Troisième sauvetage pour Dexia

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L’ancien groupe bancaire Dexia est à nouveau au bord du gouffre. Les Etats ont volé cette nuit à son secours pour la troisième fois ! Paris et Bruxelles ont ainsi décidé de le recapitaliser pour un montant de 5,5 milliards d’euros, dont la Belgique assumera 53 pour cent, soit près de 2,915 milliards d’euros, contre 47 pc pour Paris.

Après avoir mis la main au portefeuille en 2008 et en 2011 pour le sauver du naufrage, Paris et Bruxelles viennent à nouveau de renflouer Dexia. L’ancien groupe bancaire avait un besoin urgent d’argent frais pour survivre. La Belgique et la France ont ainsi conclu un accord dans la nuit de mercredi à jeudi concernant la recapitalisation du groupe. Les deux pays ont décidé de recapitaliser Dexia pour un montant de 5,5 milliards d’euros, dont la Belgique assumera 53 pour cent, soit près de 2,9 milliards d’euros.

En cours de dissolution, le holding résiduel a en effet vu fondre ses fonds propres au cours des derniers mois. En cause : les 90 milliards de garanties consenties par les Etats (et dont la Belgique endosse à ce jour 51,4 %). Sans ces dernières, Dexia n’est pas viable. Mais elles lui coûtent cher. Au même titre que diverses cessions de filiales réalisées dernièrement avec de lourdes pertes (notamment DenizBank). D’où la nécessité d’une injection de capitaux pour éviter la faillite. Un scénario dont on craint l’effet domino dévastateur sur le système financier belge et européen. “Le gouvernement n’a, de fait, pas eu le choix, affirme Bruno Colmant, partner chez Roland Berger. Laisser tomber Dexia n’est pas une option. Les conséquences d’une recapitalisation pour les finances du Royaume sont de loin inférieures à celles d’une faillite. Dans ce cas-là, les garanties des Etats seraient immédiatement activées. La Belgique serait théoriquement amenée à décaisser jusqu’à 54 milliards d’euros, puisqu’elle garantit une partie du passif de Dexia. Ce qui signifierait un gonflement de sa dette publique d’environ 15 %. Une situation qui se traduirait immédiatement par un abaissement de son rating et une hausse de ses taux d’intérêt sur les marchés obligataires.” Quant au non-respect de ces garanties, ajoute Bruno Colmant, “il pourrait s’assimiler à un défaut technique de l’Etat belge”. Sans compter que les actionnaires de Dexia pourraient se retourner contre lui.

Renégocier les garanties
Qu’importe le montant de l’augmentation de capital, mieux vaut donc remettre au pot maintenant que d’activer des garanties qui feraient reposer sur les épaules des contribuables belges, français et luxembourgeois, un poids très lourd. A moins d’entrevoir des solutions plus structurelles, comme le suggère Georges Gilkinet, député fédéral Ecolo et président de la commission des Finances de la Chambre. “Pourquoi ne pas essayer de définitivement régler le problème à travers le mécanisme européen de stabilité, avance-t-il. C’est peut-être une perspective à se donner.”

Tout comme il faut absolument, selon lui, renégocier le partage des garanties, ce qui a été décidé ce mercredi. Le plafond pour les garanties a ainsi été ramené de 90 milliards d’euros à 85 milliards et la partie belge des garanties a été dans le même temps abaissée de 60,5 pc à 51,4 pc. L’accord conclu avec la France réduit ainsi le risque pour l’Etat belge en cas de faillite de Dexia de quelque 10 milliards d’euros. Paris a également repris pour 9,4 milliards d’euros de crédits toxiques de Dexia Municipal Agency (DMA).

SÉBASTIEN BURON

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