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Taxer les banques… et c’est le client qui paiera!

Les banques vont donc devoir encore cracher au bassinet: 75 millions d’euros cette année et un peu plus de 100 millions l’an prochain. Ainsi en a décidé le gouvernement Michel, sur la base d’une proposition faite par son très médiatique ministre des Finances Johan Van Overtveldt (N-VA), collectant près de 200 millions auprès de ses “ouailles” pour les deux années à venir.

Cette nouvelle ponction vient s’ajouter aux contributions déjà existantes (taxe sur les dépôts, etc.). L’an dernier, l’ensemble de ces prélèvements représentait pour le secteur bancaire belge un total de 950 millions d’euros. Montant auquel il faudra donc ajouter 75 millions d’euros cette année. Résultat des courses : le secteur versera en 2015 plus d’un milliard à l’État à titre de “taxes bancaires”. Une lourde contribution à laquelle il faudra encore ajouter environ 350 millions d’euros réclamés par l’Europe pour alimenter le fonds de résolution. Autrement dit : pour les banquiers, la coupe est pleine. Les chiffres faisaient d’ailleurs récemment dire au CEO d’ING Belgique, Rik Vandenberghe, en tant que nouveau patron de Febelfin (la Fédération belge du secteur financier), que l’ “on était arrivé à un point de saturation en Belgique” en matière de taxes bancaires.

D’accord, pas d’accord ? En Belgique comme dans de nombreux autres pays, l’État a sauvé les meubles, ce qui mérite des compensations. C’est important au niveau des principes… et électoralement vendeur. Même s’il paraît délicat de mettre à contribution de la même manière la petite banque classique, qui n’a jamais pris de risque particulier, et les too big to fail (trop grosses pour faire faillite) qui ont mis le système en péril et ont nécessité l’intervention directe des pouvoirs publics. Tout comme on peut se poser la question de savoir si la hauteur de ces taxes bancaires n’est pas devenue excessive. Voire de nature à fragiliser la faible rentabilité retrouvée des banques, dont le gouverneur de la Banque nationale Luc Coene s’inquiète d’ailleurs régulièrement.

Le citoyen-épargnant n’a pas fini de payer pour les malheurs des banquiers

Ne soyons du reste pas naïfs. Car au-delà de ces questions relatives au fardeau que représentent ces taxes pour les banques et à leurs modalités d’application, une chose est certaine : le dindon de cette nouvelle controverse bancaire risque bel et bien d’être une fois de plus le consommateur. Sans le ressentir directement, les clients des banques paient en effet cash, et depuis plusieurs années déjà, la crise. Le gouvernement Michel, comme l’équipe Di Rupo avant lui, ne va pas bien loin pour trouver les milliards nécessaires à l’assainissement des comptes publics, voire au financement du fameux tax shift. Il se tourne naturellement vers la poche de la classe moyenne, des futurs pensionnés, des rentiers, et plus globalement des générations futures. Mais aussi dans celle des épargnants. Les banques ne manqueront pas, en effet, de reporter ces coûts (taxes) supplémentaires sur le client, soit en tirant encore un peu plus vers la rémunération du compte d’épargne soit en augmentant les tarifs de leurs services. Luc Coene n’a-t-il pas lui-même dernièrement plaidé pour une hausse des frais bancaires, histoire de conforter les marges de nos “chers” banquiers. Bref, le citoyen-épargnant n’a pas fini de payer pour les malheurs des banquiers.

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