Belfius dévoile sa stratégie et ses objectifs d’ici à 2020 (vidéo)

Le CEO de Belfius Marc Raisiere © BELGA

La bancassureur Belfius a dévoilé jeudi et vendredi à Londres les grandes lignes de sa stratégie pour les prochaines années, ainsi que ses objectifs pour le futur.

Belfius s’est fixé une série d’objectifs, tant financiers que commerciaux, à l’horizon 2020, dont la réalisation d’un bénéfice net consolidé supérieur à 600 millions d’euros, a annoncé le bancassureur vendredi à Londres dans le cadre de la présentation de ses “ambitions 2020”.

Cet objectif s’entend en tenant compte de l’impact négatif du “legacy”, le portefeuille hérité du groupe Dexia, qui devrait continuer à peser à hauteur d’environ 30 millions d’euros net, selon les estimations, sur les bénéfices de Belfius.

En 2015, Belfius a dégagé un bénéfice net de 506 millions d’euros, ce qui s’est traduit par le versement, cette semaine, d’un premier dividende de 75 millions d’euros à l’Etat belge, son actionnaire.

Le bancassureur s’est également fixé l’objectif d’un ratio “coût-revenus” inférieur à 60% en 2020, contre 64% actuellement. Pour y parvenir, le groupe retient le scénario d’une croissance de ses revenus de 2% et d’un “gestion stricte” de ses coûts, attendus en très légère hausse (+0,5%).

Ce contrôle strict des coûts ne nécessitera pas la mise en oeuvre d’un plan social, a rassuré le CEO de Belfius, Marc Raisière, soulignant la hausse des départs naturels attendus au sein du groupe à partir des années 2020-2021.

Belfius entend parallèlement conserver des niveaux de solvabilité et de liquidité robustes, au-delà des exigences réglementaires, selon son directeur financier, Johan Vankelecom.

Par ailleurs, le bancassureur souhaite poursuivre son soutien à l’économie belge et s’est fixé l’objectif de réaliser pour 60 milliards d’euros de financements sur la période 2016-2020, contre 13,6 milliards de prêts en 2015.

Belfius mise sur les “smart cities”

Raisière loue la “grande sérénité” dans les relations avec l’Etat

“C’est à l’actionnaire”, soit l’Etat belge, qu’il reviendra “de s’exprimer” en temps voulu sur l’avenir de Belfius, a encore estimé Marc Raisière, tout en louant la “grande sérénité” dans les relations avec le gouvernement et l’importance d’un ancrage belge pour le bancassureur.

“Aujourd’hui, il y a une grande sérénité dans les relations”, a résumé Marc Raisière, alors que les mandats de plusieurs administrateurs de Belfius, dont son président Jos Clijsters, ont été renouvelés pour quatre ans mercredi lors de l’assemblée générale du groupe, qui a dans la foulée versé ce vendredi son premier dividende de 75 millions d’euros à son actionnaire public.

“Le gouvernement ne s’attendait sans doute pas à recevoir si vite un dividende”. Une rémunération de l’actionnaire qui devrait atteindre “un minimum de 150 millions d’euros” l’année prochaine, a laissé entendre le CEO de Belfius.

Alors qu’en 2014, au moins trois scénarii étaient sur la table au sujet de l’avenir de Belfius, la piste de la vente à un groupe étranger a été écartée. Restent les options du placement d’un bloc d’actions, de l’entrée au capital de l’un ou l’autre investisseur ou d’une introduction en Bourse. “Aujourd’hui, on est très satisfait de ne pas être coté vu la volatilité des marchés”, a encore commenté Marc Raisière, tout en soulignant l’importance d’un ancrage belge et d’avoir en l’Etat “un partenaire stable”.

Mobile banking

La bancassureur avait déjà dévoilé jeudi à Londres les grandes lignes de sa stratégie pour les prochaines années, dont l’une des ambitions est d’offrir la possibilité à ses clients, d’ici 2020, de souscrire à l’ensemble de ses produits bancaires et d’assurances via le mobile banking.

Le bancassureur se positionne déjà comme l’un des leaders du mobile banking (via smartphone, tablette…) en Belgique avec actuellement plus de 650.000 utilisateurs mobiles actifs. Un nombre “en croissance exponentielle” d’environ 1.000 nouveaux utilisateurs par jour, selon Belfius, qui serait, à en croire une étude du cabinet de conseil McKinsey, parmi le top 10 mondial des entreprises qui affichent la plus forte croissance dans les services bancaires mobiles.

