Vers une pause sur les taux de la Fed, en attendant septembre

Donald Trump et Jerome Powell © Reuters

La banque centrale américaine (Fed) devrait laisser ses taux d’intérêt inchangés mercredi à l’issue d’une réunion de politique monétaire, observant une pause qu’anticipaient déjà les marchés avant les critiques de Donald Trump vis-à-vis des tours de vis monétaires.

Le Comité monétaire (FOMC), qui a déjà relevé les taux en juin, publiera un communiqué à 18H00 GMT à l’issue de cette réunion ordinaire qui ne comporte pas de conférence de presse du président de la Fed, Jerome Powell.

Les économistes seront à l’affût d’indices sur les intentions de la banque centrale, qui devrait confirmer son projet de poursuivre sa hausse graduelle du coût de l’argent comme l’a indiqué Jerome Powell devant le Congrès mi-juillet.

La Fed surveille de près l’économie pour éviter une surchauffe alors que la croissance a accéléré au 2è trimestre à son plus haut niveau depuis quatre ans, à 4,1% en rythme annuel.

“La solidité de l’activité économique devrait nourrir une augmentation des prix plus rapide au cours de l’année”, avertissaient les économistes de Capital Economics dans une note.

Mais l’inflation, qui a touché depuis peu la cible de 2% que la Fed juge favorable à l’économie, est restée stable en juin à 2,2% comme en mai, selon l’indice PCE publié mardi, ce qui ne plaide pas pour une hausse immédiate. La banque centrale a le double mandat de veiller à la stabilité des prix tout en soutenant l’emploi.

Les membres du Comité “vont sans doute attendre septembre car ils n’ont pas encore introduit le nouveau rythme des conférences de presse” du patron de la Fed après chaque réunion, a expliqué à l’AFP Randall Kroszner, un ancien membre de la banque centrale.

Depuis 2011, une conférence de presse est organisée au cours d’une réunion sur deux seulement et la Fed n’a jamais agi sur les taux lors des réunions ordinaires sans explications devant la presse.

A partir de janvier, Jerome Powell va introduire ce rendez-vous d’explication après chaque réunion dans l’intention de donner plus de transparence et de flexibilité à la banque centrale.

– Hausse avant les élections –

La Fed entend relever les taux d’intérêt d’un quart de point de pourcentage encore deux fois cette année pour les porter à 2,5%, ce qui ne plaît pas à Donald Trump. Ils se situent actuellement entre 1,75% et 2%.

Rompant avec la tradition de respect de l’indépendance de la Réserve fédérale, le président américain ne s’est pas gêné pour dire qu’il n’était “pas content” de la hausse des taux qui fait grimper le dollar et contrecarre ses objectifs de réduction du déficit commercial des Etats-Unis. Un dollar plus fort rend les produits américains moins compétitifs à l’exportation.

Si ses commentaires n’ont guère porté à conséquence –il a ajouté bien vouloir “les laisser faire ce qu’ils estiment être le mieux” –, la perspective d’un relèvement des taux en septembre, à l’approche des élections législatives de mi-mandat de novembre, risque d’être plus délicate. Le locataire de la Maison Blanche pourrait se livrer à “des tweets véhéments”, craint Alan Blinder, un ancien vice-président de la Fed.

D’autant que la banque centrale américaine apparaît résolument seule sur la voie du resserrement monétaire, ce qui soutient le dollar. Jeudi, la Banque centrale européenne (BCE) n’a pas paru pressée de sortir de sa politique accommodante, réaffirmant que les taux européens allaient rester à leur plus bas niveau “au moins jusqu’à l’été 2019”. Quant à la Banque du Japon (BoJ) qui se débat avec la désinflation, elle a indiqué mardi qu’elle comptait “maintenir les très bas niveaux actuels des taux d’intérêt sur une longue période”.

Au cours de cette réunion du FOMC à Washington, les tensions commerciales et leur impact éventuel sur l’économie devraient être à l’ordre du jour alors que le Livre Beige, rapport de la Fed sur la conjoncture, a signalé que de plus en plus d’entreprises se montraient inquiètes de la mise en place de tarifs douaniers par Washington et ses partenaires commerciaux.

Une escalade dans le conflit commercial est susceptible d’accélérer la hausse des prix si les produits importés deviennent plus onéreux, tandis que les incertitudes autour du commerce peuvent aussi ralentir l’économie.

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