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BCE, banques et Etat : on y perd son latin !

La Banque centrale européenne a été en quelque sorte hypocrite. Elle a aidé les Etats mais via les banques qu’elles a elle-même financées à du 1 %. Plutôt tordu, comme mécanisme…

Le vendredi 13 janvier n’a pas porté bonheur à l’Europe. Souvenez-vous : ce vendredi-là, l’agence de notation Standard & Poor’s avait dégradé la note de neuf pays sur les dix-sept de la zone euro. L’information aurait même fait plus de grabuge si le naufrage du Costa Concordia n’avait occupé la une des journaux télévisés. Et pourtant, malgré cette dégradation d’une bonne partie de la zone euro, les marchés financiers n’ont pas réagi à cette nouvelle et les taux d’intérêt auxquels empruntent les Etats n’ont pas augmenté, comme on aurait pu s’y attendre.

Comment expliquer cette indifférence des marchés financiers envers cette dégradation décidée par S&P, une agence qui se révèle être le véritable patron de l’Europe puisque tous les budgets sont réalisés en fonction de ce qu’elle pense, dit ou écrit ?

Il semblerait que, si les Etats de la zone euro peuvent continuer à se financer à un taux raisonnable, c’est en partie grâce à la Banque centrale européenne. A la fin du mois de décembre, la BCE a en effet indiqué aux banques qu’elles pouvaient venir se financer à son guichet de manière illimitée. Et ce, à 1 % seulement et pendant trois ans.

Autrement dit, la BCE a permis aux banques européennes de demander autant d’argent qu’elles le voulaient et n’exigeait en contrepartie qu’un petit pour cent de taux d’intérêt. Avec le secret espoir que les banques européennes aillent se financer chez elle à du 1 % pour replacer cet argent en achetant, par exemple, de la dette espagnole à trois ans, qui rapporte du 3,38 %.

En d’autres termes, grâce à la BCE, les banques européennes font une très belle affaire et les Etat en difficulté de la zone euro se font aider indirectement par la BCE. Indirectement, car, comme vous le savez, les traités européens interdisent à la BCE de financer directement les Etats.

La Banque centrale européenne a été en quelque sorte hypocrite. Elle a aidé les Etats mais via les banques qu’elles a elle-même financées à du 1 %. Je reconnais que c’est tordu comme mécanisme : on prête de l’argent à des banques pour qu’elles reprêtent cet argent aussitôt aux Etats mais à un taux plus élevé, au lieu de directement prêter à ces Etats à un taux plus faible. Avouez qu’il y a de quoi perdre son latin.

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