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Bruxelles : un modèle pour Washington

L’Europe est donc à nouveau en crise aigüe ? Pas vraiment. En fait, la crise s’est accentuée pour ses maillons faibles et le Portugal en fait à présent clairement partie. Par contre, il est remarquable que l’on n’a jusqu’ici pas assisté à l’effet de contagion qui s’était manifesté lors de périodes de tension précédentes. Le cas de la Belgique est à cet égard pour le moins réconfortant.

Déjà présentée comme critique, la situation du Portugal ne s’est évidemment pas améliorée la semaine dernière, avec le rejet des nouvelles mesures d’austérité et la chute du gouvernement. Jugé probable depuis la fin de l’an dernier, un sauvetage du pays par l’Europe semble maintenant inévitable aux yeux de nombreux observateurs, qui jugent quasiment impossible pour le pays de pouvoir couvrir ses besoins de financement durant les mois à venir. Le taux d’intérêt exigé de la dette à long terme émise par Lisbonne a repris sa courbe ascendante et frôle aujourd’hui les 8 %.

Même grimpette pour l’Irlande, à près de 10 %. Il faut savoir que ces taux ont quasiment doublé depuis la fin 2009 ! Voilà qui donne leur vraie dimension aux difficultés rencontrées par ces pays. Si l’on en juge par les fameux credit default swaps qui expriment le sentiment du marché sur la qualité du débiteur, le risque de restructuration des dettes portugaise et irlandaise est, en chiffres ronds, passé de 30 à 40 % durant le mois de mars.

L’Europe est donc à nouveau en crise aiguë ? Pas vraiment. En fait, la crise s’est accentuée pour ses maillons faibles et le Portugal en fait à présent clairement partie. Par contre, il est remarquable que l’on n’a jusqu’ici pas assisté à l’effet de contagion qui s’était manifesté lors de périodes de tension précédentes. Le cas de la Belgique est à cet égard pour le moins réconfortant. Le taux belge à 10 ans s’est stabilisé depuis le début du mois, l’écart avec l’Allemagne revenant à moins de 1 %. Plus remarquable encore est la situation de l’Espagne. Que n’a-t-on promis à Madrid de se retrouver dans la tourmente si le fusible portugais sautait ! Ce dernier ne l’a pas encore fait “officiellement”, c’est vrai, et la situation peut toujours se détériorer sans crier gare. En attendant, Madrid se paye le luxe d’une sympathique détente sur le marché obligataire : la dette espagnole à 10 ans a vu son taux fléchir de 0,2 % en mars, à contre-courant de la tendance générale.

Le pays n’a pourtant pas été épargné par les agences de rating, qui ont dégradé ses banques en masse, au motif que leur nécessaire recapitalisation ne semble pas gagnée d’avance. Mais au moins les autorités ont-elles pris les devants. Outre une dette publique inférieure à celle de l’Allemagne, cette attitude espagnole inspire confiance au marché. Exactement comme le budget 2011 concocté par notre gouvernement en affaires courantes et le déficit budgétaire annoncé à 3,6 % seulement du PIB. Ce chiffre semble d’autant plus crédible que l’année 2010 s’est soldée par un déficit de 4,4 % à peine, contre les 4,8 % promis dans le programme de stabilité transmis aux autorités européennes.

Le jugement porté par les marchés financiers peut s’avérer émotif et excessif, mais il faut lui reconnaître une vision qui ne s’arrête pas au fétichisme des chiffres et prend en compte l’aspect dynamique des choses. Par ailleurs, si comparaison n’est pas raison, au moins est-elle mère de jugement. Le déficit budgétaire prévu par la Belgique se situe ainsi dans le bas de la fourchette européenne. Et que dire par rapport aux Etats-Unis ? Après une légère amélioration l’an dernier, le déficit va y replonger cette année : l’administration Obama prévoit 10,9 %, pas moins. Du reste, Washington est à cet égard en affaires courantes : le budget de l’exercice 2010-2011 n’est toujours pas voté ! La Belgique est vraiment un bon élève…

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