Réforme de Wall Street bouclée : Obama peut aller en paix au G20

© Bloomberg

Au bout de 20 heures de discussion, les parlementaires américains ont trouvé un compromis limitant l’activité spéculative des banques et leur investissement dans les produits dérivés. Il était temps : le G20 s’ouvre demain samedi à Toronto, et la régulation financière promet d’en être l’un des grands dossiers.

Les élus du Congrès américain sont tombés d’accord, vendredi à l’aube, sur une version commune d’une réforme de Wall Street destinée à éviter une nouvelle crise financière mondiale. Après un marathon de 20 heures, des élus de la Chambre des représentants et du Sénat se sont ainsi accordés sur un texte qui pourrait être transmis au président Barack Obama dès la semaine prochaine.

Les parlementaires américains ont trouvé un compromis limitant l’activité spéculative des banques et leur investissement dans les produits dérivés.

Les parlementaires avaient commencé le 10 juin des négociations entre les deux chambres et avaient prévu de parvenir à un accord sur ce projet de loi avant le samedi 26 juin et l’ouverture du sommet du G20 à Toronto, dont l’un des grands dossiers devrait être la régulation financière.

Même si les deux chambres devront se prononcer mardi sur la version finale du texte avant de l’envoyer à la Maison-Blanche pour promulgation, Barack Obama peut s’envoler vers le G20 au Canada, où la réforme financière sera l’un des principaux sujets de discussion, avec la perspective d’une importante victoire législative.

Obama : la réforme adoptée par le Congrès “reprend 90 % de ce que j’ai proposé quand j’ai lancé cette bataille”

“Nous sommes sur le point d’adopter la réforme financière la plus forte depuis celles de la Grande Dépression, a affirmé Barack Obama à la Maison-Blanche vendredi. Tôt ce matin, la Chambre des représentants et le Sénat sont parvenus à un accord sur un ensemble de réformes de Wall Street qui reprennent 90 % de ce que j’ai proposé quand j’ai lancé cette bataille.”

Interrogé sur la question de savoir si le Congrès à majorité démocrate allait adopter le texte finalisé, le président US a répondu : “Et comment ! Nous avons vu ce qui se passe lorsque Wall Street est mal encadré et pas assez transparent. Les réformes en cours au Congrès rendront Wall Street plus responsable afin que nous puissions empêcher que se produise une nouvelle crise financière comparable à celle dont nous sommes encore en train de nous remettre.”

Obama au G20 : “Des garde-fous dans chacun de nos pays peuvent contribuer à les protéger tous”

Les pays du G20, qui se réunissent ce week-end au Canada, doivent agir pour poursuivre les réformes et faire repartir la croissance économique, a encore déclaré le président Obama, rappelant que le sommet de Toronto était le troisième des 20 principales économies développées et en développement depuis qu’il avait pris ses fonctions, et qu’il était précédé d’un sommet du G8. Il a souligné que les précédentes réunions de ces instances avaient permis d’éviter à l’économie mondiale de sombrer dans la catastrophe et de lutter pour une croissance équilibrée.

“Ce week-end à Toronto, j’espère que nous pourrons nous appuyer sur ces progrès en coordonnant nos efforts pour favoriser la croissance économique, continuer les réformes financières et renforcer l’économie mondiale, a conclu Barack Obama. Nous devons agir de concert pour une raison simple : cette crise a prouvé – et les éléments continuent de le démontrer – que nos économies nationales sont inextricablement liées. Et la tourmente économique peut facilement se propager. Des garde-fous dans chacun de nos pays peuvent contribuer à les protéger tous.”

Réforme financière : les banquiers américains “fortement opposés” au projet

L’association américaine des banques (ABA) s’est, elle, dite “fortement opposée” à ce projet de loi sur la réforme financière, dénonçant de “nouvelles restrictions” nuisibles à leur activité.

“Ce projet de loi en fin de compte ajoute plus d’un millier de pages de nouvelles régulations pour toutes les banques, jusqu’aux plus petites, a dénoncé Edward Yingling, CEO de l’American Bankers Association, cité dans un communiqué. En conséquence de ce volume et des nouvelles restrictions, de nombreuses petites banques nous disent qu’elle devront tout simplement se vendre à des institutions plus importantes ayant les équipes nécessaires pour faire face au volume massif de nouveaux rapports (à fournir) et règles.”

Edward Yingling a toutefois assuré que son organisation avait soutenu plusieurs points-clés de la réforme, parmi lesquelles “la création d’un conseil du risque systémique, la création d’un moyen robuste pour réagir à la faillite des grandes institutions, la fin du concept Too big to fail, la suppression de lacunes dans le contrôle des régulateurs, et une protection des consommateurs renforcée”.

Malgré cet avis globalement négatif, les valeurs financières étaient en nette hausse vendredi à la Bourse de New York, les analystes exprimant leur satisfaction que les incertitudes soient levées sur ce texte.

Trends.be, avec Belga

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content