Les possibilités offertes par le numérique sont une “formidable source d’opportunités” pour le secteur de la bancassurance au point de vue de la relation avec les clients et de l’efficacité opérationnelle, estime Marc Raisière, le CEO de Belfius, pour qui le smartphone deviendra à terme “la première agence bancaire”. “Tous les développements seront d’abord mobiles”, promet-il encore.

Ces évolutions, pour lesquelles Belfius a prévu d’investir environ 100 millions d’euros au cours des trois prochaines années, iront de pair avec une réduction du nombre d’agences. A l’instar de toutes les grandes banques belges, Belfius voit son réseau se modifier tant qualitativement (importance accrue des rendez-vous, des conseils spécialisés, gestion de relations locale) que quantitativement. Le bancassureur, dont le réseau de 722 agences a la particularité d’être composé à 80-85% d’indépendants, ne s’avance toutefois pas à chiffrer le nombre de disparitions d’agences dans les prochaines années.

“Les assurances ne sont pas à vendre”; “pas de taux négatifs”

Par ailleurs, le modèle de bancassurance de Belfius est “durable” et les activités d’assurances ne sont dès lors certainement pas à vendre, a encore déclaré Marc Raisière, dans le cadre de la présentation de la stratégie du groupe.

Au contraire d’une vente, Belfius ne s’interdit pas de songer à une possible acquisition dans le secteur des assurances, a laissé entendre M. Raisière.

Le patron de la banque a en outre rappelé son point de vue selon lequel le taux minimum légal de 11 points de base sur les livrets d’épargne, en vigueur en Belgique, “n’est pas sain”, vu le contexte de taux au plancher dû à la politique ultra accommodante de la BCE. Pour autant, il n’est pas question de taux d’intérêt négatifs pour les comptes d’épargne de la clientèle retail, a-t-il assuré.

Marc Raisière a par ailleurs précisé avoir signé hier/mercredi “un virement de 75 millions d’euros en faveur de l’Etat belge”. Cette opération, qui représente les premiers dividendes versés par Belfius à son actionnaire public, et correspond à un exercice 2015 soldé sur un bénéfice net de 506 millions d’euros, devrait se répéter à l’avenir au gré des bons résultats dégagés par le bancassureur.

M. Raisière s’est enfin félicité du “grand professionnalisme” du gouvernement belge, qui a permis lors de l’assemblée générale mercredi la prolongation du mandat de plusieurs administrateurs de Belfius, dont son président Jos Clijsters, ce qui permettra “une grande continuité dans la gestion de l’entreprise”.

Belfius s’allie avec Accenture dans les ‘FinTech’

Enfin, le bancassureur Belfius a noué un partenariat avec le cabinet de conseils Accenture dans le domaine des ‘FinTech’, ou technologies financières. Le début de cette collaboration a été officialisé jeudi à Londres, ville considérée par d’aucuns comme la capitale européenne du ‘FinTech’, par la signature d’une lettre d’intention.

Dans un premier temps, le partenariat s’articulera autour de trois idées concrètes, “trois projets en cours de maturation”, qui n’ont pas été dévoilés mais qui tournent autour des “solutions de banque mobile et d’analyse”, des “solutions de paiement à l’ère de l’internet des objets” et de la “robotique dans les services financiers”.

L’objectif des deux partenaires est de tester les idées pour déterminer, endéans quelques semaines, si elles peuvent déboucher sur des solutions concrètes et crédibles et, dans la foulée, donner lieu à la création de start-ups ‘FinTech’. Les sociétés créées bénéficieront à terme, pour se développer, d’une infrastructure dont le lieu n’a pas été précisé. Elles pourraient également être financées dans un premier temps par Belfius et/ou Accenture, qui ne ferment pas la porte à l’apport d’autres partenaires potentiels.

Les start-ups ‘FinTech’, qui offrent des services financiers innovants (financement participatif, paiements mobiles, banque en ligne, …) par le biais des nouvelles technologies, sont souvent perçues comme des concurrents voire des menaces pour les grandes banques traditionnelles. Les rapports entre les deux sont toutefois passés “d’un angle de compétition à un angle de collaboration”, souligne-t-on chez Belfius et Accenture, évoquant l’exemple de plusieurs grandes banques européennes qui se sont récemment lancées dans des collaborations avec des ‘FinTech’.

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