Quel budget prévoir pour une retraite confortable?

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Catherine et Tom ont aujourd’hui 40 ans et s’interrogent sur leur avenir financier. Comment préparer au mieux leur pension ? De quels revenus auront-ils besoin pour s’assurer une retraite confortable ? Petit tour d’horizon.

Catherine et Tom sont des gens prévoyants. Vous ne les verrez jamais partir en voyage sans une petite pharmacie adaptée au pays dans lequel ils se rendent. Ni le réserver sans souscrire une bonne assurance annulation. Cette prévoyance fait d’ailleurs partie de leur univers professionnel car tous deux travaillent dans la sécurité informatique.

“Quelque part, c’est un métier qui encourage la paranoïa : vous devez examiner en permanence le réseau dont vous êtes responsable pour vous assurer que sa sécurité ne comporte aucune faille”, explique Catherine.

Bien préparer la pension Passionnés par leur métier, Catherine et Tom s’imaginent mal arrêter un jour de travailler. Mais cela ne les empêche pas de se montrer prévoyants, comme à leur habitude.

“Nous savons que pour tirer pleinement parti des intérêts, il faut épargner sur une longue période. Et comme nous lisons régulièrement des magazines d’information financière, nous savons aussi qu’investir sur le long terme diminue les risques des placements, explique Tom. Comme nous avons tous les deux 40 ans cette année, cela signifie que 25 ans nous séparent encore de la pension : nous avons l’impression que c’est le bon moment pour commencer sérieusement à préparer notre retraite. Mais pour savoir combien nous devons épargner par mois et comment, il nous manque une information : quel capital épargner pour disposer d’un revenu suffisant après avoir pris notre retraite.” Pour répondre à cette question, notre couple doit d’abord estimer ce qui constituerait un revenu suffisant. Une tâche plus compliquée qu’il n’y paraît.

Penser à l’inflation “Pour répondre à cette question, la plupart des spécialistes vous diront qu’il ne faut pas se contenter de considérer qu’il faut conserver le même revenu net, explique Jos De Mulder, expert chez BFO. Pour commencer, ce n’est pas de votre revenu net qu’il faut tenir compte, mais de votre revenu disponible.”

Catherine et Tom épargnent en effet chaque année 10.000 euros sur les quelque 45.000 euros qu’ils gagnent. Leur revenu disponible, celui qu’ils utilisent pour assurer leur niveau de vie, est donc en réalité de 35.000 euros. “Mais sur une aussi longue période, il faut tenir compte de l’inflation : il ne suffira pas de disposer de 35.000 euros par an, mais de bien plus. En supposant un taux d’inflation moyen de 2,25 % par an d’ici leur pension, Catherine et Tom auront donc besoin de 61.045 euros. Et encore, cette somme ne leur permettra pas d’épargner. De plus, l’inflation ne s’arrête pas par magie le jour de la pension. Ainsi, à 75 ans, ils devront ainsi disposer de 76.000 euros pour conserver leur train de vie.”

Inflation personnelle ? “Mais en réalité, ils auront besoin de bien plus que cette somme pour conserver leur niveau de vie d’avant la pension, explique Jos De Mulder. En effet, il faut également tenir compte de ce que nous appelons l’inflation personnelle : les besoins évoluent tout au long de la vie. Par exemple, vous ne roulez pas aujourd’hui dans le même genre de véhicule que lorsque vous aviez 20 ans, vous allez probablement plus souvent au restaurant, et vous avez changé de goûts en matière de vacances.

Cette évolution va se poursuivre entre aujourd’hui et votre pension. On peut raisonnablement estimer que vous aurez besoin à la pension d’un budget supérieur de 10 % à ce qu’il est aujourd’hui. Mais ce n’est pas tout : vous bénéficiez aujourd’hui en tant qu’employés d’avantages extra-légaux : voiture de société, GSM, PC… Lorsque vous prendrez votre retraite, vous aurez toujours besoin de tout cela, mais vous devrez en assumer le coût. Pour des salariés, cela représente environ 10 % des dépenses annuelles. Les indépendants, eux, devront compter 20 % environ.”

Quel patrimoine constituer ? En rajoutant l’inflation personnelle, le revenu annuel de Catherine et Tom devrait donc être de 73.864 euros. “En principe, il faudrait retirer de ce montant la pension légale, poursuit Jos De Mulder. Mais il est difficile d’estimer comment évoluera notre système de pensions, d’autant que les projections sont plutôt pessimistes. A notre avis, le montant des pensions ne va probablement pas suivre l’inflation. Nous estimons donc plus prudent de ne compter sur aucune pension. Tout ce que vous recevrez au final vous servira à financer votre épargne ou à vous octroyer quelques petits plaisirs supplémentaires.”

Pour pouvoir bénéficier de cette somme chaque année, Tom et Catherine devront se constituer un patrimoine suffisant. A combien s’élève-t-il exactement ? Tout dépendra des choix effectués par le couple.

Différents patrimoines Catherine et Tom devront en effet décider quelle part de leur patrimoine consacrer au financement de leurs dépenses quotidiennes. Pour cela, ils devront tenir compte de la structuration de leur patrimoine. Ce dernier se répartit en effet entre quatre éléments :

Le patrimoine directement consommable : il contient tous les placements qui peuvent être rapidement convertis en espèces. Nous y retrouvons tous les placements classiques : les obligations, les actions, les fonds, les assurances de la branche 21 et de la branche 23.

