper jusqu’à 190 euros. Ce vendredi 7 octobre, l’action Dexia vaut moins de 1 euro… Cherchez l’erreur !

Le rôle des politiques, enfin, est clair. Comme Dexia était une banque franco-belge surveillée en partie par des politiques, la direction de Dexia a dû respecter les équilibres politiques. Elle n’a donc jamais pu fusionner avec une autre grande banque, afin d’éviter le veto des politiques qui sont dans son conseil d’administration. Dexia a, en quelque sorte, été poussée à se diversifier à l’international et dans des métiers exotiques. C’était le début de la fin.

Comme quoi, pour paraphraser l’économiste français Frédéric Lordon, il est urgent que le métier de banquier redevienne terne et ennuyeux. Les marges seront moins importantes mais, au moins, les Etats ne vivront plus au rythme des faillites bancaires et des effets domino.

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