USA: la Fed relève ses taux pour la première fois en presque dix ans

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La banque centrale américaine (Fed) a relevé mercredi son taux d’intérêt directeur pour la première fois en presque dix ans, comme s’y attendaient les marchés, selon un communiqué du Comité de politique monétaire (FOMC).

Le taux interbancaire au jour le jour, qui évoluait depuis fin 2008 entre 0 et 0,25% afin de soutenir la reprise, est relevé d’un quart de point pour passer à une fourchette de 0,25% à 0,50%. Le Comité a aussi promis que le relèvement des taux serait ensuite “graduel”. Avec cette décision historique, la Fed tourne la page de la politique monétaire à taux zéro, adoptée dans le sillage de la crise financière il y a sept ans.

Les membres du FOMC jugent que les taux d’intérêt se situeront autour de 1,4% à la fin de 2016, selon une projection médiane inchangée par rapport à septembre. Dans son communiqué, le Comité estime que le marché de l’emploi s’est “considérablement amélioré” cette année et se dit confiant dans la remontée de l’inflation vers son objectif de 2%. “Vu les perspectives économiques et reconnaissant le délai que prennent les actions de politique monétaire pour agir sur l’économie, le Comité a décidé de relever la cible d’évolution des taux sur les fonds fédéraux de 0,25% à 0,50%”, dit le communiqué qui assure que la politique monétaire demeure “accommodante” après cette hausse.

La Fed, qui avait hésité en septembre à passer à l’acte à cause des inquiétudes sur le ralentissement de l’économie chinoise notamment, indique qu’elle continuera à surveiller “les développements internationaux”Pour la suite de l’évolution des taux, “le Comité s’attend à ce que les conditions économiques évoluent de manière à requérir seulement des hausses graduelles des taux sur les fonds fédéraux”, son principal outil de politique monétaire. Il souligne aussi que le cours des taux dépendra “des données économiques”.

La Fed, qui signale des dépenses de consommation “solides”, a très légèrement relevé sa projection de la croissance en 2016 à 2,4% contre 2,3% précédemment pour retomber à 2,2% en 2017 et 2% en 2018. Pour 2015, elle projette que l’expansion n’a pas dépassé 2,1%. Le taux de chômage devrait poursuivre son recul à 4,7% l’année prochaine (au lieu de 4,8% précédemment estimé) contre 5% cette année. Le Comité monétaire se dit “raisonnablement confiant” dans le fait que l’inflation va augmenter. Il l’estime à 1,6% en 2016 contre 0,4% cette année, puis 1,9% en 2017 et 2% en 2018, selon l’indice PCE Au niveau de la gestion des actifs achetés massivement au cours de la politique ultra-accommodante (QE), la Fed indique qu’elle va continuer à réinvestir dans les bons du Trésor qui arrivent à maturité, “jusqu’à ce que la normalisation” des taux d’intérêt “soit en bonne voie”. La Fed a également relevé le taux d’intérêt payé sur les réserves excédentaires des banques, qui passe à 0,50%.

Wall Street accepte la hausse des taux de la Fed et monte nettement

Wall Street a nettement monté mercredi, après la décision historique de la Réserve fédérale (Fed) de relever ses taux, retenant surtout le ton mesuré de la banque centrale américaine: le Dow Jones a pris 1,28% et le Nasdaq 1,52%.

Selon des résultats définitifs, l’indice vedette Dow Jones Industrial Average a gagné 224,18 points à 17.749,09 points, et le Nasdaq, à dominante technologique, 75,77 points à 5.071,13 points.

L’indice élargi S&P 500, le plus suivi par de nombreux investisseurs, a avancé de 29,66 points, soit 1,45%, à 2.073,07 points.

“Les marchés étaient prêts à monter dès la décision de la Fed, du moment qu’ils n’aient pas de mauvaise surprise”, a jugé Michael James, de Wedbush Securities.

