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BHV : aurait-on atteint le seuil de l’insupportable ?

BHV est le rideau de fumée derrière lequel se cache la loi de financement. Si ce pays fonce tout droit vers une faillite, c’est à cause de ce noeud gordien.

Les responsables politiques ont-ils été trop prudents dans leur décision de bloquer l’espace aérien suite au passage du nuage de cendres volcaniques ? Les conséquences sont, en effet, phénoménales.

Avec plus de 7 millions de passagers bloqués pendant plusieurs jours, la facture sera très salée pour les compagnies aériennes dont certaines étaient déjà financièrement très fragilisées. L’association internationale du transport aérien (IATA) a ainsi estimé que la fermeture du ciel européen pendant plusieurs jours avait un impact économique plus important que les attaques du 11 septembre. Une analyse tempérée par l’Institut de recherche européen, Capital Economics. Celui-ci estime que si le blocage aérien se poursuivait pendant deux semaines, entraînant une baisse de l’activité de 2 % par jour, le PIB européen pourrait diminuer de 0,3 % au deuxième trimestre. Mais ce chiffre risque d’être revu à la baisse puisque la diminution des activités aériennes est compensée, en partie, par une hausse des transports routiers et ferroviaires.


Quel que soit le montant de la note, de nombreuses voix s’élèvent pour critiquer l’application de ce fameux principe de précaution invoqué par nos hommes politiques. Celui-ci serait appliqué, à leurs yeux, avec trop de zèle. Et en ne prenant pas suffisamment en compte les données scientifiques. Pour prendre leurs décisions, les différents gouvernements nationaux se sont basés sur les bulletins d’alerte du Volcanic Ash Advisory Center (VAAC) situéà Londres, qui analyse les risques pour la Grande-Bretagne et l’Islande. Ses recommandations devaient être consultées toutes les six heures par les Européens, dont le secrétaire d’Etat à la Mobilité, Etienne Schouppe. Sur cette base, et en concertation avec l’administration générale du transport aérien et Belgocontrol, le secrétaire d’Etat a décidé de poursuivre la fermeture de l’espace aérien belge pendant plusieurs jours.


“Les messages du VAAC prennent en compte les risques théoriques mais pas suffisamment les conséquences réelles des cendres volcaniques sur les avions”, estime un acteur du secteur aéronautique. Un constat qui a poussé les compagnies à réaliser des vols tests pour constater sur le terrain, les dommages potentiels sur les avions. Mais les critiques notamment des compagnies comme Lufthansa et Air Berlin ont laissé de marbre le ministre allemand des Transports, Peter Ramsauer. Celui-ci a simplement rétorqué que toute autre décision aurait été”irresponsable”, la sécurité des passagers étant en jeu.


Même s’il ne faut pas exclure une trop grande frilosité de nos responsables politiques, il ne faudrait pas, pour autant, jeter le bébé avec l’eau du bain. Dans de nombreux domaines, l’application stricte du principe de précaution s’est révélée très utile, que ce soit dans le domaine médical, l’usage des pesticides ou des additifs alimentaires. Dans le dossier de la vache folle, il a également permis de débouter la Grande-Bretagne, qui contestait l’embargo sur ses exportations de viande en 1996.


Cet épisode renforce également la nécessité d’une meilleure coordination européenne. Il aurait été judicieux que les ministres des Transports se réunissent plus rapidement que cinq jours après les premiers bulletins alarmistes afin de coordonner leur politique. Et d’offrir ainsi une réponse cohérente à une problématique qui dépasse de loin, l’espace aérien national.

par Nathalie van Ypersele, Rédactrice en chef

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