Le patrimoine indirectement consommable : il contient tous les placements qui peuvent être convertis en espèces, mais moins facilement. Un exemple typique : les biens immobiliers d’investissement. Il est toujours possible de les vendre, mais cela prend un peu de temps. Le loyer, par contre, est directement consommable.

Le patrimoine temporairement indisponible : il s’agit du patrimoine que vous ne pouvez momentanément pas mettre en vente. C’est le cas de la société d’un entrepreneur, par exemple. Ou des placements bloqués pour une certaine période.

Le patrimoine non consommable : on y retrouve les éléments qui ne seront jamais vendus, par exemple l’habitation familiale, les bijoux de famille que vous voulez laisser à vos enfants, etc..

Tout consommer ? Tout préserver ? “Par ailleurs, même si une partie de leur patrimoine est directement ou indirectement consommable, Catherine et Tom devront s’interroger sur ce qu’ils comptent en faire”, explique l’expert de BFO. Quelle part de leur patrimoine veulent-ils garder intacte pour laisser à leurs enfants ? Tout ce qu’ils décideront de laisser à leurs enfants ne peut être utilisé pour maintenir leur niveau de vie. Ils ne pourront pas le vendre et devront se contenter des revenus qu’il rapporte. Dans ce cas, la part de patrimoine à constituer sera nettement plus importante. Prenons deux extrêmes : supposons qu’ils ne veulent rien laisser de particulier à leurs enfants à part la maison familiale. Dans ce cas, ils doivent simplement disposer à la pension d’un capital qu’ils placeront dans un produit de rente viagère. Il existe des produits dits réversibles, c’est-à-dire que lorsque le preneur et bénéficiaire décède, le conjoint survivant reçoit encore 75 % de la rente. Dans le cas de notre couple, la rente devra atteindre, selon nos calculs environ 6.155 euros par mois. Selon le produit choisi, ils devront investir environ 1.800.000 euros pour obtenir ce montant. Laisser une part aux enfants S’ils veulent laisser une part de leur capital à leurs enfants, Catherine et Tom devront disposer de plus d’argent. “Supposons qu’ils décident de garder intacte l’entièreté de leur patrimoine, poursuit Jos De Mulder. En considérant un rendement annuel de 4 %, il doit capitaliser 2 % par an pour neutraliser l’effet de l’inflation, et dispose donc de 2 % pour ses dépenses. Pour obtenir le montant à capitaliser, il suffit de suivre la formule suivante :

Capital = revenu souhaité / ((1+rendement)-(1+inflation))-1 Puisque le revenu souhaité est de 73.864 euros par an, notre couple devra disposer de 3.767.064 euros de capital au moment d’atteindre la pension.” Un objectif réalisable ? “Le montant à épargner peut paraître astronomique, mais ce n’est pas un objectif irréalisable, rassure Jos De Mulder. Actuellement, notre couple dispose d’une épargne d’environ 300.000 euros, d’un plan de pension avec une réserve de 20.000 euros, et ils savent que l’assurance-groupe de Tom paiera 150.000 euros de capital au moment où il atteindra 65 ans. Ce montant est encore variable, et évoluera avec son salaire, lui-même lié — au minimum — à l’index.”

D’après les estimations de Jos De Mulder, notre couple disposera à 65 ans de :
799.750 euros (leur épargne capitalisée à 4 %). 113.116 euros via leur épargne pension 261.621 euros d’assurance groupe, si on tient compte de l’inflation.

Autrement dit, sans effort d’épargne supplémentaire, ils disposeront déjà de 1.177.487 euros, soit un peu moins d’un tiers de la somme. S’ils continuent à épargner 10.000 euros par an comme aujourd’hui, cette épargne, capitalisée à 4 %, leur rapportera environ 433.000 euros à la pension. En tout, sans rien changer à leurs habitudes actuelles, ils arriveront donc à 1.610.000 euros, soit un petit peu moins que la somme dont ils ont besoin pour se constituer une rente viagère. “A partir de cette situation, tout effort d’épargne supplémentaire leur procurera donc un capital qu’ils pourront épargner et donner à leurs enfants, explique Jos De Mulder. Par exemple, s’ils font un effort supplémentaire d’épargne de 500 euros par mois, ils disposeront déjà de près de 260.000 euros supplémentaires. Par ailleurs, les estimations que nous avons construites sont relativement prudentes. Il suffit que le rendement de leurs placements passe de 4 à 5 % pour voir un changement substantiel dans les sommes en jeu : baisse du capital nécessaire de 3.767.064 euros à 2.511.376 euros, et augmentation du capital fourni par leur épargne actuelle à 501.134 euros. Tout reste donc possible. Le mieux est de consulter un spécialiste en planification pour mettre au point les détails et disposer d’estimations plus précises.” Une démarche que notre couple entamera certainement dans les semaines à venir. “On n’est jamais trop prudent”, confirment-ils avec un sourire.

FRÉDÉRIC WAUTERS

Ce qu’il faut en retenir Commencer aussi vite que possible à épargner pour votre pension. Déterminez la somme dont vous aurez besoin pour vivre confortablement après votre départ à la retraite. Pour effectuer le calcul, partez de votre revenu disponible, c’est-à-dire la somme nette dont vous avez actuellement besoin pour assurer votre train de vie, hors épargne.

Tenez compte de l’inflation, tant financière que personnelle. Car vos besoins vont évoluer avec le temps. Déterminez la part de vos biens que vous comptez laisser à vos enfants.

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