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Bienvenue, sale riche !

La Belgique, terre d’accueil. C’est bien connu. Bruxelles, en particulier, capitale de l’Europe, multiculturelle par excellence et par essence… Qu’il fait bon vivre, au plat pays !

La Belgique, terre d’accueil. C’est bien connu. Bruxelles, en particulier, capitale de l’Europe, multiculturelle par excellence et par essence… Qu’il fait bon vivre, au plat pays ! Et doux, surtout : sur les 30 dernières années, la station météorologique d’Uccle affiche fièrement une température moyenne de 10,5°C. N’est-ce pas fantastique, Monsieur Arnault ? Dommage, toutefois, que vous n’ayez pas élu domicile dans l’une de nos merveilleuses communes dites “à facilités”. Comme leur nom l’indique, celles-ci sont encore plus paisibles et tranquilles que leurs voisines du centre-ville. Francophones et Néerlandophones y cohabitent dans le plus grand respect et la plus grande tolérance. Pour preuve : vous recevez même vos convocations électorales dans les deux langues ! D’abord en néerlandais – après tout, les communes à facilités sont en Flandre, merde – et puis en français (il paraît qu’une loi stipule que l’on peut demander expressément – mais séparément, ce serait trop facile – chaque document administratif dans sa langue maternelle).

Et que dire de l’accueil réservé aux investisseurs ? Pour vous inciter à créer de l’emploi chez nous, de multiples institutions sont prêtes à vous donner un coup de pouce : le Fonds de Participation, la Région de Bruxelles-Capitale (représentée officiellement par l’Administration de l’Economie et de l’Emploi pour les matières économiques et financières), l’Agence Bruxelloise pour l’Entreprise, La Société de Développement pour la Région de Bruxelles-Capitale, la Société Régionale d’Investissement de Bruxelles, sans oublier la chambre de commerce bruxelloise, Brussels Enterprises Commerce and Industry (vous apprécierez certainement chez nous l’usage fréquent de l’anglais, qui permet entre autres de ne pas montrer à un concitoyen habitant l’autre moitié du pays que vous parlez sa langue – question de modestie. Mais si vous êtes Français, n’ayez crainte : on vous adressera assurément la parole dans la langue de Molière, question de politesse). Tout cela est d’une simplicité déconcertante.

Alors, séduit ? Nous, petits Belges, le sommes en tout cas. Que de sales riches français viennent trouver refuge dans les 161 kilomètres carrés qui font encore tenir la Belgique en un seul morceau, cela nous honore… Et si cela peut renflouer les caisses de notre Etat (con)fédéral en prime, c’est encore mieux. Rassurez-vous, donc : chez nous, vous serez chou-chou-té. En tout cas, nul question de patriotisme ici – “être fier d’être Belge”, oui, mais seulement quand ça vous arrange, pas trop souvent donc, on ne vous embêtera pas avec ça.

Espérons simplement que votre “plan B” ne soit pas de filer à l’anglaise, une fois votre nouveau passeport en poche, vers un pays encore plus petit et accueillant que le nôtre. Ce serait dommage… Et ça obligerait nos journalistes à reparler de leurs sujets favoris : scission, élections, opposition, tout ça. Le luxe à la française, c’était pourtant un sujet plutôt glamour. Par les temps qui courent, c’est jamais de refus.

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