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Voici comment expliquer la folie des prêts à taux négatifs

Les épargnants ont tendance à se plaindre – à juste titre – que leur compte d’épargne classique ne rapporte quasi plus rien, mais il y a pire encore. Aujourd’hui, des investisseurs prêtent à des États de la zone euro à des taux d’intérêt négatifs !

C’est a priori absurde, comme le fait remarquer l’économiste Nouriel Roubini, dans l’une de ses chroniques : qui pourrait bien vouloir prêter une somme en échange d’un rendement nominal négatif ? Alors même qu’il pourrait se contenter de garder son cash et ne pas se retrouver perdant à terme ! Pourtant, malgré cette remarque de bon sens, des investisseurs sophistiqués persistent à prêter à des pays qui leur offrent des rendements négatifs sur plusieurs années. Alors, comment expliquer ce qui s’apparente à de la folie ?

Voici comment expliquer la folie des prêts à taux négatifs

La première explication, c’est que ces investisseurs ne sont pas fous. Prenez le cas de la Suisse. Si vous aviez détenu des actifs en francs suisses, pays qui pratique des taux d’intérêt négatifs, lorsque cette monnaie a décroché de l’euro en début d’année, vous auriez gagné un rendement de 20% du jour au lendemain. Pour résumer, le taux d’intérêt négatif représente parfois le prix à payer pour éventuellement bénéficier, plus tard, d’une appréciation de la monnaie dans laquelle vous êtes investis.

Mais bon, cette explication ne peut pas justifier que d’autres investisseurs mettent leur argent dans des obligations allemandes, qui elles aussi donnent des rendements négatifs, mais qui à la différence sont, elles, en euros. Et l’euro, au lieu de s’apprécier, n’en finit pas de se déprécier, notamment par rapport au dollar ! Donc, pourquoi acheter des obligations d’Etat allemandes qui offrent un rendement négatif ?

Là, l’explication c’est que les banques, les fonds de pension et surtout les compagnies d’assurance qui investissent dans ces produits n’ont pas le choix. Le législateur leur impose de détenir des obligations très sûres, comme des obligations allemandes, belges ou françaises. Donc, même si les taux offerts par ces obligations sont négatifs, elles n’ont pas le choix et doivent les acheter.

Évidemment, cela ne fait pas leur affaire, car si on prend l’exemple des compagnies d’assurance, celles-ci se sont engagées à garantir un certain rendement à leurs souscripteurs. Et comme elles n’y arrivent pas – ou plus – avec des taux négatifs, la totalité de ces compagnies d’assurance diminue le rendement garanti à leurs assurés. Vous trouvez que tout cela n’a ni queue ni tête ? Rassurez-vous, vous êtes normal.

Seulement voilà, il faut savoir que ces taux d’intérêt sont maintenus artificiellement près de zéro par la Banque centrale européenne. C’est voulu, le but des taux d’intérêt négatifs est de nous forcer à ne plus épargner, mais à dépenser pour relancer la machine économique. Les économistes appellent d’ailleurs cela “la répression financière”. La prochaine fois que vous irez à un guichet de banque, dites à votre agent bancaire que vous êtes une victime de la répression financière. Vous n’aurez pas un meilleur rendement, mais au moins cela le fera rigoler !

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