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Des électrochocs enfin salutaires ?

Crise financière, Dexia, Holding Communal, ArcelorMittal… en attendant le plan d’austérité (pardon, les mesures de rigueur…) concocté par les négociateurs fédéraux. N’en jetez plus !

Crise financière, Dexia, Holding communal, ArcelorMittal,… en attendant le plan d’austérité (pardon, les mesures de rigueur…) concocté par les négociateurs fédéraux. N’en jetez plus ! Les tuiles s’accumulent, avec la désagréable impression que le ciel nous tombe toujours un peu plus sur la tête. Et un sentiment d’impuissance nous envahit. C’est pourtant en partie faux. Les avertissements _ et c’est parfois un euphémisme _ se sont en effet succédé depuis plusieurs années.

Prenez les banques : les enseignements de la crise de 2008 n’ont pas été tirés par tous, loin s’en faut. Beaucoup de questions soulevées à l’époque sont remontées à la surface suite aux déboires de Dexia. Des erreurs ont été reproduites (et quid des stress tests ?), malgré les efforts déployés et un certain nombre de mesures prises.

La sidérurgie ? Le coup de semonce de 2003, avec la première annonce de la fermeture du chaud, avait secoué la Wallonie, singulièrement la région liégeoise. La relance partielle des hauts-fourneaux en 2008 a refréné la réactivité des forces vives. Certes, des actions ont été mises en oeuvre au plan wallon (Marshall,…) mais aussi liégeois. Pourtant, malgré les huit années passées, l’amplitude du choc montre à quel point la reconversion du bassin industriel mosan n’est pas mûre. Dommage, ce temps et cet argent perdus, un peu à l’instar du dossier des Guillemins. La gare signée Calatrava a un impact formidable pour la Cité ardente en termes d’image. Par contre, le potentiel de développement pour la ville et d’attrait d’investisseurs extérieurs n’est toujours pas pleinement exploité, faute d’accord avec la SNCB sur l’avenir du périmètre bordant l’édifice.

Il ne s’agit pas de jeter le bébé avec l’eau du bain ; ce serait injuste à l’égard de tous ceux qui oeuvrent inlassablement à la relance de leur région. Mais il y a un goût de trop peu, en dépit du chemin déjà parcouru.

Symptomatique aussi, cet appel récurrent aux pouvoirs publics. Les banques flanchent, la sidérurgie agonise, les villes et communes trinquent à cause de Dexia ? L’Etat ou les entités régionales n’ont qu’à intervenir ! Le problème, c’est qu’eux-mêmes sont pris à la gorge. Les politiques en arrivent à devoir jouer les pompiers de tous les côtés, pour limiter autant que possible les drames sociaux, pour sauver les épargnants ou encore pour aider les communes. Mais aussi, c’est de bonne guerre, pour soigner leur électorat à tout juste un an des élections communales….

Tant mieux pour ces victimes, lesquelles bénéficient d’une attention dont ne jouissent pas nombre d’indépendants et de petites entreprises qui sombrent chaque année dans l’indifférence générale, avec là aussi des drames sociaux et humains. Et tant pis pour les mandataires communaux, à la gestion rigoureuse (vous accepteriez, vous, un produit bancaire générant un rendement de 13 % ?), qui avaient refusé de refinancer Dexia en 2008, faisant fi des injonctions de certains états-majors politiques. Il faudrait aujourd’hui mutualiser les aides alors qu’il n’a jamais été question de partager quand les dividendes étaient plantureux !

Ceci dit, les langues commencent à se délier. Si la critique des banques et des financiers est devenue une discipline très en vogue, il n’en va pas de même dans le secteur de la sidérurgie. Si, bien sûr, à l’encontre de Lakshmi Mittal, davantage financier qu’industriel, dont l’attitude est socialement choquante. Non, par contre, à l’égard des travailleurs, défendus par des syndicats localement très puissants. Pourtant, en off, nombreuses sont les voix qui regrettent l’argent public déversé pour perpétuer la sidérurgie à chaud wallonne au lieu de l’investir dans des secteurs plus porteurs. On ne réécrira pas l’histoire mais le passé doit éclairer le présent pour tracer l’avenir. Qu’il s’agisse des banques, des communes ou de la sidérurgie, l’électrochoc doit être enfin salvateur et inciter chacun à prendre son destin en mains, à assumer ses responsabilités là où il est.

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