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Crise : les 3 raisons d’espérer, selon le FMI

Les reculs en Bourse des entreprises impliquées dans des catastrophes écologiques seront-ils suffisants pour les inciter à améliorer la sécurité de leurs installations ? J’ai bien peur que la réponse soit encore négative.

12 milliards de dollars : tel serait le coût, pour BP, de la marée noire au large de la Louisiane selon l’estimation faite par UBS. Un montant “gérable” pour le groupe pétrolier, dont la banque suisse estime que le cash-flow opérationnel et le bilan lui permettraient de faire face à un montant maximal de 25 milliards de dollars. Pour mémoire, l’an dernier, BP avait dégagé 20 milliards de bénéfices en faveur de ses actionnaires.

Je parle de cette étude d’UBS, sortie cette semaine, pour une double raison. Primo, elle est supposée être utilisée par les investisseurs qui suivent cette action à la trace, les rassurer sur la capacité de rebond de la firme BP. Il est cependant clair que cette étude sera utilisée – et à raison – par tous ceux et celles qui dénoncent cette catastrophe écologique sans précédent. Bref, elle donnera du grain à moudre aux opposants de BP qui ont maintenant une base indépendante pour lui réclamer 12 milliards de dollars, si ce n’est encore plus !

Secundo, l’étude de l’institution helvétique permet de rappeler que, parfois, la Bourse peut donner tort aux firmes polluantes. A priori, cela semble étonnant, connaissant le côté amoral de la Bourse. C’est pourtant le résultat d’une étude menée par deux universitaires français sur l’impact boursier de 64 accidents écologiques, des accidents survenus entre 1920 et 2005. Ils en ont tiré quelques conclusions intéressantes.

Premier constat : si trois quarts des drames ont fait baisser le cours des groupes impliqués, l’impact n’a été significatif que pour un accident sur quatre. Deuxième constat : il y a une sorte de géographie boursière de la sensibilité à l’environnement. La Bourse du Japon sanctionne visiblement plus les actions des firmes fautives que les Bourses européennes et américaines.

Troisième constat, très cynique, hélas : l’importance de la baisse de l’action de la firme polluante dépend de la gravité de la pollution. Un décès ou un blessé grave, par exemple, se traduit par une baisse de 164 millions d’euros de la capitalisation boursière. Ce qui est une manière indirecte et cynique de donner un prix à une vie humaine. Plus coûteux encore est le rejet toxique dans la nature, qui se paie par une chute moyenne de 1 milliard de dollars. Si, en plus, la firme est récidiviste, on constate un début de morale, puisque la chute de l’action est encore plus prononcée !

La vraie question, posée par les auteurs de cette étude, est désormais de savoir si ces reculs en Bourse sont suffisants pour inciter les groupes industriels à améliorer la sécurité de leurs installations. J’ai bien peur que la réponse soit encore négative.

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