Après des mois de spéculations, le Comité de politique monétaire de la Fed (FOMC) a annoncé, à l’issue d’une réunion de deux jours, le premier relèvement de ses taux depuis dix ans, ce qui marque le modeste début du retrait d’un précieux soutien de l’économie mais n’a en rien affolé les investisseurs.

“Les marchés s’attendaient à cette hausse de 0,25 point de pourcentage, ainsi qu’à des propos relativement prudents de Janet Yellen”, présidente de la Fed, “et c’est ce que l’on a eu dans le communiqué” de la banque centrale “puis lors de sa conférence de presse”, a expliqué M. James.

A partir de 2008, l’économie américaine avait été durement frappée par la pire crise économique et financière des 70 dernières années. La croissance avait timidement repris dès 2009 et s’était poursuivie depuis, incitant la Fed à progressivement mettre fin à sa politique de soutien.

La Banque centrale a en effet pris un ton attentiste dans le communiqué qui accompagnait la décision, en mettant l’accent sur l’aspect “graduel” de ses futures actions, puis Mme Yellen a confirmé cette prudence en prévenant qu’il ne fallait pas “surestimer” la signification de cette première hausse des taux.

“C’est seulement 25 points de base”, a-t-elle affirmé soulignant que la politique monétaire demeurerait “accommodante” et qu’elle évoluerait de façon “graduelle”.

Les responsables de la Fed “ont eu tellement de peine à arriver à remonter les taux que la dernière chose qu’ils voulaient c’était de faire peur”, a conclu Gregori Volokhine, de Meeschaert Financial Services, notant par ailleurs leur unanimité à voter pour ce début de normalisation.

“Je crois que la première chose que les Américains devraient réaliser est que la décision de la Fed reflète notre confiance dans l’économie américaine”, a poursuivi la patronne de la Fed.

Signe que les investisseurs prenaient autant en compte le manque d’empressement affiché par la Fed que la hausse des taux en elle-même, le billet vert, qui devrait a priori nettement profiter de la hausse des taux, ne se renforçait qu’un peu face à l’euro, à 1,0911 dollar vers 22H00 GMT (23H00 en Belgique) contre 1,0930 dollar la veille vers la même heure, et face à la devise japonaise, à 122,26 yens pour un dollar.

Les mouvements des changes restent très mesurés par rapport au renforcement massif de l’euro début décembre. Ce bond avait suivi des annonces de la Banque centrale européenne (BCE), qui prend certes une voie opposée à la Fed en renforçant son soutien à l’économie, mais ne l’a pas fait de façon assez marquée pour satisfaire des cambistes aux attentes très élevées.

Le marché obligataire baissait, comme avant les annonces de la Fed. Vers 21H20 GMT (22H20 en Belgique), le rendement des bons du Trésor à dix ans montait à 2,296% contre 2,269% mardi soir, et celui des bons à 30 ans à 3,004% contre 2,993% précédemment.

Le Nikkei bondit de 2,35% après la décision de relèvement de taux de la Fed

L’indice Nikkei de la Bourse de Tokyo bondissait de quelque 2,35% jeudi matin, après +2,6% mercredi, dopé par le regain du dollar et la hausse de Wall Street suite au relèvement de taux décidé par la Réserve fédérale américaine (Fed).

Quelques dizaines de minutes après le début des transaction, le Nikkei des 225 valeurs vedettes augmentait de 447,28 points à 19.497,19 points.

L’indice élargi Topix de tous les titres du premier tableau gagnait pour sa part 2,15% à 1.573,89 points (+33,17 points).

Sur le volet des changes, le dollar s’affichait alors entre 122,45 et 122,50 yens contre 121,85 yens mercredi à la clôture, un mouvement favorable aux titres des entreprises exportatrices japonaises, tandis que l’euro est descendu autour de 133,18 yens contre 133,30 yens.

La banque centrale américaine (Fed) a pris mercredi la décision largement anticipée de relever ses taux pour la première fois en près de 10 ans, un pas important en direction de la normalisation de sa politique monétaire.

Ce geste d’une portée internationale entraîne pour le moment des répercussions plutôt mesurées sur les marchés.

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