Services financiers : incontournables mais pas toujours accessibles

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Alors qu’ils sont de plus en plus incontournables pour accomplir des actes essentiels de la vie quotidienne, un nombre grandissant de personnes rencontrent des difficultés pour accéder aux services financiers… ou les utiliser.

En Belgique, la financiarisation a augmenté en 2011. Il y a, en moyenne, de plus en plus de comptes à vue par personne (accroissement de 3 % par an de 2005 à 2009), de plus en plus de contrats de crédit à la consommation (accroissement de 3,59 % par an de 2004 à 2010), de plus en plus d’usagers de crédits (accroissement de 2,08 % par an de 2004 à 2010 du nombre d’emprunteurs en matière de crédit à la consommation), de plus en plus de comptes d’épargne (accroissement de 0,11 % par an de 2000 à 2009) et une explosion de personnes qui se sont dotées d’une assurance soins de santé fournie par un assureur privé (accroissement de 37,9% en 2001 à 49,7% en 2007).

Parallèlement, une poche d’exclusion financière se renforce en nombre mais aussi en intensité, souligne le Réseau Financement Alternatif, qui a publié jeudi le premier rapport sur l’inclusion financière en Belgique. Une exclusion d’autant plus stigmatisante que la financiarisation progresse.

Exclusion financière : le taux de non-souscription d’une assurance incendie est de 4 %

L'”exclusion financière” fait référence à un processus par lequel une personne rencontre des difficultés pour accéder à et/ou utiliser des services et produits financiers proposés par les prestataires “classiques”, adaptés à ses besoins et lui permettant de mener une vie sociale normale dans la société à laquelle elle appartient, précise RFA dans un communiqué : “De plus, il est généralement admis que l’exclusion financière ne constitue qu’une facette de l’exclusion sociale, phénomène plus large affectant certains groupes qui n’ont pas accès à des services de qualité essentiels comme l’emploi, le logement, l’éducation ou les soins de santé.”

On observe un accroissement du nombre de personnes en défaut de paiement, du nombre de crédits défaillants et du nombre de personnes en règlement collectif de dette. Parallèlement, il reste toujours en Belgique presque 95.000 personnes appartenant à un ménage dont aucun membre ne dispose d’un compte à vue.

Parmi les autres chiffres-clés cités par RFA :

– 356.611 personnes, soit 4,13 % de la population majeure en Belgique, avaient en 2009, au moins un crédit en défaut de paiement ;

– 17 % d’entre elles, soit 61.115 personnes, étaient en règlement collectif de dettes ;

– il y a eu un accroissement de 2,33 % par an de 2007 à 2010 du nombre de crédits défaillants ;

– un accroissement de 2,53 % 2007 à 2010 du nombre d’emprunteurs défaillants ;

– un accroissement de 10,74 % par an 2006 à 2010 du nombre de personnes en règlement collectif de dette avec au moins un contrat de crédit en cours ;

– le taux de non-couverture par l’assurance soins de santé obligatoire oscille entre 0,6 % et 0,8 % et des dettes de soins de santé sont présentes dans 56,4 % des dossiers des services de médiation de dettes wallons en 2009 pour un montant moyen de 550,04 euros ;

– le taux de non-souscription d’une assurance incendie est de 4 %.

“Les achats importants ne devraient être autorisés en grande surface que par des prêts à durée déterminée”

En matière de crédit à la consommation, “des mesures strictes et objectivables de pratiques jugées responsables ou non devraient être élaborées pour rendre le marché des ouvertures de crédit (OC) destinées aux ménages à revenus modestes plus sûr, notamment en vérifiant et en adaptant le montant de l’OC aux revenus mensuels des demandeurs, préconise RFA. D’autre part, les achats précis, importants, ne devraient être autorisés en grande surface que par des prêts à durée déterminée, sans reprise d’encours possible ni tirage multiple, et aux mensualités et à la durée clairement annoncées dans la phase précontractuelle.”

Vu l’accroissement du recours au crédit et des défaillances de remboursement, “il est probable que l’usage de l’épargne ne soit pas généralisé dans toutes les couches de la population mais aucune donnée ne permet à ce jour d’objectiver cette réalité. Le RFA propose de soutenir la mise en place de groupes de micro-épargne qui, en certains cas, permettent à leurs usagers de rentrer dans une culture de l’épargne et de les rendre moins vulnérables aux accidents de la vie.”

Enfin, concernant l’assurance soins de santé et hospitalisation, “des frais importants ne sont pas couverts par l’assurance obligatoire et entraînent la nécessité de contracter une assurance privée. Or, une moitié de la population est privée d’une telle assurance. Le coût sociétal d’un recul en ces matières devrait être étudié avec soin afin d’éviter que la quantité et la qualité des soins dont auraient besoin les citoyens ne se dégradent à l’avenir.”

Trends.be

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