Standard and Poor’s dégrade à nouveau la note de la France

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L’agence de notation américaine S&P a abaissé d’un cran la note financière de la France à AA au lieu de AA+. Elle juge que la marge de manoeuvre fiscale du pays s’est réduite et critique l’efficacité de la politique conduite.

Surprise. Et elle est mauvaise. L’agence d’évaluation financière Standard & Poor’s a abaissé vendredi d’un cran la note de la France, à “AA”, estimant que le pays avait perdu de sa marge de manoeuvre financière et n’était pas en mesure de se réformer davantage en raison du maintien d’un chômage élevé.

La nouvelle note attribuée à la France est la troisième meilleure possible dans la classification de S&P. Sa perspective est “stable”, ce qui implique que l’agence n’envisage pas de la modifier de nouveau à court ou moyen terme.

S&P avait été la première grande agence internationale à priver la France de la meilleure note possible (le “AAA”) en janvier 2012, la dégradant alors à “AA+”. Elle avait été suivie par la suite par ses concurrentes Moody’s et Fitch Ratings. Elle est de nouveau la première à abaisser de nouveau sa note.

La France a perdu des marges de manoeuvre face aux déficits Dans un communiqué, S&P explique sa décision par une analyse que “la marge de manoeuvre budgétaire de la France s’est réduite, alors (qu’il) la considér(ait) auparavant comme élevée au regard des pays comparables”. “Notamment, remarque l’agence, il nous semble que les pouvoirs publics disposent désormais d’une marge de manoeuvre réduite pour augmenter les recettes”, et donc de réduire l’endettement du pays.

“Nous considérons que les mesures de politique économique mises en oeuvre depuis depuis le 23 novembre 2012 (date à laquelle S&P avait confirmé la note du pays) n’ont pas réduit de manière significative le risque que le taux de chômage reste au-dessus de 10% jusqu’en 2016”, fait valoir l’agence.

Elle estime aussi “que le niveau actuel du chômage amoindrit le soutien populaire en faveur de nouvelles réformes structurelles et sectorielles et affecte les perspectives de croissance à plus long terme”.

Moscovici et Ayrault contestent le jugement de S&P Le ministre de l’Économie et des Finances Pierre Moscovici “regrette la décision de l’agence de notation Standard and Poor’s de porter la note de long terme de la France à ‘AA’ avec perspective ‘stable'” et “déplore les jugements critiques et inexacts portés par l’agence de notation Standard and Poor’s”, selon un communiqué du ministère.

Il fait valoir les “réformes d’envergure pour redresser l’économie du pays, ses finances publiques, et sa compétitivité” qui ont été mises en oeuvre au cours des derniers 18 mois par le gouvernement et ce, “dans un contexte conjoncturel aussi difficile”. M. Moscovici fait observer par ailleurs que la nouvelle notation “demeure parmi les plus élevées”, puisqu’elle est précisément la troisième meilleure possible dans la classification de S&P et qu’elle “témoigne des atouts reconnus de la France”.

Le ton est le même du côté du Premier ministre. “La France possède toujours une des meilleures notes du monde. Je regrette que l’agence ne prenne pas en compte tous les réformes, estime ainsi Jean-Marc Ayrault. Celle des retraites, par exemple. Tout le monde disait qu’elle seraitexplosive, elle ne l’a pas été. Ces réformes prennent du temps. La banque publique d’investissements commence juste à produire ses effets.”

Cela dit, le jugement de S&P reste mesuré. Elle assortit d’ailleurs la note de la France d’une perspective “stable”, ce qui implique que, pour l’agence, “les facteurs de risques pesant sur la qualité de crédit de la France s’équilibrent”. Et la note accordée à la dette court terme du pays reste fixée à “A-1+”, soit la meilleure possible.

En revanche, la possibilité d’un relèvement ou d’un abaissement de sa notation au cours des deux années à venir est donc “inférieure à une sur trois”, explique-t-elle.

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