Une mort douce pour les “centimes rouges”?

L’idée du ministre Koen Geens d’un arrondi symétrique des prix dans le commerce devrait très fortement réduire la circulation des pièces de 1 et 2 centimes. Mais avec quel impact ?

En Belgique, BNP Paribas Fortis vient de lancer la troisième édition des “centimes rouges” en faveur des banques alimentaires. Mais les Belges ne raffolent pas des pièces cuivrées de 1 et 2 centimes d’euro qui encombrent leurs poches. Elles sont “très peu utilisables, note un récent rapport de la Banque nationale de Belgique (BNB). Elles sont souvent rendues aux consommateurs par les commerçants et sont difficilement utilisables par la suite vu leur valeur faciale très limitée.”

C’est pour cette raison que dès le début du mois d’octobre, Koen Geens, ministre des Finances, a émis l’idée d’un “arrondissement symétrique” des montants à payer. C’est-à-dire que les commerçants arrondiraient le montant à payer au plus proche multiple de 5 centimes, tantôt à la hausse (pour les montants se terminant par 3,4,8 ou 9 centimes par exemple), tantôt à la baisse (pour les montants se terminant alors par 1,2,6 ou 7 centimes). Cela aurait pour effet de considérablement réduire leur circulation. Cette idée, l’UCM la défend, arguant notamment que ces pièces posent des problèmes de caisse et font perdre du temps aux commerçants. Selon le rapport de la BNB, les commerçants doivent sans cesse demander ces pièces à leur banque. Du coup “la Monnaie royale continue à faire face à une demande élevée pour ces pièces, engendrant une hausse continue du nombre de pièces mises en circulation et dont une large part est perdue ou thésaurisée.” Pour 2015, la BNB et la Monnaie royale estiment à 40 millions le nombre de pièces de 1 et 2 centimes à produire !

Elles coûtent plus qu’elles ne valent Or leur coût de production est largement supérieur à leur valeur faciale : il serait compris entre 2 et 2,5 centimes d’euro… sans compter leur stockage et leur transport. Bref, la production 2015 coûterait entre 800.000 et 1 million d’euros pour une valeur faciale comprise entre 400.000 et 800.000 euros.

Un arrondi symétrique doit permettre, selon la BNB, d’augmenter la satisfaction des Belges, de réaliser des économies sur leur production et même de bénéficier aux banques et aux commerçants. Pourtant, le Syndicat des indépendants et des PME (SDI) pointe du doigt les frais que la mise à jour des caisses enregistreuses engendrera pour les commerçants, soulignant que certains pays ont opté pour un tel mécanisme et que “les conséquences sur le commerce de détail n’ont pas été négligeables”. Le SDI réclame des aides pour les commerçants et demande des précisions sur pas mal de points : quid des paiements électroniques ? Et de la TVA sur les ventes ?

La BNB de son côté pointe l’exemple de la Finlande — qui n’a jamais produit ces centimes et, surtout, celui des Pays-Bas où l’arrondi a été mis en place en 2004 et où “il a été accueilli favorablement et sans réticence significative aussi bien de la part des commerçants que des consommateurs”. La BNB ne s’attend pas à ce qu’une telle mesure ait un impact sur l’inflation. Par contre, cela pourrait augmenter la demande de pièces de 5 centimes qui devraient être nettement plus utilisées qu’aujourd’hui.

CHRISTOPHE CHARLOT

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