Rassuré par les entreprises, Wall Street dépasse 22.000 points

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Le Dow Jones a franchi mercredi pour la première fois de son histoire la barre des 22.000 points, aiguillonné par des résultats d’entreprises de bon augure à défaut des grandes réformes promises par Donald Trump.

Le président américain s’est félicité du passage de ce seuil symbolique pour l’indice vedette de Wall Street. “Nous avons un taux de croissance, un PIB, bien plus élevé que ce que tout le monde anticipait”, a-t-il souligné. “Ça va continuer à grimper. On y travaille.”

Le Dow Jones était à 18.000 points le jour de son élection. Il s’est depuis envolé de 20%, clôturant mercredi à 22.016,24 points.

Avec l’arrivée au pouvoir de Donald Trump, les entreprises s’étaient gargarisées de l’impact positif qu’allaient avoir sur leurs comptes les baisses d’impôts et les grands projets d’infrastructures promis pendant sa campagne.

Ces promesses tardent pourtant à se concrétiser. “Il est désormais admis que toutes ces réformes, si elles se mettent en place, ne le seront qu’avec beaucoup de peine et plus tard que prévu”, remarque Gregori Volokhine de Meeschaert Financial Services.

L’administration Trump a bien “apporté de la confiance aux entreprises en cessant de publier de nouvelles réglementations 24 heures sur 24, comme sous Obama”, estime Maris Ogg de Tower Bridge Advisors.

Mais après les fortes dissensions apparues entre républicains au moment du débat sur la réforme, ratée, du système de santé, de nouvelles interrogations apparaissent sur la capacité du Congrès à simplement relever le plafond de la dette ou adopter un budget, voire réformer le code des impôts.

Pour les analystes et investisseurs interrogés par l’AFP, la progression insolente du Dow Jones est avant tout à mettre au crédit de la bonne santé des entreprises.

Pour doper leurs marges, les sociétés américaines ont ces dernières années multiplié les mesures de réduction de coûts. Allégées, elles bénéficient maintenant de la bonne tenue de l’économie observée ces derniers mois aussi bien aux Etats-Unis qu’en Europe, qui fait grimper leur chiffre d’affaires.

Coup de pouce du dollar

Et “au moment où la croissance mondiale et la demande prennent de l’élan, les entreprises américaines qui exportent profitent de la faiblesse du dollar”, remarque Quincy Krosby de Prudential Financial.

Le billet vert a perdu plus de 9% depuis le début de l’année face à un panier composé de six grandes devises, dopant la compétitivité des entreprises américaines à l’international et gonflant mécaniquement leurs profits réalisés à l’étranger quand ils sont convertis en dollars.

Selon S&P Capital IQ, les entreprises de l’indice élargi S&P 500 devraient enregistrer en moyenne au deuxième trimestre une croissance de leur bénéfice par action de 9,9%; le cabinet anticipait en début de saison une hausse de seulement 6,2%.

Il y a bien eu des résultats décevants, comme ceux d’Amazon. Mais les performances de quelques poids lourds du Dow Jones ont électrisé l’indice.

Apple, l’entreprise américaine à la plus forte capitalisation boursière, a ainsi grimpé mercredi de 4,73% après des résultats supérieurs aux attentes.

Le constructeur aéronautique Boeing s’est envolé de près de 13% depuis la diffusion de ses propres chiffres le 26 juillet et s’affiche en hausse de plus de 50% depuis le début de l’année.

L’élan du marché a aussi été entretenu selon Quincy Krosby par une “efficace rotation entre les secteurs”: quand les grandes valeurs du secteur technologique connaissent par exemple un coup de mou, les titres des banques ou de l’énergie prennent en général le relais.

La flambée du marché continue par ailleurs à être portée par les taux d’intérêt bas et la volonté affichée par la Réserve fédérale de conserver une approche “graduelle” dans le durcissement de sa politique monétaire.

La présidente de la banque centrale Janet Yellen, ayant reconnu en juillet que “les possibles changements” prévus par la politique économique de Donald Trump représentaient “une source d’incertitude”, devrait se montrer d’autant plus prudente dans les mois à venir.

Les grandes étapes du Dow Jones

– 26 mai 1896: naissance de l’indice Dow Jones des valeurs industrielles proprement dit, comprenant douze valeurs. Il emprunte son nom à Charles Dow et Edward Jones, fondateurs du groupe de presse Dow Jones. Une seule des 12 valeurs de départ en fait toujours partie: General Electric.

– 12 janvier 1906: l’indice franchit les 100 points.

– 1er octobre 1928: le nombre de valeurs est porté de 20 à 30, le nombre actuel.

– 3 septembre 1929: apogée des années 1920, le Dow Jones clôture à 381,17 points.

– 28 octobre 1929: Jeudi Noir, l’indice chute de 38,33 points (-13%) à 260,64 points. Il tombe jusqu’à 42,84 points en juin 1932.

– 12 mars 1956: il franchit les 500 points, l’après-guerre se révélant une nouvelle période faste.

– 14 novembre 1972: le Dow dépasse 1.000 points.

– 19 octobre 1987: Lundi Noir, l’indice perd 508 points (-22,6%) à 1.738,74 points.

– 24 janvier 1989: le Dow Jones retrouve son niveau précédant le Lundi noir.

– 21 novembre 1995: 5.000 points.

– 14 octobre 1996: 6.000 points. En décembre de la même année, M. Greenspan évoque “l’exubérance irrationnelle” des marchés, un terme qui marquera les esprits mais n’enrayera pas dans l’immédiat la hausse de la Bourse.

– 27 octobre 1997: le Dow Jones perd 554,26 points (-7,18%) avec la crise financière asiatique.

– 2 février 1998: l’indice repart à la hausse avec une progression de 201,28 points (+2,54%) et repasse la barre des 8.000 points.

– 29 mars 1999: 10.000 points

– 22 mars 2001: en plein éclatement de la bulle internet, le Dow Jones accompagne l’effondrement de l’indice technologique Nasdaq en baissant à 9.389,48 points.

– 17 septembre 2001: pour sa réouverture après les attentats du 11 septembre, il perd 7,13% à 8.920,70 points.

– 29 septembre 2008: subissant de plein fouet les conséquences de la crise des “subprimes” (prêts à haut risque), il chute de 6,98% à 10.965,45 points. Il achève l’année à moins de 9.000 points alors qu’il l’avait entamée à plus de 13.000.

– 9 mars 2009: plus bas de la crise financière à 6.547,05 points en clôture.

– 14 octobre 2009: le Dow Jones renoue avec les 10.000 points, portant son rebond à près de 55% depuis début mars.

– 3 octobre 2011: après avoir flirté avec les 13.000 points au printemps, il rechute à 10.655,30 points, marqué par les incertitudes politiques sur le plafond de la dette américaine.

– 7 mai 2013: reprenant sa hausse à partir de 2012, il passe les 15.000 points.

– 23 décembre 2014: 18.000 points à la faveur d’une décision jugée accommodante de la Fed.

– 25 août 2015: il rechute à 15.666,44 points sur fond d’inquiétudes sur la croissance en Chine, avant de reprendre sa hausse en fin d’année.

– 22 novembre 2016: 19.000 points deux semaines après l’élection de Donald Trump à la présidence.

– 25 janvier 2017: il passe les 20.000 points dès l’ouverture, quelques jours après l’investiture de Donald Trump.

– 2 août 2017: porté par de bons résultats d’entreprises, il franchit le cap des 22.000 points.

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