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Des cygnes noirs aux subprimes : les limites des modèles mathématiques

Les modèles mathématiques ont la cote chez les financiers. Pourtant, la crise des subprimes a démontré que vouloir tout modéliser a aussi des inconvénients.

Les modèles mathématiques ont la cote chez les financiers. On les utilise à toutes les sauces. Les meilleurs étudiants en math et statistique ne se dirigent d’ailleurs plus vers l’enseignement ou la recherche mais vers le secteur financier. Pourtant, la crise des subprimes a démontré que vouloir tout modéliser a aussi des inconvénients : lorsque la crise a éclaté en 2007, les régulateurs nationaux ont réalisé que les PDG des grandes banques ne comprenaient pas les modèles utilisés par leurs spécialistes financiers.

Malgré cette déconfiture monumentale, les modèles mathématiques ont encore tourné pour la Coupe du monde. Depuis 2006, c’est même devenu une habitude, la plupart des grandes banques font des paris pour savoir quelle sera l’équipe nationale qui arrivera en finale. Pour 2010, la plupart des modèles donnaient le Brésil gagnant ! Sans commentaire… Quant à l’Uruguay, aucun des pronostiqueurs bancaires n’avait imaginé qu’il arriverait en demi-finale. Même Paul le poulpe a fait mieux, nettement mieux.

En réalité, cette volonté de tout modéliser est en partie une erreur, conceptualisée par Nicholas Taleb sous la forme d’une “théorie du cygne noir”. Pour cet ancien trader, par ailleurs mathématicien et philosophe, toutes les personnes qui prétendent prédire l’avenir sont soit des charlatans, soit des incompétents. Pourquoi ? Parce que ces modèles ne laissent aucune part à l’imprévisible ou le considèrent comme tellement marginal qu’il n’est pas repris dans leur modèle.

Or, dit-il, avant le 17e siècle, tout le monde en Europe était convaincu que les cygnes étaient de couleur blanche. La probabilité de tomber sur un cygne d’une autre couleur était considérée comme nulle. Oui, sauf que des voyageurs, au 17e siècle, se sont rendus en Australie et ont vu des cygnes noirs. L’improbable s’est donc réalisé !

Que ce soit la faillite de la société Enron, les attentats du 11 septembre ou la crise des subprimes, nous sommes entourés de cygnes noirs et la finance a eu trop tendance à ne pas en tenir compte. C’est en tout cas le message un peu simplifié de ce trader qui a vendu des centaines de milliers d’exemplaires de son livre, Le Cygne noir. Si vous en avez le temps et l’envie, c’est une bonne lecture d’été.

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